Fini le « tiki-taka », vive l'audace des jeunes
L'Espagne s'est présentée en Allemagne sans véritable joueur vedette ni d'attentes. Six semaines plus tard, l'équipe de Luis de la Fuentes rentrera chez elle avec un titre du Championnat européen de soccer masculin et l'espoir d'un avenir radieux.
L'audace des jeunes Lamine Yamal et Nico Williams, combinée à la sagesse des vétérans tels que Rodri et d'autres piliers qui n'avaient jamais remporté de titre majeur jusqu'ici, ont permis à l'Espagne de l'emporter 2-1 contre l'Angleterre en finale de l'Euro de 2024, dimanche.
La clé, pour les Espagnols, fut d'adopter un style de jeu plus dynamique et polyvalent, rompant ainsi avec une décennie d'échecs découlant du « tiki-taka ».
Même si Williams a ensuite enchaîné tous les clichés imaginables sur l'importance de vivre le moment présent et de franchir une étape à la fois, l'attaquant de l'Athletic de Bilbao n'a pas pu s'empêcher de rêver à la Coupe du monde de 2026.
«Nous espérons poursuivre sur cette lancée, et être de sérieux prétendants à la Coupe du monde, a dit le joueur âgé de 22 ans, après avoir marqué le premier filet de la finale. Je l'ai dit avant le tournoi; personne ne peut nous tenir tête. Nous formons une grande équipe.»
L'euphorie est justifiée.
L'Espagne a gagné ses sept matchs – tous sans se rendre aux tirs de barrage – et elle a inscrit un record de 15 buts dans ce Championnat européen. Ces victoires ont également été acquises contre des puissances du continent, après avoir pris successivement la mesure de la Croatie et de l'Italie en phase de groupes, avant d'évincer l'Allemagne et la France en route vers le match de championnat.
«Nous avons écrit une page d'histoire, a lancé Rodri après la partie. Nous avons marqué l'histoire en disposant successivement de quatre champions du monde; c'est le tournoi le plus relevé auquel notre équipe a participé, ça ne fait aucun doute. Nous les avons tous battus.»
L'équipe rentrera à Madrid lundi, où elle sera accueillie par le roi d'Espagne Felipe VI et le premier ministre Pedro Sanchez, avant de défiler dans les rues de la capitale.
Passer le flambeau
Rodri a été nommé le joueur par excellence du tournoi, même s'il n'a pas participé à la deuxième demie de la finale en raison d'une douleur à une jambe. Le milieu de terrain de Manchester United est le principal candidat de l'Espagne à l'obtention du Ballon d'or masculin, et s'il l'emporte il deviendrait alors le premier Espagnol à accomplir cet exploit depuis Luis Suarez en 1960. Aitana Bonmatí et Alexia Putellas ont gagné le Ballon d'or féminin lors de deux des trois dernières années.
La conquête de l'Euro met ainsi un terme à une disette de 12 ans pour l'Espagne, soit depuis qu'un groupe dirigé par Andrés Iniesta et Xavi Hernandez a dominé la planète soccer en s'adjugeant les titres européens de 2008 et 2012, en plus de la Coupe du monde de 2010.
«Les générations précédentes nous ont ouvert la porte, a évoqué Rodri. Ça fait partie de notre culture, celle que nous chérissons, et pour laquelle nous travaillons sans relâche. Aujourd'hui, nous sommes champions d'Europe, mais nous ne nous arrêterons pas là.»
Le seul membre de l'équipe espagnole qui a déjà remporté un titre majeur auparavant est le vétéran âgé de 38 ans Jesus Navas, qui a participé à la Coupe du monde de 2010 et à l'Euro de 2012.
Iniesta, Xavi et l'ex-attaquant espagnol David Villa étaient réunis dans les gradins de l'Olympiastadion pour assister à l'éclosion d'une nouvelle génération de joueurs, qui ont réinventé le soccer espagnol.