Le Canada peut garder la tête haute
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La sélection canadienne est éliminée. Aura-t-elle créé la surprise? Si on s'attarde seulement au fait qu'elle n'a pas accédé à la ronde éliminatoire, non. Mais elle a tout de même été une surprise dans le tournoi.
On aura remarqué l'audace canadienne et appris à connaitre d'autres joueurs qu'Alphonso Davies et Jonathan David. Tajon Buchanan, Alistair Johnston et Richie Laryea ont notamment pris de la valeur.
La performance contre la Belgique nous aura tous mis sur un nuage. Ce fut une défaite à saveur de victoire morale. La planète entière et même l'adversaire reconnaissaient notre soccer, nos forces et notre prestation. Des images en coulisses ont monté Thierry Henry donner une accolade de respect aux joueurs canadiens dans le tunnel. La qualification, on y croyait. Du moins, l'espoir d'accrocher ce groupe était un peu plus réel.
La réalité nous a frappés au deuxième rendez-vous. La Croatie, finaliste en 2018, nous a remis sur terre. Après un but record de Davies à la 2e minute, le premier du Canada dans une Coupe du monde et le plus rapide du tournoi en l'occurrence, l'expérience et les qualités techniques des Croates auront fait la différence. Tel un bon vin qui prend de l'âge et du goût, les Modric et cie ont démontré équilibre et persistance tout au long de la rencontre. Le Canada a bousculé l'adversaire pendant 15 à 20 minutes, mais un bon vin peut prendre du temps pour manifester sa palette dégustatrice. La réalité du très haut niveau est apparue.
Apprentissage au rendez-vous.
L'entraîneur-chef canadien aura appris lui aussi à ne pas attiser l'adversaire et à contrôler ses émotions d'après-match. Ce groupe aura tiré des leçons à emporter vers le prochain Mondial.
Où peut-on remarquer cette différence? John Herdman y fait référence : « Je pense qu'il y a de petites marges », a déclaré le sélectionneur canadien.
Le milieu étant probablement l'évidence visuelle dans la rencontre contre la Croatie. Il y avait une supériorité numérique : Luka Modric, Mateo Kovacic et Marcelo Brozovic contre Stephen Eustaquio et Atiba Hutchinson. L'ajustement a tardé. Ismaël Koné a été envoyé sur le terrain pour remplacer Eustaquio, blessé, et Jonathan Osorio s'est amené pour combler le déficit dans l'axe du jeu à la mi-temps. Ces marges, elles se manifestent ailleurs : dans la surface, dans les derniers tiers offensif et défensif, dans les chances créées et dans l'inconstance dans ces départements.
Le Canada a réussi un tir à l'intérieur de la surface, contrairement à la performance contre la Belgique, où il a intégré la surface à 18 reprises sans marquer. Le Canada a donc eu peu de tentatives de franchir la défense croate. Les hommes de l'entraîneur Zlatko Dalic ont quant à eux intégré la surface canadienne au point d'effectuer 10 tirs et de marquer 4 buts. C'est dans ces petites marges, dans ces prises de décisions et dans l'exécution de celles-ci à ce niveau de compétition que le Canada pourra tirer des leçons.
Comment être impitoyable dans l'art de marquer? Le Canada peut prendre en exemple la défaite contre la Belgique, alors que Michy Batshuayi a marqué malgré les rates occasions créées. En défense, la sélection canadienne peut s'inspirer de la « Grinta » et de la solidarité défensive du Brésil qui, rigoureuse, n'a alloué aucun tir cadré et bloqué plusieurs tirs depuis le début de la compétition. Alisson, le gardien du Brésil, n'a pas encore eu à faire un arrêt dans le tournoi.
Le Canada peut garder la tête haute, puisque ses premiers adversaires du Groupe F avaient cette expérience et cette lucidité dans le dernier tiers, puisqu'ils sont habitués aux matchs de haut niveau et qu'ils participent régulièrement aux grands rendez-vous de la FIFA.
Laisser sa marque
Le Canada aura la chance de démontrer sa capacité à s'ajuster avant le prochain Mondial dès jeudi, à l'occasion de son troisième et dernier match du tournoi, contre le Maroc.
« Je suis fier de ce qu'ils ont accompli. Nous sommes venus ici pour écrire l'histoire », a commenté Herdman.
Ce groupe doit maintenant continuer à repousser les standards et les limites afin d'écrire plusieurs autres pages de l'histoire du soccer canadien. Les Canadiens ont terminé au premier rang de la zone CONCACAF, ont inscrit le plus de buts (53) par un pays dans une même année civile, et ont marqué le premier but de l'histoire du pays à la Coupe du monde. Un autre record est à sa portée et peut servir de motivation : malgré son élimination, le Canada peut récolter un premier point dans cette compétition. La tâche ne sera pas facile contre le Maroc, qui cherche à se qualifier pour les huitièmes de finale et qui est confiant après sa victoire contre la Belgique.