Sortir de ma zone de confort aux États-Unis
COLLABORATION SPÉCIALE
À la suite de l'annonce de ma signature avec le Washington Spirit en NWSL, je me suis fait demander à quelques reprises pourquoi je n'ai pas préféré demeurer en Europe. Après tout, n'est-ce pas le berceau du football international, l'endroit où le calibre de jeu est le plus relevé? Pas nécessairement. Pas au niveau du soccer féminin du moins.
Bien qu'il me soit arrivé quelques mésaventures, j'ai vécu une première année professionnelle incroyable en Suède. Ma décision de quitter Kristianstad pour aller évoluer à Washington peut donc paraître surprenante. Re-signer avec Kristianstad était une option qui s'offrait à moi, une possibilité que j'ai sérieusement considérée. Au final, j'ai décidé de sortir de la zone de confort que je me suis créée au cours de la dernière année, dans le but de me lancer dans une aventure qui selon moi me permettra d'évoluer encore plus en tant que joueuse et personne.
Quand il est question du soccer féminin, la ligue professionnelle américaine se démarque, alors que ses équipes de haut de classement rivalisant contre les meilleurs clubs européens. Lorsqu'on considère le nombre de joueuses de renommée mondiale qui y jouent, ce n'est pas surprenant. Des légendes comme Marta, Christine Sinclair et Alex Morgan y évoluent depuis des années, et des étoiles montantes comme Sophia Smith, Trinity Rodman et Mallory Pugh ont choisi de débuter leurs carrières professionnelles en NWSL. Entre les deux, on y trouve également des joueuses bien établies sur la scène internationale, des piliers de leurs équipes nationales respectives.
La NWSL est une ligue physique, au tempo élevé et au calibre relevé. Il est très rare de voir une équipe en vaincre une autre par plus de 3 points d'écart. Les matchs ont tendance à avoir un caractère transitionnel, tellement qu'on reproche parfois à la ligue américaine son style direct. Bien que j'ai moi-même déjà critiqué cet aspect de la NWSL, me mesurer à des équipes plus transitionnelles, à des joueuses offensives aux capacités physiques dominantes, c'est une des raisons qui m'a poussée vers la NWSL. C'est une opportunité pour moi d'être exposée régulièrement à un style de jeu, mais surtout à un type de joueuse, qu'on retrouve souvent lors de matchs internationaux.
Un autre aspect qui m'a attirée vers la NWSL est la quantité de ressources entourant chaque équipe. En Suède, je mettais moi-même mes bandages sur les chevilles avant chaque entraînement, et mon bain de glace après les matchs, c'était l'océan. Je ne reproche pas du tout à la ligue suédoise son manque de ressources, qui n'est pas une question de négligence mais plutôt de manque de fonds. Chose dont la ligue américaine n'est pas dépourvue. Le sport professionnel est multidimensionnel, il évolue sur plusieurs sphères. En tant qu'athlètes, nous sommes experts de notre sport, de nos habiletés, mais sans l'aide de préparateurs physiques, de physiothérapeutes, de préparateurs mentaux (pour n'en nommer que quelques-uns), qui sont eux-mêmes experts de leur domaines respectifs, il nous serait impossible d'atteindre notre plein potentiel. Avec le Washington Spirit, je sais que je serai bien encadrée.
C'est donc avec beaucoup de gratitude mais sans regret que je quitte le continent européen, et avec enthousiasme que je retourne en sol américain. En intégrant le Washington Spirit, je rejoins mon entraineur-chef universitaire, Mark Krikorian, qui est maintenant le directeur général du club. J'y retrouve également les deux entraineurs assistants, le directeur des opérations ainsi que deux analystes que j'ai côtoyés lors de mes cinq années passées à Florida State University. Ainsi, bien que je me dirige vers une ville où je n'ai jamais mis les pieds, j'ai déjà un certain niveau de familiarité et de confiance face au Washington Spirit. Je ne sais pas ce que cette prochaine aventure me réserve, mais j'ai hâte de le découvrir.