L'arrivée de Nancy, une bénédiction pour Mo Farsi
MONTRÉAL – La question est pourtant banale, prévisible même, le genre de formulation auquel les athlètes sont habitués, préparés et répondent habituellement sans trop réfléchir. « La compétition directe à ton poste, en ce début de camp d'entraînement, ça ressemble à quoi? » Vraiment rien de trop champ gauche, vous voyez?
Mo Farsi, après une fraction de seconde au cours de laquelle il semble pris au dépourvu, y réagit par un éclat de rire spontané qui, pour ne rien vous cacher, nous prend de court.
« Je ris parce que je ne peux pas répondre à ça, tu comprends? », s'excuse le sympathique Montréalais. « C'est les tactiques. Si je réponds à ça, ça va faire en sorte que je parle de tactiques, alors voilà. »
Le jeune latéral de formation apprend-il les rudiments d'une nouvelle position? Sa présence a-t-elle inspiré une redistribution des rôles? Clairement, l'entraîneur-chef Wilfried Nancy a des plans pour son jeune compatriote qui, heureusement pour lui et malheureusement pour nous, est aussi discret qu'il est doué.
Ce que Farsi ne se gêne toutefois pas pour dire, c'est qu'il est ravi par la tournure qu'ont pris les événements en marge de sa deuxième saison dans l'organisation du Crew de Columbus. Bien sûr, il y a eu l'arrivée de Nancy après son départ fort médiatisé de Montréal. Mais il n'y a pas que ça.
À ses premières foulées aux États-Unis, en 2022, Farsi a cartonné. Avec l'équipe réserve du Crew, il a dominé ses pairs avec dix passes décisives et a lui-même marqué deux buts. Ses performances ont tellement impressionné qu'elles lui ont valu de signer un contrat MLS avant la fin de l'été. Sa saison s'est terminée avec un championnat en MLS Next Pro, mais seulement quelques apparitions éparses – sept précisément, pour un total de 79 minutes – avec la première équipe.
Ce bilan l'a déçu. Pour lui, il est clair que l'entraîneur de l'époque, Caleb Porter, n'était pas trop intéressé à l'accompagner dans son apprentissage.
« Avec les jeunes, il était intransigeant, laisse tomber le joueur de 23 ans en entrevue avec RDS. Tu faisais une erreur, on te passait à tabac. Ensuite, on peut voir l'âge moyen du XI partant l'an passé à Columbus. Ce n'était pas à 22, 23, 24 ans. Il faisait beaucoup plus confiance aux vétérans et non aux jeunes. »
Pour cette raison, Farsi est d'avis que le ménage au sein du personnel d'entraîneurs « ne peut mieux tomber ».
« Pas parce que Wilfried vient de Montréal ou qu'il parle français, aucunement, précise-t-il. C'est juste par rapport aux circonstances de l'année passée et à la différence de mentalité entre les deux années. Cette année, je me sens plus à l'aise. Et ce n'est pas juste moi, les joueurs qui m'entourent aussi. On se sent plus à l'aise. Je trouve que cette année, il y a une concurrence un peu plus saine. »
« C'est une page blanche, tout le monde travaille. Après, que le meilleur joue. Il n'y a pas de vieux, de jeunes, etc. T'es bon, t'es sur le terrain. »
Le même Nancy
Vous n'avez pas l'impression d'entendre un vieil ami parler? Cette philosophie, Nancy l'a plus d'une fois exprimée durant son court séjour à la barre de la méritocratie qu'était son CF Montréal. Comme il l'avait promis, ses valeurs ont fait le voyage avec lui au sud de la frontière.
Et en voilà une autre, une marque de commerce de Nancy que Farsi a identifiée depuis que les deux hommes travaillent ensemble.
« À l'entraînement, le staff fait en sorte qu'il y a une bonne atmosphère et que tout le monde est confiant. Tu peux faire des erreurs et le coach, pas qu'il s'en fout, mais il ne va pas commencer à [te critiquer]. C'est comment tu réagis ensuite qui est plus important avec lui. Ça fait que tout le monde est confiant et peut vraiment s'exprimer sur le terrain. »
« Je pense que Wilfried, c'est une personne qui est la même avec tout le monde. Il va rigoler avec tout le monde et quand il le faut, il va être sérieux avec tout le monde. Il ne va pas faire de favoritisme. C'est quelque chose que j'aime bien aussi. Il traite tout le monde équitablement. C'est sûr que des fois, c'est en français, ça rigole un peu plus! Mais il est bon avec tout le monde. En vérité, tout le monde est content du changement et ça travaille fort. »
Avec Nancy comme tuteur, Farsi peut potentiellement aspirer à plus qu'un poste de titulaire cette saison. Il sait qu'à Montréal, l'enseignant a eu un grand mot à dire dans les transferts de Djordje Mihailovic, Ismaël Koné et Alistair Johnston dans la dernière année. À moyen terme, c'est justement la trajectoire qu'il souhaite donner à sa carrière.
Des histoires comme celle de Diyaeddine Abzi, son « frérot » qui a récemment été recruté par Pau FC, en deuxième division française, lui permettent aussi d'y croire.
« À 100 %. Par sa manière de coacher, de rendre les joueurs à l'aise, par ses tactiques, je pense qu'il peut m'aider grandement à passer au prochain niveau. Après, il peut me donner tous les outils qu'il veut, si c'est moi sur le terrain qui n'est pas capable de fournir ce qu'il demande, ça va être ma faute. Je dois travailler fort et être bon. C'est aussi simple que ça. Si je travaille fort, je crois que je pourrai m'ouvrir des portes de l'autre côté de l'Atlantique. »