Le retour en force des joueuses devenues mères
MELBOURNE, Australie - Elles sont de plus en plus nombreuses à prouver que devenir mère ne rime pas forcément avec fin de carrière. Aux Internationaux d'Australie, au tour de Naomi Osaka et Angelique Kerber, toutes deux ex-no 1 mondiales, de faire leur retour en Grand Chelem.
Caroline Wozniacki, elle, est sortie de près de trois ans et demi de retraite sportive l'été dernier et s'est immédiatement invitée en huitièmes de finale de l'US Open. Mère de deux enfants de deux ans et demi et quinze mois, la Danoise de 33 ans, ex-no 1 mondiale et victorieuse des Internationaux d'Australie 2018, est également en lice à Melbourne..
Joueuses au plus haut niveau et mères : toutes les trois font de moins en moins figure d'exception dans le tennis féminin.
Aux Internationaux d'Australie, elles sont huit dans le tableau principal, avec Elina Svitolina, Victoria Azarenka, Tatjana Maria (42e), Taylor Townsend (80e) et Yanina Wickmayer (74e). Avant elles, il y a eu, notamment, Kim Clijsters et Serena Williams.
« Je suis très heureuse de voir des joueuses revenir. Je l'ai déjà dit il y a quelque temps: je pense qu'on a cassé le stéréotype selon lequel vous ne pouvez pas être joueuse de haut niveau et avoir une famille. Ça, c'est fini. Et ça évolue de plus en plus. La preuve, c'est le nombre de joueuses » qui font ce choix, se félicitait récemment Azarenka (22e), revenue sur le circuit pour de bon en 2018 après avoir donné naissance à un fils, Leo, fin 2016 à l'âge de 27 ans, et qui a atteint une finale en Grand Chelem après sa maternité (US Open 2020).
Exemple
« Je trouve ça génial. Ça dépasse le sport. Il y a parfois des secteurs où il y a des craintes. J'espère que ça montre, au-delà du sport, qu'une femme peut mener une carrière et avoir des enfants. Et que ça se passe bien, qu'elles reviennent bien. Que des sportives le montrent, c'est un bon exemple », salue Gaël Monfils.
Sa femme, Elina Svitolina, fait partie des joueuses qui ont repris le fil de leur carrière après avoir eu un enfant. Avec succès : revenue sur le circuit en avril dernier, six mois après son accouchement, l'Ukrainienne de 29 ans, aujourd'hui 23e mondiale, s'est hissée coup sur coup en quarts de finale à Roland-Garros et dans le dernier carré à Wimbledon en 2023.
« En tant que sport féminin de premier plan, on a encore beaucoup à faire dans ce domaine pour continuer d'avancer, pas seulement au plus haut niveau, estime toutefois Azarenka, qui a habitué à faire entendre sa voix sur les sujets de société. On a l'occasion comme jamais. J'espère qu'on y mettra les moyens nécessaires. »
« On s'inspire les unes les autres », considère Kerber (35 ans), à peine de retour sur le circuit, presque un an après la naissance de sa fille Liana. « Elina et Caro (Wozniacki) ont repris l'année dernière, Naomi et moi, ici. Je pense qu'on a un état d'esprit complètement différent: on n'est pas vraiment la personne importante dans nos vies désormais, il y a quelqu'un d'autre. »
« Plus ouverte, plus patiente, plus forte »
« J'ai toujours ce feu intérieur, témoigne l'Allemande aux trois titres en Grand Chelem. Je déteste perdre, ça ne change pas. Ce qui change, c'est que je tourne la page plus vite, parce qu'il le faut. J'essaie d'en profiter davantage, de ne pas trop compliquer les choses comme avant. »
« Devenir maman a beaucoup changé mon état d'esprit, c'est certain. Je me sens comme une personne différente. Je suis beaucoup plus ouverte, beaucoup plus patiente. Et je me sens beaucoup plus forte. Je ne me promène plus avec un casque sur les oreilles depuis mon retour, c'est un changement de personnalité », décrit Osaka, venue en Australie sans sa fille de six mois, Shai, pour son retour à la compétition.
« J'ai davantage confiance en moi en tant que personne. Je n'essayais jamais d'avoir des conversations avec d'autres joueurs avant, j'avais construit un grand mur. Aujourd'hui, je vois que j'interagis avec les gens », apprécie la Japonaise de 26 ans.
« C'est comme avoir deux jobs à plein temps, compare Wozniacki, qui voyage, elle, en famille. Trouver l'équilibre pour pouvoir faire les deux, c'est dur. Certains jours, c'est de la survie. D'autres, ça roule. »