Baiser forcé à une joueuse espagnole : « un geste inacceptable » et « des excuses insuffisantes »
MADRID – Le premier ministre espagnol en exercice, Pedro Sánchez, a accru la pression mardi sur le président de la Fédération espagnole de soccer, dont plusieurs ministres demandent la démission pour avoir embrassé de force sur la bouche, dimanche, une joueuse de l'équipe d'Espagne victorieuse de la Coupe du monde féminine de soccer.
Tout en se gardant d'appeler à la démission de Luis Rubiales, M. Sánchez est allé très loin dans ses critiques, en qualifiant le geste du président de la Fédération royale espagnole de soccer (RFEF) d'« inacceptable » et ses excuses d'« insuffisantes » et « inappropriées ».
Le chef du gouvernement en exercice, qui s'exprimait pour la première fois sur ce sujet lors d'une conférence de presse après avoir été reçu par le roi Felipe VI pour évoquer l'investiture du prochain premier ministre, a également appelé M. Rubiales à « aller plus loin » que ses excuses.
Jusqu'où? À un journaliste qui lui demandait s'il souhaitait la démission de M. Rubiales, M. Sánchez s'est contenté de rappeler que la Fédération n'était pas un organisme relevant du gouvernement espagnol, autrement dit qu'il ne pouvait pas s'ingérer dans ses affaires.
Quelques heures auparavant, M. Sánchez avait reçu les joueuses de la « Roja » (surnom des équipes nationales espagnoles) au palais de La Moncloa pour célébrer leur triomphe lors du Mondial, échangeant à cette occasion une très brève poignée de main avec Luis Rubiales.
« Le siècle des femmes »
Il avait aussi déclaré que « ce 21ème siècle doit être – il va l'être, j'en suis convaincu – le siècle des femmes dans tous les domaines ».
Le geste de M. Rubiales a d'autant plus choqué en Espagne que le pays fait depuis de nombreuses années figure de pionnier dans la lutte contre le sexisme et les violences sexuelles.
De plus, le gouvernement de gauche sortant de M. Sánchez se veut en pointe dans ce secteur.
Sur les images tournées sur le podium du stade de Sydney dimanche soir, juste après le sacre de l'équipe d'Espagne, on voit M. Rubiales prendre la tête de l'attaquante Jennifer Hermoso entre ses deux mains, avant de l'embrasser par surprise sur la bouche.
« Ça ne m'a pas plu, hein! », avait réagi la no 10 espagnole dans le vestiaire lors d'un direct diffusé sur Instagram, avant de sourire à l'objectif.
Elle avait plus tard expliqué, dans des déclarations transmises à la presse par la RFEF, qu'il s'agissait d'« un geste mutuel totalement spontané en raison de l'immense joie que procure la victoire d'une Coupe du monde ».
« Le président et moi, nous avons une excellente relation, son comportement avec nous toutes a été parfait et c'était un geste naturel d'affection et de gratitude », avait-elle ajouté.
« Rien d'autre à faire »
Devant l'ampleur prise par la polémique sur les réseaux sociaux et à l'étranger, M. Rubiales a présenté ses excuses dans une vidéo, invoquant un geste « naturel, normal ».
« Dans un moment de plus en plus fusionnel, sans aucune mauvaise intention, sans aucune mauvaise foi, eh bien, il s'est passé ce qui s'est passé », avait-il déclaré. Et d'ajouter que « s'il y a des gens qui ont été blessés par cela, je dois m'excuser, il n'y a rien d'autre à faire ».
Mais ces excuses n'ont pas suffi à éteindre le scandale. Plusieurs ministres espagnols, dont la numéro trois du gouvernement, la communiste Yolanda Diaz, ont ainsi dénoncé son comportement et réclamé sa démission.
« Ce qu'a fait Rubiales est un exemple intolérable du machisme que nous continuons à endurer, nous les femmes », a-t-elle écrit sur X, anciennement Twitter. Ses excuses, ajoutait-elle, « ne servent à rien ».
Pour sa part, le ministre des Sports, Miquel Iceta, avait réclamé des excuses au président de la fédération, qualifiant lui aussi son geste d'« inacceptable ».
Mais la plus véhémente a été la ministre de l'Égalité, Irene Montero, qui a écrit un long message sur X. « C'est très simple. Deux personnes s'embrassent si elles le veulent toutes les deux, s'il y a consentement. Seul un oui est un oui », a-t-elle dit, dans une référence à une loi sur le consentement sexuel explicite.
Trouble-fête
Dans un communiqué diffusé mardi, l'Association des Footballeurs espagnols (AFE), qui regroupe les joueurs et les joueuses, a « exigé que les autorités compétentes adoptent les mesures nécessaires" face à "la gravité » de l'incident.
« En vertu du protocole d'action face à la violence sexuelle établi par le Conseil Supérieur des Sports, embrasser de force est qualifié de conduite inacceptable entraînant des conséquences immédiates », souligne l'AFE, exigeant « que s'applique la loi dans le cas de Rubiales ».
« Un moment de joie unique et spécial pour les footballeurs espagnols a été éclipsé par le comportement inapproprié du président de la RFEF, qui a réduit la visibilité de l'énorme exploit sportif réalisé par l'équipe nationale espagnole », ajoute encore l'AFE.
L'AFE retourne ainsi l'argument brandi auparavant par M. Rubiales, qui avait évoqué une victoire « gâchée » par la polémique.
Les excuses de M. Rubiales n'ont pas suffi à éteindre le scandale. Plusieurs ministres espagnols, dont la numéro trois du gouvernement, la communiste Yolanda Diaz, ont dénoncé son comportement et réclamé sa démission.
« Ce qu'a fait Rubiales est un exemple intolérable du machisme que nous continuons à endurer, nous les femmes », a-t-elle écrit sur X, anciennement Twitter. Ses excuses, ajoutait-elle, « ne servent à rien ».
Mais la plus véhémente a été la ministre de l'Egalité, Irene Montero, sur X: « C'est très simple. Deux personnes s'embrassent si elles le veulent toutes les deux, s'il y a consentement ».
Sollicitée par l'AFP, la FIFA n'avait pas encore réagi mardi.