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RÉSULTATS

Maxime Crépeau et le sentiment des devoirs accomplis

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MONTRÉAL – Le respect était au centre de la quête de Maxime Crépeau à la Copa América. Celui qu'il sentait qu'on refusait d'accorder à son équipe et celui qu'il voulait lui-même regagner devant ses filets.

C'est un athlète qui avait la conviction que les deux volets de son objectif avaient été atteints qui s'est entretenu avec RDS cette semaine.

En atteignant la demi-finale de la prestigieuse compétition habituellement réservée aux dix nations de l'Amérique du Sud, Crépeau et ses coéquipiers ont réanimé une sélection qui avait perdu de son lustre après sa présence à la Coupe du monde de 2022 au Qatar. Pardonnés, les résultats mitigés à la dernière Gold Cup. Oubliée, l'élimination face à la Jamaïque en Ligue des nations de la CONCACAF. Relativisée, la panique provoquée par de dures défaites en matchs amicaux contre de grosses pointures mondiales.

« Je pense que plusieurs personnes nous avaient déjà rayés [de la carte], résume le gardien québécois, contacté après son retour dans l'environnement des Timbers de Portland. Même avant le début du tournoi, elles nous avaient tout simplement mis à l'extérieur du groupe sans passer la phase. »

Cette sensation d'être considérés comme de simples figurants aura été l'inspiration des 26 joueurs de cette équipe canadienne, que seuls les champions du monde en titre seront parvenus à battre en 90 minutes. Crépeau l'a lui-même verbalisé après une spectaculaire victoire en tirs de barrage contre le Venezuela en quarts de finale, lorsqu'il a déclaré : « Tout le monde demande "Qui sont ces Canadiens?" Eh bien, ces Canadiens joueront en demi-finale. »

« Ce ne sont pas des conversations qu'on a tenues à l'intérieur du groupe, c'était plus un sentiment collectif, précise le cerbère en rétrospective. C'est pour ça qu'après le Venezuela, sous les émotions, ça a sorti comme ça. Mais c'est sûr et certain qu'on n'a pas un passeport respecté dans le monde du foot et là, on a réussi à prouver à plusieurs qu'on est capables de jouer. On change tranquillement pas vite la culture de notre pays. Franchement, c'est ça l'objectif. »

Ce changement de culture s'opère à travers les paroles et la vision de Jesse Marsch, dont l'arrivée à la tête de l'équipe nationale canadienne a revitalisé un groupe qui stagnait. Avec très peu de temps devant lui pour inculquer ses principes de jeu, le pilote américain a su transmettre son énergie et ses convictions à des joueurs qui avaient perdu la foi.

Son influence, relate Crépeau, a été majeure dans le retour à la pertinence de la sélection masculine.

« C'est quelqu'un qui est passionné, dans le tapis. Peu importe ce qu'il fait, il le fait à 100%. Sa drive, si vous me permettez l'anglicisme, a été contagieuse. C'est quelqu'un qui a coaché à un haut niveau, qui sait très bien ce que ça prend pour gagner des matchs au haut niveau et qui a essayé de nous donner ce message-là et cette vague d'inspiration en nous disant "On est là". »

« Jesse nous a donné... je ne dirais pas cette positivité, mais cette ambition. C'était déjà à l'intérieur de notre groupe, mais il a tout simplement poussé nos gars individuellement à donner le meilleur d'eux-mêmes pour le collectif. Ça a donné des beaux résultats. C'était déjà là, c'est juste qu'il l'a vraiment amplifié. »

« Je me le devais »

Crépeau avait déjà montré qu'il pouvait être à la hauteur du rôle de gardien titulaire pour l'équipe nationale. C'est lui qui avait gardé les filets jusqu'à l'élimination crève-cœur contre le Mexique en demi-finale de la Gold Cup en 2021. Il avait aussi été sans reproche quand il avait dû remplacer Milan Borjan dans le processus de qualification en vue de la Coupe du monde.

Mais à la Copa América, il pouvait pour la première fois fermer les gants sur le poste de numéro un qui avait appartenu à Borjan pendant près d'une décennie.

Il a d'abord dû patienter. Quand Équipe Canada est arrivée en Europe pour y jouer deux matchs préparatoires, c'est Dayne St. Clair qui a obtenu le mandat d'affronter les Pays-Bas.

« Tu sais à quel point un nouveau coach amène une nouvelle atmosphère. Tout le monde est sous observation. [Marsch] a décidé d'aller avec Dayne, chose qu'au début je ne savais pas. Mais on a eu une conversation ouverte et après j'ai eu mon occasion contre la France. J'ai sorti une bonne performance et à partir de là, je savais que j'avais probablement une petite longueur d'avance parce qu'il y avait seulement dix jours avant le début de la Copa. À partir du match contre l'Argentine, je me suis dit : "T'as une occasion, prends-là pis pars avec" ».

C'est ce qu'il a fait. Crépeau a blanchi le Pérou et le Chili pour aider le Canada à sortir du groupe A. En quart de finale, il a réalisé une performance épique en tirs de barrage. À l'heure des bilans, ses 17 arrêts représentaient un sommet parmi tous les gardiens ayant participé au tournoi. Plusieurs observateurs croyaient que le titre de gardien par excellence, remporté par l'Argentin Emiliano Martínez, aurait dû lui revenir.

« Sur une note personnelle, je pense que je me le devais. Avoir manqué la Coupe du monde, ça a fait mal. Mais là, j'avais une opportunité d'avoir un tournoi majeur et de mettre mon empreinte dessus. Je le voyais comme une opportunité qui ne reviendrait probablement pas de sitôt. Je crois que ça a paru que je m'amusais et que j'avais du plaisir. D'un autre côté, je passais un message aux détracteur ou aux gens qui n'y croyaient pas. Tenez, voici une petite fleur. »

Il n'en fallait pas plus pour que le nom de ce vieil espoir de l'Impact de Montréal ne soit lié à un possible transfert en Europe. En MLS, l'ancien des Whitecaps de Vancouver et du Los Angeles Football Club n'a plus à prouver sa valeur. Tendrait-t-il l'oreille, à son âge, si ses récentes performances avaient piqué la curiosité d'une personne influente dans un championnat étranger?  

« Pour être bien franc, je ne me ferme aucune porte, répond-il. Je veux évoluer au plus haut niveau, je veux voir c'est quoi mon potentiel. Je sais que j'ai encore à l'intérieur de moi cette flamme, même si j'ai 30 ans. Dans le monde du soccer, ce n'est plus jeune, mais pour un gardien, ça l'est encore. Je me sens très bien physiquement et mentalement dans mon jeu. Je ne ferme absolument aucune porte. »