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Qui sont-ils, d'où viennent-ils, comment ont-ils fait? Su-Wei Hsieh et Aslan Karatsev ont atteint dimanche à la surprise générale les quarts de finale des Internationaux d'Australie et ce sont de drôles de numéros.

Karatsev, un sacré bond

Né dans le Caucase russe à Vladikavkaz il y a 27 ans, Karatsev évolue depuis 2009 sur les circuits secondaires du tennis professionnel (Challenger et ITF).

Jusqu'à ce tournoi d'Australie, il n'avait remporté que trois matchs sur le circuit principal ATP, n'avait pas dépassé le 111e rang mondial et cumulait des gains en tournois de 618 354 dollars.

En une semaine à Melbourne, il a déjà remporté quatre matchs (dont deux face à des top-20, Auger-Aliassime et Scwhwartzman qui est même 9e), augmenté son capital de 407 000 dollars et assuré son entrée dans le top-70 mondial.

Dans l'ombre de ses compatriotes Daniil Medvedev et Andrey Rublev, avec qui il a remporté la Coupe ATP même s'il n'a joué que les doubles sans en gagner un seul, il est le premier des trois à s'être hissé en quarts.

L'aurait-il cru avant le début du tournoi? « Je ne sais pas. Je ne peux quand même pas me rabaisser. J'aurais dit "qui vivra verra". »

Un drôle d'aplomb pour un joueur qui n'avait encore jamais participé au grand tableau d'un tournoi du Grand Chelem.

Mais cette assurance, associée à un jeu puissant et solide, lui ont permis de devenir le joueur le plus mal classé (114e) à atteindre les quarts à Melbourne depuis Patrick McEnroe en 1991 (114e aussi). Il est également devenu le premier joueur à atteindre les quarts dès son premier tournoi majeur depuis Alex Radulescu à Wimbledon en 1996.

Cette assurance lui a sans doute aussi permis de renverser la situation en 8es de finale dimanche face à Auger-Aliassime qui menait 2 sets à 0 après lui avoir infligé un 6-1 dans la deuxième manche.

« Ce que je voulais c'était entrer dans mon match parce que je n'y étais pas. Lui jouait, mais moi pas vraiment. Alors je suis sorti du court pour aller aux toilettes et je suis revenu en me disant que j'allais jouer chaque balle et entrer dans le match », a-t-il raconté. Un plan exécuté à la lettre.

De quoi espérer remporter les Internationaux d'Australie ou un autre tournoi du Grand Chelem un jour? « Qui vivra verra... »

Hsieh, un phénomène

À 35 ans, on ne l'attendait plus à pareille fête. Mais la Taïwanaise qui a fugué de la maison à 16 ans n'en est plus à une surprise près!

Longtemps, elle a joué sans entraîneur, sans personne pour guider son jeu.

« C'était difficile de m'améliorer, reconnaît aujourd'hui celle qui a quand même atteint le 23e rang mondial en 2013 et remporté trois titres WTA en simple et 28 en double.

« Parfois j'allais sur des tournois, et je n'avais personne avec qui m'échauffer. Alors mon seul souci, c'était d'essayer de ne pas jouer trop mal le match », se souvient-elle.

Le déclic, elle l'a eu une année à Roland-Garros où la famille de son petit ami était venue la voir jouer. Elle affrontait au premier tour une joueuse du top-10, un niveau auquel elle n'avait jamais décroché de victoire.

« Je me faisais battre à plate couture et j'ai eu l'impression qu'ils s'endormaient, raconte-t-elle. Alors je me suis dit "je me fiche de ce qui arrivera, mais je vais essayer de courir après toutes les balles. Au moins, j'aimerais les voir se réveiller un peu". Et c'est comme ça que j'ai gagné le set puis le match. Et depuis, j'ai eu d'autres victoires contre des top-10. »

Elle a aussi trouvé un entraîneur, l'ancien joueur Paul McNamee à qui elle fait appel de temps à autre. Et lui aussi a de drôles de souvenirs de la joueuse qu'il décrit comme « un esprit libre ».

« À l'entraînement, je l'ai vue frapper une ou deux balles, mal, et c'est fini. Elle ne jouera plus de la journée, elle ne le sent pas », raconte-t-il.

En match aussi, elle peut être déroutante.

« Un jour à Eastbourne, raconte McNamee, ses balles sortaient de trois mètres, alors que d'habitude c'est une question de millimètres. Je réalise que plusieurs cordes de sa raquette sont cassées. Je lui dis "ta raquette" et elle me répond "ah oui..." Ça faisait trois ans qu'elle n'avait pas cassé un cordage... »