L'Allemagne a enfin retrouvé sa stabilité défensive
MUNICH – À côté de ses attaquants virevoltants Jamal Musiala, Florian Wirtz et Kai Havertz, l'Allemagne a retrouvé une solidité défensive qu'elle avait complètement perdue ces dernières années, avec des cadres nouvellement installés par Julian Nagelsmann et des alternatives solides à l'Euro 2024.
Samedi soir à Dortmund, l'UEFA a décerné le titre de meilleur joueur du huitième de finale remporté par l'Allemagne contre le Danemark (2-0) à Antonio Rüdiger, omniprésent face aux attaquants adverses, à l'image de son tacle sur Jannik Vestergaard en fin de rencontre, qu'il a célébré comme un but.
« Je suis de quelqu'un d'émotif sur le terrain. C'était un bloc important », a souligné le défenseur central, un moment incertain face aux Danois en raison d'une élongation contractée contre la Suisse.
Son compère du soir dans l'axe de la défense Nico Schlotterbeck n'était pas en reste, à l'exception d'une relance manquée en voulant dribbler dans sa propre surface.
« Pour moi, tous les deux sont les "MVP" de la rencontre. À propos de "Toni", on n'a pas besoin d'épiloguer. "Schlotti" a aussi été impressionnant », a souligné Manuel Neuer, une nouvelle fois impérial dans le rôle du dernier rempart allemand.
« Tous les deux ont très bien joué. C'est devenu beaucoup plus stable lorsque nous avons basculé à une défense à trois », a souligné le sélectionneur allemand Julian Nagelsmann après la rencontre.
Il paraît bien loin le temps où le technicien bavarois admettait ses craintes : « Nous ne serons pas des monstres défensifs d'ici à cet été à l'Euro ». Son aveu, le 23 novembre 2023 à Vienne, en avait surpris plus d'un, alors que la sélection allemande se trouvait dans l'un de ses plus profondes crises après une nouvelle défaite (2-0) contre le voisin autrichien.
Principal chantier de Nagelsmann
Ce revers était intervenu en conclusion d'une année catastrophique pour l'Allemagne, avec en moyenne deux buts encaissés lors des 11 matchs amicaux disputés (six défaites!) en 2023. Un bilan qui faisait désordre au pays de Franz Beckenbauer et Mathias Sammer, deux des trois défenseurs récompensés dans l'histoire du Ballon d'Or.
La défense a représenté le principal chantier du nouveau sélectionneur, arrivé à son poste fin septembre 2023. Début 2024, il y a repositionné Joshua Kimmich sur le côté droit, a instauré le duo Antonio Rüdiger et Jonathan Tah dans l'axe (éléments-clés dans leur club respectif, le Real Madrid et le Bayer Leverkusen) et a imposé Maximilian Mittelstädt sur le côté gauche, éblouissant avec Stuttgart.
Il a surtout laissé à la maison le vieillissant Mats Hummels (34 ans), lui préférant Waldemar Anton et Nico Schlotterbeck en doublure du duo Rüdiger-Tah.
Nagelsmann peut compter sur des remplaçants acceptant leur rôle et décisifs par leurs entrées en jeu. David Raum a ainsi donné de son côté gauche la passe décisive pour Niclas Füllkrug pour l'égalisation contre la Suisse (1-1).
Contre le Danemark, alors que la menace d'un suspension pour le quart de finale planait au-dessus de la tête de Mittelstädt, Nagelsmann a ainsi pu titulariser Raum sans trop de crainte.
Schlotterbeck, irrégulier en cours de saison avec le Borussia Dortmund semble trouver de la stabilité. Sa passe qui offre à Jamal Musiala le second but allemand est un copier-coller de celle donnée à Niclas Füllkrug en demi-finale aller de la Ligue des Champions contre le Paris SG.
Signe d'une stabilité défensive retrouvée à l'Euro, l'Allemagne a terminé deux matchs (contre la Hongrie et le Danemark, à chaque fois 2-0) sans prendre de buts, une première en grands tournois depuis huit ans. Avant la Hongrie, elle avait enchaîné douze matchs en encaissant au moins un but.