Moins de 24 heures après les adieux de Patrice Bernier dimanche, c’était au tour de Mauro Biello de voir un chapitre de sa carrière se terminer lundi. Démis de ses fonctions par Joey Saputo, le Montréalais de 45 ans ne sera pas de retour la saison prochaine. Ses adjoints non plus.

Une annonce que l’on anticipait depuis quelques semaines, mais qui se tramait depuis beaucoup plus longtemps. Depuis le mois de juillet pour être exact. C’est à ce moment que le président du bleu-blanc-noir a commencé à s’enquérir auprès de ses contacts en Europe en vue d’un éventuel changement.

Incontestable

Le fait qu’on veuille amener un entraîneur ayant au moins cinq ans derrière la cravate, l’expérience d’une première division européenne et des trophées à son actif rend le remerciement incontestable. C’est n’est en rien un jugement sur l’homme ou l’entraîneur qu’est Biello. On compare simplement des pommes et des oranges.

La volonté de Joey Saputo de recruter ce genre d’entraîneur, et de dépenser pour y arriver, doit être saluée. Ceci dit, était-il nécessaire et surtout justifiable de jeter Mauro sous l’autobus ?

Lorsqu’il l’a nommé, Saputo connaissait les défis. De l’expérience, il y en avait peu dans le staff puisqu’on a siphonné l’Académie pour le former. Deux ans et demi plus tard, le personnel qui lui a livré ses deux plus longs parcours en séries de l’ère MLS est identifié comme unique responsable des insuccès de l’équipe.

Biello méritait mieux, mais on a choisi de lui faire porter tous les blâmes. On maintient ainsi le statu quo ailleurs au club.

Résultats

Depuis l’annonce de lundi, on a ressorti la cassette du congédiement de Frank Klopas.

« On est dans une business de résultats ».

Les nombreux points perdus en fin de match cette saison et les difficultés de l’équipe sur jeu arrêté ont été jugés insatisfaisants par la direction.

Les statistiques de Biello à ces deux chapitres sont en effet peu reluisantes, mais l’analyse de la saison ne peut s’arrêter là. Les autres chiffres, on en fait quoi?

Les 290 000$ offerts à Adrian Arregui qui n’avait pas déposé ses valises à Montréal qu’il reprenait un vol pour l’Amérique du Sud. 324 000$ pour Deian Boldor qui n’avait que 14 matchs d’expérience chez les pros avant d’arriver. 405 000$ pour Andres Romero qu’on a choisi de protéger au repêchage d’expansion et qui n’avait pas joué depuis le mois d’octobre 2015. Et finalement les 330 000$ déboursés pour Dominic Oduro dans une saison où il a joué son plus faible total de minutes depuis 2009.

Sachant que le président de l’Impact se dit satisfait de la gestion du cap salarial (le budget total disponible en MLS tourne autour de 5,9M$) faite par Adam Braz et du recrutement fait à l’international par Nick De Santis, je présume que toutes ces décisions ont été celles d’un seul homme, Biello.

Sans compter le dossier Ballou qui est parti en vrille cet été et des négociations de contrats sur la place publique dont il doit aussi être responsable.

Pour un homme de sa stature, il a le dos large Mauro.

Attentes

L’Impact souhaite maintenant recruter un entraîneur chevronné pour prendre la barre de l’équipe. Un homme à qui on semble prêt à donner les clés de la maison. On saura à son départ si le ménage est fait ou la vaisselle est restée sur le comptoir.

D’ici là, il faut être conscient que le club et les supporters ne seront pas les seuls à avoir des attentes. Un coach de cette trempe en aura aussi. Acceptera-t-il d’avoir une des plus petites masses salariales de la ligue? Sera-t-il à l’aise de savoir que Blérim Dzemaïli a une ligne directe pour le bureau du président et que Nacho Piatti se tourne vers De Santis lorsque quelque chose le chicote?

Il est vrai que l’idée de voir un « entraîneur désigné » débarquer à Montréal est excitante. Il ne faudrait toutefois pas oublier que Didier Drogba a ébranlé les colonnes du temple à son passage dans la Métropole.

Le club a-t-il ce qu’il faut pour gérer une personnalité forte qui a eu du succès au cours de sa carrière? Je vous pose la question.