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RÉSULTATS

« On veut gagner la Coupe du monde »

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AL RAYYAN, Qatar – Il y a quelques jours à peine, Walid Regragui parlait de son équipe comme « la petite surprise » de la Coupe du monde. Petite surprise est devenue grande : avec déjà trois géants du top-10 mondial à son tableau de chasse, le Maroc affrontera mercredi la France en demi-finale du Mondial.  

Et ses ambitions ont évolué selon la même tangente que les réactions que provoquent ses succès.

Peu importe ce que lui réserve la suite, l'Histoire se rappellera favorablement des exploits du Maroc au Qatar. Pour sa première place improbable en phase de groupes, pour ses performances défensives frôlant la perfection et surtout pour avoir tracé un chemin jusque-là jamais défriché par une équipe africaine, cette édition des Lions de l'Atlas a déjà gravé sa place dans le roc de la postérité.

Pour Regragui particulièrement, ces succès pourraient découler sur des avancements plus concrets. L'entraîneur de 47 ans, qui n'avait jamais dirigé ailleurs que dans les championnats marocain et qatari avant d'être appelé à la tête de la sélection nationale, a probablement piqué la curiosité de clubs plus prestigieux grâce aux performances des dernières semaines.

Mais des pensées comme celles-là n'ont pour l'instant pas leur place dans l'esprit du coach et il travaille fort pour qu'elles n'atteignent pas non plus la mentalité de ses joueurs.

« Je vois depuis deux, trois jours, qu'on est satisfait. On a envie de dire que quoiqu'il arrive, on aura réussi notre mondial. Je veux changer ça », a lancé Regragui mardi en conférence de presse.  

« Vous allez me prendre pour un fou, mais non, c'est pas comme ça qu'il faut qu'on pense. On veut aller en finale, on veut gagner la Coupe du monde. Et c'est pas des paroles en l'air! On n'est pas là pour être contents juste d'avoir mis l'Afrique en demi-finale de la Coupe du monde. Il faut qu'on aille plus loin. Peut-être qu'on n'aura plus cette occasion! Pour ça, les joueurs sont prêts à tout, le staff est prêt à tout pour causer la surprise demain. »

Le point sur la possession

Autant que ses résultats, la stratégie empruntée par le Maroc dans son étonnant parcours fait jaser. Là-dessus aussi, Regragui avait un message à passer.  

Contre leurs deux plus récents adversaires, le modus operandi des Maghrébins a été le même. L'Espagne et le Portugal ont chacun maintenu la possession du ballon pendant près de 70% du match et ont, à eux deux, centré un total de 60 ballons dans la surface de réparation. Seulement 11 de ces relais ont toutefois trouvé une cible alliée et malgré tout le temps qu'ils ont passé en attaque, les deux géants européens n'ont cadré que quatre tirs.

Un journaliste a demandé au tacticien marocain s'il pensait qu'il devrait « exiger plus de possession du ballon » de la part de ses joueurs « afin de casser le jeu français et tenter de se créer plus d'occasions ».

Usé par cette rengaine, Regragui a répondu qu'il ne comprenait pas cette obsession de nombreux analystes pour les statistiques en tout genre.

« On y va pour faire un coup et pour gagner. Mais la possession? Je vais demander [au président de la FIFA Gianni] Infantino s'il peut nous donner un ou trois points à partir du moment où on peut avoir 60 % de possession, ça va changer beaucoup de choses dans les championnats! Je suis passé par là, moi aussi. La possession, c'était mon rêve, à moment donné [Pep] Guardiola il m'a rendu fou. Tiki-taka et tout ça, c'est bien. Mais gagner, moi c'est ce qui m'importe. »

Regragui s'est dit particulièrement agacé par les critiques en provenance d'Europe, où il croit que les progrès d'une équipe africaine, non seulement dans ses résultats mais aussi dans ses façons de faire, dérangent.  

« Je sais que ça fait plaisir de dire : "Ah, ils étaient sympas ces Africains! Il y avait un peu de danse, ça jouait bien, Boufal a mis deux petits ponts, c'est magnifique et après ils rentrent à la maison". C'est fini, ça. On est passés à autre chose. On a envie de gagner. »

L'exemple de la France

Le match contre la France aura une saveur particulière pour Regragui. D'abord parce qu'il y est né et qu'il y a été formé. Le natif de Corbeil-Essonnes a parlé, sans vouloir en faire un grand plat, de son enfance dans les quartiers populaires en banlieue de Paris.

« Si ça m'aide? Oui, forcément, a-t-il répondu au sujet de ses origines modestes. Parce que d'où on vient, on a deux fois plus faim et comme on s'est battu deux fois plus, forcément c'est peut-être plus facile de passer ce message. »

Regragui voue également un grand respect à son homologue Didier Deschamps, qu'il a décrit à plusieurs reprises mardi comme « le meilleur sélectionneur au monde ». Il a expliqué que le triomphe des Bleus à la Coupe du monde de 2018 en Russie a inspiré de grands pans des enseignements qu'il prodigue aujourd'hui.

« Ils m'ont fait rêver comment ils ont joué. Ils ont tout compris, ils ont explosé tout le monde. Contre l'Angleterre [en quart de finale], ils n'ont pas eu 40 occasions, mais ils ont explosé tout le monde. C'est la meilleure équipe. Si on peut prendre un peu exemple sur eux demain, pourquoi pas. »

Deschamps lui a timidement rendu la politesse en disant plus tard des Marocains qu'ils ont « réalisé quelque chose de fabuleux ». Quelque chose à laquelle son équipe tentera toutefois de mettre fin mercredi soir.

La France sera largement favorite pour s'approcher à une victoire de la défense de son titre. Ce n'est rien de nouveau pour Walid Regragui.

« Je pense qu'on avait 0,01 % de chance de gagner la Coupe du monde au début de la compétition. On est montés ou pas? On doit être à 0,03 % peut-être? Mais on va essayer de faire mentir cette statistique. Peut-être que demain je vais passer pour un con, hein? Mais on va essayer de monter encore un peu plus. »