Dans le calepin : Canada-Maroc
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DOHA, Qatar – Quelques notes et retailles d'entrevues restées inutilisées après la défaite du Canada aux mains du Maroc.
Le silence de Piette
Le match était terminé depuis plus d'une heure et demie quand les joueurs canadiens ont commencé à défiler dans le corridor menant vers la sortie du stade Al Thumama. La plupart se sont arrêtés pour une dernière entrevue ou une conversation à bâtons rompus. Quand la foule s'est dissipée et qu'on s'est finalement retrouvé dans une salle vide, celui pour qui on avait patienté tout ce temps ne s'était toujours pas pointé. Il n'allait jamais le faire.
Samuel Piette n'avait pu retenir ses larmes après la qualification du Canada pour cette Coupe du monde au mois de mars. « C'est beaucoup d'émotions, avait-il dit au collègue Antonin Besner. Un honneur, une fierté. Ça fait dix ans que je fais partie de cette équipe-là, j'ai passé par des moments un peu plus difficiles qu'aujourd'hui. On va savourer ça, c'est sûr. »
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On peut seulement essayer d'imaginer les sentiments qui l'habitaient jeudi soir. Pour un troisième match de suite, l'entraîneur John Herdman ne l'a ni désigné parmi ses onze titulaires, ni inclus dans ses substitutions. La volonté de fraîcheur du tacticien s'est plutôt exprimée par la présence de Mark-Anthony Kaye et Jonathan Osorio dans les partants. À la 60e minute, avec les Canadiens en retard par un but, Atiba Hutchinson et Ismaël Koné ont intégré le plan de match. Quinze minutes plus tard, Herdman a utilisé son dernier changement pour faire entrer David Wotherspoon, un milieu offensif.
La récente émergence de Koné et au préalable de Stephen Eustaquio a ajouté des options intéressantes à la disposition de Herdman et du même coup affecté le rôle de Piette. Le troisième joueur actif comptant le plus d'ancienneté en équipe nationale ne s'en est jamais plaint, du moins publiquement. Mais il est difficile de croire qu'il ait encaissé cette triple exclusion, dans un milieu de terrain qui s'est fait manger tout rond de surcroît, autrement que comme une violente gifle au visage.
Samuel Piette a été un ambassadeur d'une disponibilité et d'une générosité exemplaires, pour ses équipes et pour son sport, depuis qu'il est revenu d'Europe pour faire carrière au Québec. Le fait qu'il ait décidé de garder le silence jeudi soir en dit plus long que n'importe quelle phrase qu'il aurait pu trouver la force de balbutier.
Précision décroissante
Pour tout le tapage qu'on peut bien vouloir faire à propos de la façon dont le Canada a terminé contre le Maroc, un chiffre retient surtout notre attention : zéro. C'est le nombre de tir que l'équipe a cadré malgré tous ses efforts pour revenir au pointage et décrocher son premier point du tournoi.
Après la performance encourageante contre la Belgique, Herdman avait exprimé le souhait de voir ses hommes être plus décisifs autour du filet adverse. Son équipe venait d'être blanchie même si elle avait tiré 21 fois (!) vers le gardien Thibaut Courtois. Dans leurs deux matchs suivants, les Rouges ont été limités à 14 tirs et n'en ont cadré que deux.
« Je pense que c'est une expérience pour apprendre et grandir, a dit l'attaquant Jonathan David, craint en Ligue 1 mais tenu en échec au Qatar. Parce qu'à certains moments on joue très bien, on se crée beaucoup d'opportunités. Mais après on n'arrive pas à marquer aux moments clés. »
David a peiné à se créer de l'espace et à laisser partir ses frappes avec la rapidité nécessaire à cette Coupe du monde. Une opposition trop relevée? Un peu de nervosité? Ou simplement une mauvaise séquence au mauvais moment?
« Je ne suis pas sûr. On a des joueurs qui marquent dans leur club à chaque week-end. Après c'est comme ça, il n'y a pas vraiment d'explication. On peut juste essayer de travailler sur ça et à un certain moment ça va fonctionner. »
David sur le banc
David est l'un des rares membres de la sélection canadienne qui évoluent dans un championnat que Herdman se plaît à qualifier de « premier tiers ». Il a pourtant commencé le match contre le Maroc sur le banc. Il est entré à l'heure de jeu pour prendre la place de Cyle Larin.
« Avec Johnny, c'était une question de fraîcheur, a justifié le sélectionneur. Mentalement, émotionnellement, physiquement. Il y avait beaucoup de pression sur lui au début de ce tournoi. Dans nos deux premiers matchs, il a tout donné. Les données que nous avons compilées sur ses performances étaient hallucinantes. On avait discuté avant le match et je lui ai parlé de mon désir de terminer cette rencontre en force et de tenter de le placer dans des conditions pour aller chercher ce but qu'il convoitait. Je crois qu'on l'a bien déployé ce soir. »
Une nouvelle étape pour Johnston
La première division écossaise n'est peut-être pas le championnat le plus relevé, mais le Celtic Glasgow est un participant régulier à la Ligue Europa et s'est qualifié cinq fois pour la phase de groupes de la Ligue des champions dans les dix dernières années.
Herdman aime ce qui se dessine pour Alistair Johnston.
« On sait que la carrière d'Alistair s'en va sur une trajectoire vraiment positive. Je me répète, mais il est l'un de nos joueurs les plus malins et flexibles tactiquement. Notre système offensif en entier a été construit autour de sa polyvalence, qui nous permet de passer d'une ligne arrière à trois ou à quatre autant à l'attaque qu'en défense. La qualité de ses centres nous a aussi incités à le faire jouer un peu plus devant par moments. Je crois qu'il sera l'un de nos nombreux joueurs qui bénéficieront de leur présence à cette Coupe du monde. Il peut être fier de ce qu'il a accompli. »
Marrakech, Qatar
Les Canadiens présents au Qatar avaient pris possession du stade Ahmad bin Ali comme s'il s'agissait d'un territoire à défendre contre la Belgique. Ils avaient été beaucoup plus timides au stade international Khalifa contre la Croatie. Au stade Al Thumama, ils ont été complètement enterrés par les Marocains.
On croyait que les Argentins avaient mis la barre haute la veille contre la Pologne. Les supporters des Lions de l'Atlas nous ont forcé à revoir notre position. Un joueur canadien aurait affirmé que l'atmosphère créée par les Marocains se comparait avantageusement à ce qu'il est possible d'expérimenter à l'Estadio Azteca de Mexico.
« C'était comparable, nous a dit Kamal Miller. On ne s'entendait pas parler sur le terrain. Je devais m'époumoner pour me faire comprendre par un gars qui était à dix mètres de moi. C'était fou comme expérience. Il faut vraiment être une équipe bien rodée et organisée pour bien défendre dans ces conditions. »