Quelle épatante performance de Bianca Andreescu au premier tour des Internationaux d'Australie! Je veux bien croire qu'il ne fallait pas trop avoir d'attentes, mais c'est plus fort que moi parce que notre championne Grand Chelem est tellement unique en son genre! Non seulement elle est un exemple de combativité et d'intelligence sur le court, mais c'est fascinant de réaliser jusqu'à quel point elle peut être géniale pour arriver fois après fois à faire les bons choix sous pression.

La Roumaine Mihaela Buzarnescu est une adversaire de grand talent qu'il faut prendre au sérieux et elle en fait la preuve une autre fois dans cette rencontre. Au début cependant, Bianca l'attaque de tout bord tout côté avec ses variations habituelles lors du premier set. C'est comme si Bianca n'a PAS passé plus de 15 mois sans jouer de tournois tellement on la retrouve bien dans sa peau, rapide et efficace pour mettre de la pression sur l'adversaire. Maintenant, le défi après une longue pause comme celle-là, c'est de garder le niveau pendant toute la durée du match. D'ailleurs au milieu du set, notre Canadienne manque d'opportunisme sur balles de bris et un tout petit peu de constance. Il faut aussi être honnête: Buzarnescu atteint en milieu de manche un niveau d'excellence inégalé. Elle ne rate plus rien, anticipe tout et court sur toutes les balles avec justesse, alors que Bianca ne sait plus comment faire pour l'amener à la faute.

Cela dure jusqu'à 3-3 au 3e set et c'est là que le match se joue. Andreescu tire de l'arrière 0-40 sur son service, mais s'arrache pour remporter la partie, mais quel culot! Ses choix sont si beaux, ses déplacements si adéquats et ses prises de risque si bien choisies! Gonflée à bloc elle enchaine avec le bris et sert facilement pour le match vers la victoire! Très émue après la rencontre, elle confie sur le court que ses pensées, avec ce retour triomphant et haut en couleur étaient celles-ci : « Tout ce que j'ai enduré durant ma rééducation et la longue attente en raison de la COVID, cela a valu la peine!

Mais quelle personne unique cette Bianca. Championne au plus profond de son âme et généreuse pour partager sa joie, je vous garantis qu'elle n'a pas fini de nous épater! Sa prochaine adversaire est l'atypique Su-Wei Hsieh qui possède un style très différent avec des balles coupées de tout acabit. Ne vous laissez pas charmer par son attitude désinvolte, car cette dame est une compétitrice féroce.

Bonne nouvelle aussi du côté de Félix Auger-Aliassime qui dispose rondement de l'Allemand Cedrik-Marcel Stebe en trois manches consécutives. Vous voyez bien chers amis qu'il ne faut pas s'affoler en raison de sa contre-performance de dimanche en finale. Dans la vie, il faut savoir analyser les choses quand il y a un problème, mais ne pas pleurer non plus trop longtemps sur le lait renversé. Il n'y a rien de mieux après une déception que de sauter dans la mêlée le plus rapidement possible pour effacer les mauvaises pensées et sensations. Ce que j'ai aimé dans son match lundi, c'est qu'il y avait de belles explosions qui sortaient de la raquette, mais aussi un peu plus d'imagination dans ses choix de jeu. Cela est important de savoir varier à ce niveau. Au prochain tour, ce sera l'Australien James Duckworth, qui est bien sûr, à sa portée.

Un petit mot sur Milos Raonic qui réussit lui aussi sa rentrée face au terrien Frederico Coria. Milos manque peut-être de constance au début du match, mais arrive tout de même assez rapidement à trouver son tennis d'attaque pour facilement se démarquer. Bien heureux d'avoir passé peu de temps sur le terrain, Milos affrontera maintenant l'artiste Corentin Moutet. À Milos de le torturer avec son service puisque le jeune français ne vit pas bien avec ce genre de frustration...

Quel autre moment très fort nous fait vivre la revenante Rebecca Marino puisqu'elle remporte un premier match en Grand Chelem depuis Wimbledon 2011 en disposant de l'Australienne Kimberly Birrell, 6-0, et 7-6. Après une première manche parfaite, les choses se compliquent puisque Rebecca caviarde deux balles de match à 5-4, deux autres à 6-5 et conclut finalement à la 8e balle de match pour 11-9 au bris d'égalité. Que d'émotions et de montagnes russes dans cette rencontre. Becca a maintenant rendez-vous avec une top-20 soit Marketa Vondrousova. En bout de ligne, beaucoup de belles émotions et moments forts pour ces quatre Canadiens en lice à Melbourne.

Shapovalov a travaillé fort

Sans doute inspiré par l'excellence de ses quatre compatriotes qui sont allés chercher la victoire avant lui en ce premier jour, Denis Shapovalov met fin à six défaites de suite et stoppe du même coup la séquence de 10 victoires de l'Italien de 19 ans Jannick Sinner en 5 sets de 3-6, 6-3, 6-2, 4-6, 6-4. On le savait avant le match qu'il s'agissait du plus beau face-à-face de premier tour entre deux jeunes de 19 et 21 ans qui ne font que commencer à nous épater.

Notre Canadien est bien au courant de la débauche d'énergie encourue par l'italien la semaine dernière pour remporter son 2e titre en carrière. Je me souviens même d'avoir entendu Sinner dire en conférence d'après match, il y a 3 jours, jusqu'à quel point sa victoire en demie face au coriace Karen Khachanov au bris d'égalité de la 3e manche avait été demandante physiquement. Donc, plus le duel entre Shapo et Sinner s'étire en longueur, meilleures sont les chances du Canadien d'aller lui soutirer la victoire.

C'est bien ce qui fait la différence alors que Shapo utilise la parfaite stratégie en montant au filet 53 fois en presque 4 heures de jeu. Il étale fièrement ses capacités de finir les points à la volée avec un impressionnant 74% de réussite! Quand les jambes sont fatiguées et que les points sont durs, il n'y a rien de plus difficile que de frapper avec succès des passings. Sinner récolte aussi seulement 3 bris de service sur 20 chances. Rajoutez juste un peu plus d'opportunisme dans cet aspect si important et la situation aurait pu être différente.

Comme c'est la coutume, Denis est questionné sur le terrain après ce formidable triomphe sur son prochain adversaire. Il s'agit de l'enfant terrible du pays Bernard Tomic qui n'a passé que très peu de temps sur le terrain (1:26), puisque son adversaire s'est blessé en début de 3e set. Avec candeur et politesse Shapo répond que Bernard a beaucoup de talent et qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre de sa part. Donc, il faut être aux aguets. D'un coup, réaction de la foule qui se tord de rire sachant bien que Tomic aura bien de la difficulté à suivre notre comète blonde...