Kamal Miller : expérience en banque, valeur en hausse
DOHA, Qatar – C'est maintenant un secret de polichinelle qu'Alistair Johnston ne poursuivra pas sa carrière à Montréal. Ses performances durant la dernière saison en MLS et son rendement en équipe nationale ont attiré l'œil du Celtic FC, un club emblématique d'Écosse. Il deviendra le 16e joueur, parmi les 26 qui viennent de représenter le Canada à la Coupe du monde, sous contrat avec un club européen.
C'est d'abord de ça que Kamal Miller voulait parler.
« Je suis tellement fier d'Alistair, rayonnait le défenseur du CF Montréal après la défaite du Canada contre le Maroc jeudi soir. C'est presque dommage que je devais jouer avec lui. J'aurais aimé pouvoir m'asseoir dans les gradins et voir ce que le reste de la planète voyait. »
« Sur le terrain, il est le guerrier par excellence et il mérite tout ce qui lui arrive présentement. En fait, je pense que tout le monde arrive un peu en retard. Ça fait longtemps qu'il est prêt pour ce moment. Mais pour lui comme pour un gars comme [Ismaël] Koné, le timing était parfait. Ils ont pu faire monter leur valeur grâce à ce tournoi. »
Ce qui nous ramène à la question originale. Parce qu'on savait déjà pour Johnston et Koné. Ce qui nous intriguait, c'était de savoir si lui, Kamal Miller, avait eu l'impression de faire briller son nom et d'ouvrir les yeux des bonnes personnes.
« Oui, je crois avoir fait augmenter ma valeur un peu, finit-il par répondre. Juste en étant un défenseur central de la MLS, j'avais probablement une cible dans le dos dans le plan de match de tous nos adversaires. Je me suis rendu compte que le Maroc tentait de m'isoler avec le ballon et de provoquer des erreurs. Mais j'ai l'impression d'avoir tenu mon bout et d'avoir montré qu'avec un peu plus d'expérience à ce niveau, je pourrais rapidement progresser. »
« Je crois donc que je profiterai éventuellement de la visibilité que j'ai eue ici. Quand? Je ne sais pas, mais je trouve que j'ai fait du bon boulot. »
Sans surprise, Miller a été un partant pour les trois matchs du Canada. Il a été impeccable, ou presque, dans le premier contre la Belgique. Mais à l'image de son équipe, ses performances ont perdu en constance par la suite.
Il a été lent à réagir devant Andrej Kramaric sur le troisième but de le Croatie et a complètement raté un contrôle de balle qui a mené au quatrième. Il s'est aussi fait prendre de vitesse par l'attaquant Youssef En-Nesyri sur le deuxième but du Maroc. Il a parfois eu de la difficulté à contrôler son tempérament explosif, dissimulant particulièrement mal son énervement pendant le 1-4 infligé par les Croates. Mais il a aussi su faire preuve de sang-froid dans plusieurs situations sous haute tension, parvenant à éteindre habilement des feux grâce à la vitesse de ses pieds et son affection pour le jeu physique.
Balle au pied, la firme de statistiques avancées PFF calcule qu'il a été l'un des passeurs les plus efficaces de la phase de groupes.
Grand perfectionniste, Miller livre un bulletin honnête de ses propres performances.
« Il faudra que je regarde les matchs de nouveau, mais je crois avoir connu des moments forts dans chacun d'eux. J'ai montré que je suis capable de jouer contre les meilleurs. Mais autant je peux voir le positif, autant je suis capable de reconnaître que j'ai parfois été chancelant et que mon inexpérience m'a trahi. Je me suis laissé surprendre par des mouvements et des contre-mouvements que je n'avais jamais vus. J'ai aussi appris à quel point il fallait surveiller ces attaquants-là de près. Tu leur donnes un pouce, ils prennent un mile. C'est pour ça qu'ils sont payés des millions de dollars. »
« Alors dans l'ensemble, je suis fier de moi. Mais j'ai des attentes élevées envers moi-même et je suis frustré qu'on parte d'ici sans blanchissage et sans même un point. En tant que membre de la ligne arrière, j'en prends la responsabilité en grande partie. »
Miller entamera en 2023 sa dernière année de contrat avec le CF Montréal. Le club détient également une option sur ses droits pour la saison 2024. À moins qu'un nouvel entraîneur arrive avec un schéma tactique différent, la ligne défensive qu'il forme avec Rudy Camacho et Joel Waterman devrait revenir intacte.
À sa droite, un vieux copain ne sera plus dans son champ de vision. Il aspire à suivre ses traces plus tôt que tard.