L'ancien Académicien Massimo Gatto vit son rêve en Italie
MONTRÉAL – Lorsque Massimo Gatto cheminait au sein de l'Académie du CF Montréal, les entraîneurs qui le supervisaient s'entendaient sur une chose.
« C'est un joueur qui avait des qualités techniques indéniables, vraiment au-dessus de la moyenne, se souvient Maxime Leconte, qui l'a dirigé chez les U17. Il était un passionné, un très gros compétiteur et tout. Mais il lui manquait encore… Tu sais, c'est ce qu'on dit souvent dans le foot, il faut être patient. C'est un joueur qui avait besoin de temps. »
« S'il réussit, ça va être plus sur le tard, se disait quant à lui Nicolas Gagnon. Probablement deux, trois ou quatre ans avant qu'il atteigne son plein potentiel. »
Deux ans après son départ de la structure de son club formateur, Gatto démontre qu'il a su utiliser le temps en sa faveur. Il y a un mois, il a paraphé son premier contrat professionnel avec le Pescara Calcio 1936, une équipe de troisième division en Italie.
Mercredi dernier, deux jours après avoir rencontré RDS dans un café de St-Léonard, Gatto a quitté le Québec pour aller se lancer officiellement dans la cour des grands.
« L'objectif, c'est de faire le plus de minutes possible et après, d'aller ailleurs dans une plus grosse équipe, projetait-il. Apprendre la ligue, prendre de l'expérience, augmenter ma valeur, c'est ça mon objectif cette année. »
Avant même de s'attaquer à cette ambitieuse mission, Gatto peut se féliciter du chemin qu'il a parcouru.
Lorsque son association avec l'Académie a pris fin, le jeune Lavallois ne s'est pas apitoyé sur son sort. « J'étais prêt à passer à autre chose, tout de suite. Nouvelle opportunité », relate-t-il avec assurance. Il a établi des contacts avec quelques clubs en Italie, le pays de ses ancêtres. Il affirme avoir reçu trois invitations à des essais, mais c'est avec Pescara que ça a cliqué.
Quelques semaines avant de fêter ses 17 ans, il s'est installé dans les Abruzzes pour gagner ses galons en Primavera, avec l'équipe U19 de son nouveau club.
« Première impression, c'était dur, avoue-t-il. Je n'étais pas habitué d'être seul et ce n'est pas tout le monde qui était accueillant. Je suis Canadien et je venais pour prendre des minutes. Mais avec le temps, je me suis habitué. Parce que moi, je m'en fous. Si quelqu'un me dit quelque chose, je m'en fous. Je vais continuer à jouer. »
Gatto dit avoir attiré l'attention positivement grâce à son intensité. Le moule nord-américain dans lequel il avait été formé lui permettait d'amener une saveur qui manquait à sa nouvelle équipe. Mais parce qu'il avait les défauts de ses qualités, ses carences au niveau tactique l'ont ralenti.
« J'étais beaucoup, beaucoup en arrière. Ils me le disaient. Les premiers matchs, je ne jouais pas. »
Maturité, constance et coupe de cheveux
Après une première année compliquée, le jeune piston droit a finalement su s'exprimer à la hauteur de ses qualités. Les statistiques qu'il a accumulées en plus de 2300 minutes de jeu varient selon les sources que l'on consulte. Le site spécialisé Transfermarkt parle de six buts et deux passes décisives alors que Gatto prétend avoir fait neuf passes décisives.
Tout ça importe peu, au fond. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il a débloqué et a su se faire remarquer auprès des bonnes personnes. Ses anciens formateurs s'en réjouissent.
« À 15-16 ans, il était de loin le meilleur dans les reprises de volées, les bicyclettes… C'était incroyable ce qu'il nous faisait des fois », raconte Nicolas Gagnon, qui note toutefois que l'adolescent faisait preuve d'inconstance et manquait de « maturité physique ».
« Il partait avec une inégalité. Mais pour moi, c'est quelque chose de positif parce que si tu es patient, tu peux en profiter pour développer des outils complémentaires. »
« C'est un joueur qui voit le jeu très rapidement, qui a une très bonne vision, ajoute Maxime Leconte. Dans les petits espaces, il était quand même à l'aise, il avait une facilité à éliminer les joueurs. Et dans les vidéos que j'ai vues de lui, il a l'air d'avoir progressé physiquement pour répéter les efforts. C'est un peu ça qu'il lui manquait. Même s'il avait une qualité technique, ça manquait un peu dans la dernière passe, le dernier geste. Je pense qu'aujourd'hui il a été capable d'ajouter ça à son profil. »
En fin de saison, Pescara a joué un match contre Palerme. Gatto a marqué deux buts et servi une passe décisive. Quelque temps après, son agent l'a appelé avec une étrange question.
« Il m'a demandé si j'avais coupé mes cheveux. J'ai dit que non, je ne comprenais pas. C'est là qu'il m'a annoncé qu'on s'en allait signer le contrat. J'étais super content. »
Tout est maintenant à recommencer pour le Québécois, qui devra refaire ses classes à un niveau supérieur. Il croit que le travail qu'il a fait dans les dernières années l'aidera à faire les ajustements nécessaires rapidement.
« Il y a de la place cette année. Le président a dit qu'on aurait une équipe jeune », s'encourage-t-il.
« Je pense que le fait d'avoir déménagé en Italie, d'avoir vécu cette expérience, ça lui a permis de toucher autre chose. Ce qu'il lui manquait un peu plus jeune, je pense qu'il est allé le chercher là-bas, conclut Leconte. Je ne suis pas surpris. Avec le potentiel et la qualité technique qu'il avait, de le voir là, c'est une fierté. »