La CONCACAF à Biello : « En anglais, svp »
Une controverse linguistique a marqué le point de presse de l'entraîneur-chef de la sélection masculine canadienne, Mauro Biello, et de son capitaine Stephen Eustaquio vendredi à la veille d'un important match contre Trinité-et-Tobago.
À la 18e minute d'une disponibilité médiatique qui en a duré 24, après que la parole ait été donnée aux journalistes présents sur place à Frisco, au Texas, le représentant de RDS s'est vu présenter l'occasion de poser une question par l'entremise de la plateforme Zoom. Il s'agissait de la deuxième fois qu'on ouvrait son micro. Quelques minutes plus tôt, un problème technique avait empêché Biello d'entendre les salutations de l'intervenant de sa ville natale.
Deux questions en français ont été posées à Biello. La première portait sur la nomination d'Eustaquio à titre de capitaine, la deuxième sur le profil et la progression du défenseur québécois Moïse Bombito. Le sélectionneur a commencé une réponse dans la langue de Samuel Piette, mais il a vite été interrompu par un attaché de presse de la CONCACAF qui se trouvait à ses côtés et qui lui a demandé de s'exprimer « in english, please ».
Surpris, Biello a traduit la première question en anglais et y a répondu dans la même langue.
Une vidéo de l'interaction a été publiée sur la plateforme X, anciennement Twitter, par le journaliste Mike Laviolle. Samedi matin, elle avait été visionnée plus de 150 000 fois et suscité colère et indignation chez bon nombre d'internautes.
L'ancien capitaine de l'Impact Patrice Bernier a été l'un des premiers à réagir. « En français SVP. Deux langues officielles au Canada », a adressé à la CONCACAF celui qui a représenté son pays 56 fois sur la scène internationale.
Des politiciens ont rapidement récupéré l'histoire. « C'est un manque de respect à l'endroit du français de la part de la CONCACAF, a déploré le ministre québécois de la Langue française et député de Chambly, Jean-François Roberge. Nous invitons Canada Soccer à valoriser la langue française et à rappeler à la CONCACAF que le français est l'une des deux langues officielles du Canada, et la seule langue officielle du Québec. »
« Le français est une langue officielle au pays. Canada Soccer [doit] dénoncer le traitement inacceptable de la CONCACAF envers notre langue commune », a demandé le ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement caquiste, Simon Jolin-Barrette.
En début de soirée vendredi, le journaliste Jeremy Filosa, qui avait participé au point de presse et qui avait ouvertement critiqué la CONCACAF pour sa gestion de l'événement, a affirmé avoir obtenu la collaboration de Canada Soccer pour recevoir le fichier audio d'une réponse en français de Biello.
Filosa a aussi publié un message d'excuses de la part d'un représentant de la CONCACAF. « Il n'y aurait pas dû y avoir d'intervention de notre attaché de presse demandant à Mauro Biello de répondre en anglais. J'ai vérifié auprès de notre équipe et on m'a informé que c'était une erreur involontaire qui n'aurait néanmoins pas dû se produire. »
Nick Noble, le directeur des communications de la CONCACAF, a renchéri avec une réponse en français à Filosa : « J'ai examiné cette affaire et vous présente mes sincères excuses au nom de la CONCACAF. Cela n'aurait pas dû se produire et ne se reproduira pas. Nous apprécions bien sûr fortement l'intérêt et la couverture des médias et des supporteurs francophones au Canada et dans notre région. »
La CONCACAF assure que les futures interactions impliquant les intervenants francophones de Canada Soccer sous sa juridiction pourront avoir lieu dans les deux langues.
Si elle vainc Trinité-et-Tobago samedi, l'équipe masculine canadienne sera qualifiée pour la Copa América, un tournoi régi par la Confederacion Sudamericana de Futbol (CONMEBOL). Espérons que le message se rendra...