Gabrielle Carle, nouvelle collaboratrice au RDS.ca
Soccer lundi, 28 févr. 2022. 08:45 jeudi, 14 nov. 2024. 23:22COLLABORATION SPÉCIALE
« Après avoir remporté deux titres de la NCAA avec Florida State University et une médaille d'or olympique avec l'équipe nationale canadienne, Gabrielle Carle s'est envolée pour la Suède au début de l'année 2022. Désormais joueuse professionnelle, la Lévisienne de 23 ans nous plongera au cœur de sa nouvelle vie en Scandinavie au travers de ses textes, à mi-chemin entre journal de bord et chroniques d'humeur. »
Il est midi à Copenhague. Après un voyage transatlantique de 14 h accompagnée d’un chat qui ne rêve que de sortir de son sac de transport et d’aller se pavaner sur les genoux de passagers étrangers, je suis enfin en sol scandinave. Assise au quai numéro 1, j’attends le train qui m’emportera moi, mes trois valises et Mr. Klaws (ledit chat) vers la Suède.
Mon nom est Gabrielle Carle, je suis joueuse pour l’équipe canadienne de soccer et nouvellement joueuse professionnelle pour KDFF. Il y a à peine un mois, je terminais ma cinquième année en Floride, où j’étudiais à Florida State University tout en jouant pour leur équipe collégiale, les Seminoles. Là-bas, il faisait chaud dix mois sur douze. Alors que je descends du train et mets les pieds pour la première fois dans ma nouvelle ville, Kristianstad, une bouffée de vent glacial me fait rapidement réaliser qu’on est loin des palmiers et des coups de soleil.
Mes doigts se crispent sur la poignée de ma valise, mon chat se couche en boule dans son sac, en mode survie. On m’avait dit qu’au sud de la Suède un manteau d’hiver ne serait pas nécessaire, mais en ce moment j’aimerais avoir mon habit de neige au complet. Malgré le froid, je prends le temps d’observer la place publique qui se trouve devant moi. La lumière douce du soleil couchant est reflétée par les fenêtres des bâtiments datant du 17ème siècle (information confirmée par Google). C’est une vue qui m’offre un accueil beaucoup plus chaleureux que le vent qui s’acharne toujours, et je me dis qu’avec un foulard et des mitaines il sera très intéressant d’aller explorer la ville.
Pour le moment, j’empile mes valises sur le banc arrière de la voiture de Lovisa, la directrice des opérations du club. 5 minutes plus tard, elle me dépose à l’appartement que je partage avec Evelyne, mon amie et coéquipière en équipe nationale. L’appartement est spacieux, charmant et offre une vue sans obstruction du cimetière commodément situé dans notre cour arrière. Dès que j’entre dans l’appartement, je sors Mr. Klaws de son sac et il court directement se réfugier sous mon lit. Un jour j’essaierai de lui en faire sortir, mais pour le moment je m’installe sur mon lit et, épuisée, n’en ressors pas du reste de la soirée.
Le lendemain, je me réveille en même temps que le soleil, vers 8 h. Je déjeune devant une fenêtre qui donne sur une centaine de pierres tombales. Mon premier entrainement avec l’équipe est à 16 h aujourd’hui. En fin de matinée, Eve et moi partons faire l’épicerie. Notre contrat inclue une voiture, mais en attendant de la recevoir on se déplace à vélo. Seul problème, on a un vélo pour deux personnes. Pas de problème, on ira à deux sur le même vélo. Grave problème, on est trop lourdes, la roue arrière explose.
Ça commence bien.
Vers 15 h, nous marchons vers le complexe d’entrainement. Une quinzaine de minutes plus tard, je rencontre tout le monde pour la première fois. Tout va très bien jusqu’à maintenant. J’entre dans le vestiaire et m’assois à ma place. J’écoute mes coéquipières suédoises se parler entre elles. Avant de partir en Suède, je m’étais mis comme objectif d’être capable de comprendre le Suédois avant la fin de l’année. Maintenant, je réalise qu’il va me falloir beaucoup plus qu’une application de langues sur mon téléphone pour pouvoir suivre. La barrière de langue est digne de la grande muraille de Chine. Je ne peux même pas identifier où les mots qu’elles prononcent se commencent et se terminent dans leurs phrases. Heureusement, mon absence de compréhension de la langue suédoise n’est pas un problème puisque les joueuses et les entraineurs parlent tous très bien anglais.
C’est surtout mon enthousiasme qui en prend un coup. Pour ce qui est de l’entraînement qui a suivi, il m’a rappelé la raison principale pour laquelle je suis en Suède. Jouer au soccer, c’est ma passion depuis que je suis enfant, et pouvoir maintenant gagner ma vie en enfilant mes crampons chaque jour, c’est un rêve devenu réalité.
Que ce soit sous une pluie glaciale ou une chaleur caniculaire, dans une langue inconnue ou maternelle, l’important c’est que je continue d’aimer jouer, et j’ai l’impression qu’avec KDFF, ça ne sera pas un problème.
*Vous pouvez poser vos questions à Gabrielle via le module commentaires en bas du texte.