La Turquie frappe un grand coup et passe en 8e, le Portugal sans saveur
La Turquie affrontera l'Autriche en huitièmes de finale de l'Euro-2024, après avoir gagné dans la douleur (1-2) contre une République tchèque pourtant réduite à 10 au bout de 20 minutes, mercredi à Hambourg.
Les Turcs éliminent les Tchèques tous les huit ans. C'est du moins le cas depuis 2008 à l'Euro, avant 2016 et donc 2024.
Cette fois-ci, alors que la Turquie devait simplement faire match nul pour conserver sa seconde place, la tension a atteint des sommets, avec dès l'entame beaucoup de duels et d'intensité physique.
Trop. En neuf minutes, l'attaquant Antonin Barak, a pris deux cartons jaunes et a été expulsé (20e). Le carton rouge le plus rapide de l'histoire de l'Euro.
Les Tchèques se sont donc retrouvés à 10 contre 11 joueurs mais aussi contre les dizaines de milliers de supporters turcs, extatiques après ce fait de jeu. Patrick Schick, sur le banc après sa blessure contre la Géorgie (1-1), était sanctionné d'un carton jaune pour avoir contesté une autre décision arbitrale.
En face, Kenan Yildiz n'est pas passé loin de la correctionnelle lui aussi en prenant un jaune pour avoir marché sur le tendon d'Achille d'un adversaire, puis en échappant deux minutes plus tard à un deuxième avertissement après une faute. Plusieurs coéquipiers du joueur de la Juventus, 19 ans, se sont empressés de le calmer, pour ne pas abandonner leur avantage.
Mais cet avantage, les Turcs ont mis du temps à en profiter, avec pour demi-occasions deux frappes lointaines, trop lointaines de la pépite du Real Madrid Arda Güler.
C'est au retour des vestiaires que l'équipe cornaquée par l'Italien Vincenzo Montella est passée à la vitesse supérieure. Et le but est venu d'une splendide frappe de l'extérieur du capitaine Hakan Çalhanoğlu (51e). Sur cette action où il a d'abord repoussé plusieurs tirs, le gardien tchèque, Jindrich Stanek, s'est blessé à l'épaule et a dû être remplacé.
Comme lorsqu'ils ont acquis le surnombre, les Turcs ont alors laissé les Tchèques se remettre dans le match et les Rouge et bleu ont réussi à égaliser par Tomas Soucek à l'issue d'un cafouillage dans les six mètres (66e).
La République tchèque semblait alors être l'équipe à évoluer en supériorité numérique tant elle a pris d'assaut la surface de la Turquie, réduite à opérer en contre. Mais Cenk Tosun a fini par libérer les siens d'une frappe dans le petit filet en toute fin de match. Le match est resté tendu jusqu'à la fin et s'est fini dans la confusion avec un supporter sur le terrain et un début d'échauffourée entre les deux équipes.
Le Portugal sans saveur
La Géorgie de Willy Sagnol, novice à l'Euro, a créé une des plus grandes surprises de l'histoire de la compétition avec une victoire contre le Portugal (2-0), mercredi, qui l'envoie en huitièmes de finale face à l'Espagne.
Une clameur de tous les diables a accompagné le coup de sifflet final, avec les héros à terre, et les vaincus en colère, à l'image du capitaine Cristiano Ronaldo, le regard noir.
Le Petit Poucet du tournoi a choqué la Seleçao, déjà qualifiée et fortement remaniée au coup d'envoi, et envoyé au paradis ses bruyants supporters, venus représenter les 3,7 millions de leurs compatriotes.
L'ancienne république soviétique sera au rendez-vous des huitièmes contre la "Roja", son jeu soyeux et ses trois étoiles européennes, dimanche.
Les stars Khvicha Kvaratskhelia et Georges Mikautadze, les deux seules de l'effectif, ont mis au tapis un ogre portugais en faisant un festin des rares miettes offensives.
L'ailier de Naples et l'attaquant de Metz ont profité des bévues commises par le jeune défenseur Antonio Silva, coupable d'une mauvaise passe en retrait sur l'ouverture du score et d'un pénalty sur le deuxième but.
Mikautadze a envoyé le ballon dans le bon tempo et le bon espace à "Kvara" qui a marqué d'une frappe croisée du gauche après une minute et trente secondes (2e, 1-0).
Le Napolitain a fêté son but d'une glissade sur les genoux à la Ronaldo, son idole, devant le virage de ses supporters, chauffés à blanc, comme la couleur de leur maillot.
Ronaldo en colère
La défense a tenu bon jusqu'à la mi-temps, malgré les 70% de possession et les onze tirs (dont 3 cadrés) du Portugal.
Il a fallu un gardien vigilant pour repousser un coup franc lointain et surpuissant de Ronaldo (16e), enregistré à 130 km, une frappe brossée de Joao Palhinha (23e), une tentative de Joao Félix (45e+1) et un pétard de Diogo Dalot (90e+3).
Dans ce duel entre la novice Géorgie (74e au classement Fifa) et l'habitué portugais (6e au classement Fifa), sortes de David et Goliath du football, le K-0 est venu de l'outsider.
Antonio Silva a mis son pied en opposition devant Luka Lochoshvili, une faute détectée par la VAR et exploitée sur penalty par Mikautadze, d'un tir plein de sang froid au ras du poteau (57e, 2-0).
Ronaldo avait la tête des mauvais jours: il a réclamé un pénalty pour un tirage de maillot, en vain, récoltant un avertissement au passage, il a tapé sur la pelouse de dépit sur une occasion manquée et a été remplacé, furieux, après l'heure de jeu.
L'ancienne gloire du Real Madrid, rare titulaire portugais aligné mercredi, aura cinq jours pour évacuer sa frustration. La Seleçao, championne d'Europe 2016, est attendue le 1er juillet à Francfort contre la Slovénie pour la suite des aventures.
Celle de Willy Sagnol, nommé en février 2021, tourne au conte de fées avec la Géorgie, qu'il a qualifiée pour la première fois dans une compétition internationale, en passant par les barrages.
« Être ici, c'est déjà une victoire », avait lancé la veille le Français de 47 ans, persuadé que son équipe a « le niveau » pour participer à la grande fête du football européen.
Ses joueurs évoluent à Watford, Levante, Graz, Cracovie ou Nicosie, par exemple, mais ils ont démontré leur valeur contre une équipe de Turquie survoltée (défaite 3-1), face à la République tchèque (1-1) et contre le Portugal.