Les Français prennent le Maroc au sérieux
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AL RAYYAN, Qatar – L'Espagne ou le Portugal. Si tourner sa langue de bois sept fois permettait de s'en débarrasser, les joueurs de l'équipe de France avoueraient sans doute que c'est l'un des deux adversaires qu'ils se seraient attendu à retrouver pour fermer leur portion du tableau à Doha.
Le Maroc? Une belle histoire qui devrait déjà avoir connu sa conclusion. Mais non! Tombeurs de trois équipes du top-10 mondial, les Lions de l'Atlas s'attaqueront à un autre favori mercredi en demi-finale de la Coupe du monde. Ils ont réussi l'exploit de qualifier une première équipe africaine dans le carré d'as de la Coupe du monde et jouent pour un sélectionneur affamé qui ne laissera pas ses joueurs s'en contenter.
Il ne serait pas digne des champions en titre de les prendre à la légère.
« Je pense qu'on a assez d'expérience dans l'équipe pour ne pas tomber dans ce piège, assurait justement lundi le défenseur Raphaël Varane, un vétéran de 91 sélections avec les Bleus. On sait que si le Maroc est à ce stade de la compétition, ce n'est pas un hasard. C'est une équipe qui défend très, très bien et ça sera un match extrêmement difficile. Ça sera à nous, les joueurs d'expérience, de préparer tout le monde pour une grosse bataille parce que si on ne l'est pas, ça sera très compliqué. Faut surtout pas tomber dans la facilité. »
Les Français ont marqué onze buts depuis le début du tournoi, le plus haut total parmi les quatre équipes toujours en vie. Depuis le début des matchs à élimination directe, ils ont cadré la moitié des 25 tirs qu'ils ont décochés vers les filets adverses. Ils forment une machine bien huilée qui a toutes les armes pour faire trembler n'importe quelle défensive.
Le duel promet d'être enlevant contre le Maroc, qui a quant à lui écrit son histoire derrière une muraille impénétrable. En cinq matchs, il n'a encaissé qu'une fois, un but contre son camp dans sa victoire contre le Canada.
Contre leurs deux plus récents adversaires, le modus operandi des Maghrébins a été le même. L'Espagne et le Portugal ont chacun maintenu la possession du ballon pendant près de 70% du match et ont, à eux deux, centré un total de 60 ballons dans la surface de réparation. Seulement 11 de ces relais ont toutefois trouvé une cible alliée. Malgré tout le temps qu'ils ont passé en attaque, les deux géants européens n'ont cadré que quatre tirs.
« Je trouve que c'est une équipe très solide, difficile à bouger, interprète Varane. Défensivement on voit une grosse solidarité. Ils écrivent l'histoire du football marocain et c'est une force collective qui s'en dégage. Il y a des performances qui leur donne beaucoup de confiance. C'est une équipe soudée et je pense qu'ils ont aussi des armes offensivement, que ça soit sur des contre-attaques, des coups de pieds arrêtés ou des actions individuelles. Il y a des joueurs de qualité et comme je le dis, on s'attend à un match très difficile. »
« D'un point de vue défensif, je pense que ça relève beaucoup de la communication, estime le latéral Jules Koundé. Défendre, c'est aussi savoir communiquer avec ses partenaires pour donner un maximum d'information et être le plus resserré possible. Des fois, c'est un art qu'on a tendance à mésestimer. C'est assez impressionnant de voir qu'ils n'ont pris qu'un but et que c'est un contre leur camp. »
Heureux pour Bounou
Les succès marocains sont aussi en grande partie dus au brio du gardien Yassine Bounou. Le géant de 1,95 mètres, dont on a beaucoup parlé au Québec en raison de ses racines montréalaises, est une présence réconfortante ou intimidante devant le but de son équipe, selon qu'on lui fait face ou qu'on lui tourne le dos.
Koundé connaît bien Bounou. Les deux ont été coéquipiers à Séville, en Liga, avant que le jeune défenseur ne soit transféré au FC Barcelone.
« Pas du tout surpris puisque j'ai évolué avec lui, j'ai déjà pu avoir l'occasion de le voir évoluer à un très haut niveau, a-t-il commenté élogieusement. C'est un gardien complet qui est très fort sur sa ligne, qui a un bon jeu au pied et qui mentalement est très fort, très fort sur penalty. Je suis content pour lui parce que c'est quelqu'un avec qui je m'entends très bien. »
Des fleurs pour Griezmann
On attendait Kylian Mbappé, c'est finalement Antoine Griezmann qui aura fait la différence offensivement dans la dernière victoire des Bleus contre l'Angleterre. Le joueur de l'Atlético Madrid a servi des passes décisives sur les deux buts des siens, passant ainsi Zinédine Zidane et Thierry Henry – juste ça! – pour devenir le plus prolifique passeur de l'histoire de la sélection.
Le milieu de terrain à la chevelure platine a été encensé par ses coéquipiers lundi.
« C'est un joueur qui se bat énormément pour le collectif, peu importe la position où il joue, a fait remarquer Koundé. On le voit dans un poste auquel il est moins habitué, mais il se donne énormément pour l'équipe, notamment quand on n'a pas le ballon. Il court, il presse sans relâche de la première à la dernière minute. Et quand on a le ballon, il mène le jeu, il est capable d'orienter le jeu. C'est un joueur très important qui se dévoue complètement à l'équipe. »
« Son rôle a un peu changé dans l'équipe, mais il a les mêmes qualités, a approuvé Varane. Il est capable de couvrir énormément de terrain, il joue avec beaucoup de cœur et il a toujours cette justesse technique. Ça se voit par son record de passes décisives. Ça lui permet aussi de réguler le tempo d'un match. C'est lui qui, par des passes, des petites déviations ou simplement son placement, permet d'accélérer une action de jeu ou au contraire de temporiser. Il a l'expérience et les qualités pour avoir ce rôle dans l'équipe. C'est un rôle important et il est en pleine possession de ses moyens, en pleine confiance. »