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RÉSULTATS

CS St-Laurent c. TFC : le soccer québécois s'est démarqué

Konstantinos Maniatis, Deandre Kerr et Cedrick Adamou - PC
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Il y avait quelque chose de poétique à regarder Federico Bernardeschi calé dans son fauteuil sis sur la piste d'athlétisme entourant le terrain de soccer du Complexe sportif Claude-Robillard.

Sous un crachin et parfois une pluie intense qui n'étaient pas sans rappeler l'automne montréalais, le joueur désigné du Toronto FC avait une vue imprenable sur la circulation de transit de l'avenue Christophe-Colomb et les maisons en rangée de l'avenue Émile-Journault.

Une sorte de retour dans le passé pour l'ancien de la Fiorentina et de la Juventus, qui a foulé sa part de terrains plutôt modestes contre des équipes qui le sont tout autant en Coupe d'Italie. Si la scène est commune sur le Vieux Continent, elle était encore inédite jusqu'à ce soir dans notre demi-pays. Jamais un club de Ligue1 Québec – en l'occurrence le CS St-Laurent – n'en avait affronté un de la prestigieuse Ligue majeure de soccer dans le contexte du Championnat canadien.

C'est possiblement pour cette raison qu'ils étaient 6482 pour assister à ce moment qui marquera inévitablement un tournant dans l'histoire du soccer québécois. De la première à la dernière minute et malgré le fait que les visiteurs ont enfilé 3 buts en l'espace de 26 minutes en 2e demie, ils ont obstinément refusé de s'asseoir, forçant les journalistes entassés sur la galerie de presse improvisée à regarder la quasi-totalité de la rencontre debout pour ne rien manquer de l'action.

Et de l'action, il y en a eue pendant les 90 minutes de ce match aller qui ne se serait assurément pas terminé 3-0 si le CS St-Laurent avait été un peu plus opportuniste et que l'arbitre n'avait pas raté une main évidente dans la surface de réparation alors que le pointage était encore 1-0. Une opposition qui a évidemment grandement impressionné le coach du Toronto FC John Herdman.

« [Le CS St-Laurent] aurait certainement mérité un meilleur sort ce soir. Il aurait pu marquer un, peut-être deux buts, a dit l'ancien entraîneur-chef de l'équipe nationale masculine en conférence de presse. J'ai vraiment été subjugué par l'ambiance folle qui régnait dans tout le stade ce soir.

« J'avais demandé aux gars d'être patients et je les avais prévenus qu'il faudrait travailler très fort pour créer des occasions de marquer. [Le CS St-Laurent] a réussi à contenir Kosi Thompson en début de match, mais nous avons été en mesure d'ouvrir le jeu à partir de la deuxième demie. »

Les locaux ont en effet été extrêmement pugnaces dans les premières minutes, même si leurs rivaux du TFC avaient parfois l'air de monstres à leurs côtés. Les attaquants du CS St-Laurent ont notamment peiné à s'imposer devant le défenseur Aimé Mabika, un géant de 6 pieds 6 pouces.

Mais c'est véritablement au retour de la pause et fort de trois changements à ce moment-là que le Toronto FC s'est mis en marche. Matthew Longstaff (50e), Deandre Kerr (59e) et Bernardeschi (76e) – qui était entré dans la mêlée à la 65e minute – ont tous profité d'erreurs défensives pour faire secouer les cordages. Le CS St-Laurent s'est cependant battu jusqu'à la dernière seconde.

« Je suis très fier de l'effort donné par nos joueurs, a d'abord lancé l'entraîneur-chef du CS St-Laurent Nicholas Razzaghi. C'est évidemment difficile de rester concentrés [pendant 90 minutes] surtout quand nous ne sommes pas habitués à ces niveaux de jeu et d'intensité physique. Mais je pense que nous avons joué un excellent match. Nous avons créé des chances de marquer...

« Cela dit, je ne peux pas m'empêcher d'être déçu, parce que je connais les qualités et le potentiel de ce groupe. S'il pouvait s'entraîner cinq fois par semaine, jusqu'où pourrait-il aller? Je sais que tous les joueurs de cette équipe ont beaucoup plus à offrir que ce qu'ils ont montré. »

Le CS St-Laurent aura évidemment fort à faire s'il espère se qualifier pour les demi-finales du Championnat canadien – le match retour sera présenté le 21 mai au BMO Field de Toronto – sauf qu'aux yeux d'un peu tout le monde ce soir, c'est le soccer québécois qui s'est le plus démarqué. 

« J'ai vu ce soir trois joueurs qui étaient de niveau et dont nous pourrions entendre parler prochainement, a avoué Herdman, qui n'a toutefois pas voulu les identifier. Leur personnel d'entraîneurs a également fait tout un travail. Ce sont des gens qui sont extrêmement brillants. »

« Tous les joueurs de notre équipe peuvent espérer jouer à un meilleur niveau, a continué Razzaghi. Ils l'ont prouvé contre Halifax [en ronde préliminaire du Championnat canadien]. Et ils se sont très bien débrouillés contre un club de la MLS, sans aucune expérience au préalable. Quand tu ne sais pas à quoi t'attendre, cela change tout. Nous avons beaucoup de potentiel. »

« Des gars comme Bernardeschi, nous les regardions à la télé en Ligue des Champions, a conclu le défenseur Nathan Goulet. De l'avoir devant nous à Montréal, c'est un peu un rêve qui s'est réalisé et maintenant, nous souhaitons prendre sa place. Nous pouvons maintenant y rêver. »