Vendée Globe : Yannick Bestaven croise le fil d'arrivée 3e, mais l'emporte!
Sports divers mercredi, 27 janv. 2021. 23:00 jeudi, 28 janv. 2021. 08:45LES SABLES-D'OLONNE, France – Cinquième, puis troisième puis premier en l'espace de quelques heures : Yannick Bestaven a vécu une fin de course de folie pour remporter le Vendée Globe 2020, jeudi dans la nuit noire des Sables d'Olonne, après 80 jours en mer.
La neuvième édition de la course autour du monde en solitaire s'est jouée dans les toutes dernières heures, dans un scénario inédit, qui s'est en plus fendu d'un coup de théâtre de dernière minute.
Tout a démarré mercredi à 20 h 35 quand Charlie Dalin (Apivia) a franchi le premier la ligne d'arrivée au large des Sables d'Olonne, entouré d'une armada de bateaux qui scintillaient de rouge, vert et bleu.
Le marin normand de 36 ans, qui a occupé la tête du classement durant plus de soixante pour cent du parcours à bord de son bateau volant dernière génération, n'a pourtant pas été désigné vainqueur du Vendée Globe 2020.
Pour cela, il devait attendre que deux autres concurrents, l'Allemand Boris Herrmann (SeaExplorer-Yacht Club de Monaco), alors troisième, et Bestaven (Maître Coq IV), cinquième, ait coupé eux aussi la ligne.
En effet ces deux skippers avaient dans leur poche des compensations de temps pour avoir aidé au sauvetage d'un concurrent naufragé.
En attendant Le Cam
Un troisième marin, Jean Le Cam, est concerné par ce sauvetage, car c'est lui qui avait recueilli Kevin Escoffier sur son bateau début décembre. L'arrivée de Jean Le Cam, prévue jeudi dans la soirée, devrait d'ailleurs susciter l'enthousiasme autour du sauveteur, qui est aussi le doyen de la course et cumule cinq participations au Vendée Globe.
Les bonifications – six heures pour Herrmann et dix heures et quinze minutes pour Bestaven, ne pouvaient être prises en compte qu'une fois la ligne franchie. De quoi porter le suspense à son comble quand les cinq premiers de la flotte se tiennent dans un mouchoir de poche. Une attente éprouvante.
Mais à peine une demi-heure après l'arrivée de Dalin, Herrmann, qui pouvait accrocher la victoire, est entré en collision avec un bateau de pêche, à 160 km de la ligne. C'en était fini pour le navigateur allemand, qui a terminé son périple au ralenti pour finalement arriver en fin de matinée et se classer quatrième.
Bestaven, un Rochelais de 48 ans, qui filait déjà bien vite, a redoublé de puissance. Dans une mer particulièrement démontée, il a bouclé son tour du monde environ huit heures après Dalin, ce qui n'excède pas son bonus. Bestaven peut donc crier victoire!
Sept bateaux en 24 h
Le navigateur remporte la neuvième édition, qu'il a menée durant presque un mois avant de se faire remonter par une horde après le passage du cap Horn. Il a été accueilli par un feu d’artifice, à défaut du public dont la présence a été interdite en raison de la pandémie de COVID-19.
« On passe de la solitude totale à cette fête, ces lumières, ces gens qui sont là malgré le contexte compliqué. C'est un bonheur, je ne réalise pas encore ce qu'il se passe, je suis toujours dans ma course, alors que c'est terminé. C'est un rêve d'enfant qui se réalise », s'est réjoui Bestaven, subjugué.
Dalin, lui, était relativement redescendu sur terre après avoir mis un terme à cette course magique. « C'est sûr qu'elle m'a changé, je ne sais pas de quelle manière encore (...) c'est tellement d'émotions, c'est des émotions incroyables, c'est des émotions d'une force que je n'avais jamais ressentie avant (...) », a-t-il souligné avant de remonter le chenal animé par une haie d'honneur de 300 bénévoles, masqués et distants.
Quatre heures après Dalin, Louis Burton (Bureau Vallée 2) a terminé à son tour son périple, en deuxième position pour être classé troisième au final.
« C'est un grand bonheur, une grosse fierté d'être dans les premiers à couper cette ligne d'arrivée. (C'est) sept jours de moins qu'il y a quatre ans (lorsqu'il avait terminé 7e, NDLR), 75 jours de plus qu'il y a huit ans puisque j'avais abandonné au bout de cinq jours », a-t-il rappelé.
Thomas Ruyant (LinkedOut) a été le quatrième à couper la ligne à 5 h 42 pour être classé cinquième au final, après l'arrivée de Boris Herrmann.
Damien Seguin (Groupe Apicil), un skipper né sans main gauche qui a fait une course exemplaire, est arrivé à la mi-journée, devenant le premier marin handisport à boucler le Vendée Globe. Il a été suivi de près par l'Italien Giancarlo Pedote qui a franchi la ligne à 13 h 02.
Au total, les sept premiers bateaux sont arrivés aux Sables-d'Olonne en moins de 24 heures. Du jamais vu!
Sur les 33 marins ayant pris le départ le 8 novembre, huit ont abandonné.