L'Espagne congédie son sélectionneur Luis Enrique
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DOHA, Qatar - « Adios » Luis Enrique, « hola » Luis de la Fuente ! Avec son changement de sélectionneur deux jours après la déception à la Coupe du monde de la FIFA 2022™, l'Espagne, critiquée pour la stérilité de son jeu, entame une « nouvelle étape » avec un technicien méconnu... mais qui suit les mêmes préceptes que son prédécesseur.
Est-ce la fin du « tiki-taka », ce jeu de possession et de passes courtes, agréable à regarder mais stérile quand les buteurs ne sont pas au rendez-vous? Pas si sûr.
Luis De La Fuente, jusqu'ici entraîneur de la sélection espagnole des moins de 21 ans, a été choisi jeudi par la fédération espagnole (RFEF) pour prendre la relève de Luis Enrique, limogé deux jours après l'élimination en huitièmes de finale du Mondial 2022 face au Maroc (0-0 a.p., 3-0 t.a.b.).
Ancien joueur professionnel dans les années 1980-1990, De La Fuente (61 ans) a damé le pion à Marcelino, l'ancien entraîneur de Valence, Séville et de l'Athletic Bilbao, jusque-là sans job, qui attendait sagement son tour.
De La Fuente offre pourtant a priori moins de garanties, sans aucun grand club à son CV. Seuls quelques bancs espagnols de divisions inférieures (Portugalete, Aurrera Vitoria, Athletic Bilbao B et Alavés).
Aventure olympique
Mais le technicien à la barbe blanche et aux petites lunettes rondes a pour lui sa bonne entente avec le président de la fédération espagnole Luis Rubiales, nouée au fil des neuf ans passés au siège du foot espagnol, à Las Rozas de Madrid.
En 2013, plusieurs mois après son limogeage express d'Alavés, De La Fuente accepte de prendre en charge la sélection espagnole des moins de 19 ans. Il y restera cinq ans, jusqu'en 2018, avant sa promotion sur le banc des espoirs et de la sélection olympique.
Aux JO de Tokyo, à l'été 2021, le technicien mène la jeune équipe d'Espagne jusqu'en finale du tournoi, perdue face au Brésil (2-1 a.p.). Mais l'avantage, c'est qu'il a eu sous sa coupe de nombreux joueurs qui se sont installés comme des cadres de l'équipe d'Espagne A.
Unai Simon, Eric Garcia, Pau Torres, Pedri, Dani Olmo ou Marco Asensio ont par exemple participé à l'aventure olympique avec lui avant de chuter en huitièmes lors du Mondial au Qatar.
Selon les observateurs, son style de jeu est assez similaire à celui de Luis Enrique dans la relance, mais De La Fuente est toutefois moins radical et cherche davantage de verticalité sur les ailes.
Luis Enrique, aveu d'échec
Pour le « Lucho » Enrique, ce limogeage est un aveu d'échec. « S'il y a un responsable, c'est moi », a assumé l'ancien sélectionneur mardi soir après l'élimination, fier, quand même, car ses « joueurs ont parfaitement représenté [s]on idée de football ».
« Je suis désolé de ne pas avoir pu vous aider davantage », a écrit Luis Enrique à ses joueurs, dans une lettre d'adieux publiée sur les réseaux sociaux et demandant aux supporters du « soutien », en majuscule dans le texte, afin que « Luis de la Fuente réussisse tout ce qui se présente à lui ».
Figure de proue du style de jeu espagnol parfois ennuyant et hué mardi par le public marocain, Luis Enrique a poussé le tiki-taka à son paroxysme... jusqu'à causer sa propre chute.
Au Mondial, l'Espagne a totalisé 955 passes par match en moyenne. Contre le Maroc, elle a cumulé 967 passes réussies et un seul tir cadré en cent-vingt minutes, pour zéro but (malgré trois tirs au but).
Nommé en juillet 2018, le sélectionneur s'était momentanément éloigné de la sélection entre mars et novembre 2019 pour faire le deuil de sa fille Xana, décédée à neuf ans d'un cancer des os, puis était revenu pour hisser l'Espagne en demi-finale de l'Euro en 2021 et en finale de la Ligue des Nations perdue (2-1) contre la France, quelques mois plus tard.
Au total, en près de quatre ans à la tête de la Roja, Luis Enrique a totalisé 26 succès, 14 nuls et sept défaites en 47 matches.
Acerbe avec les journalistes mais ouvert sur ses lives Twitch, Luis « Padrique », comme l'ont surnommé les internautes, ne devrait pas avoir de mal à retrouver un poste: selon la presse espagnole, des rapprochements ont déjà eu lieu entre l'Asturien et l'Atlético Madrid, qui prépare le terrain pour le successeur de son totem Diego Simeone.