Le meilleur siège pour 15$ près de l'entraîneur de Kayla Day

MONTRÉAL – Laissez-moi vous raconter l'histoire de mon 15$ le mieux investi depuis des lunes. Dimanche, pour cette minuscule somme, je me suis retrouvé assis en première rangée pour le match de qualifications de Kayla Day et j'ai pu entendre toutes les communications avec l'un de ses entraîneurs. 

Depuis quelques mois, l'Américaine de 23 ans réussit une remontée fascinante au classement en travaillant auprès de Pat Cash, champion de Wimbledon en 1987. 

Pour l'Omnium Banque nationale en sol montréalais, elle était plutôt appuyée par le fils de Cash, Jett. Et, par une magnifique coïncidence, j'étais assis à côté de celui-ci durant le duel contre Sachia Vickery. 

À cette distance, j'ai réalisé à quel point Day, dont l'assurance demeure fragile, avait besoin de l'appui de Cash. Perçue comme une prodige du tennis américain en débarquant, à 17 ans, sur le circuit de la WTA en 2017, Day a vécu une panoplie de blessures importantes la faisant dégringoler, durant la COVID-19, près du 600e rang!

À la surprise de plusieurs, Day s'est hissée dans le top-100 pour la première fois de sa carrière notamment grâce à son triomphe à Granby en juillet. 

Elle n'avait pas perdu cet aplomb en première manche, la gagnant 6-2. Mais le vent – qui était puissant par moments – a complètement tourné.  

Le visage de Day a perdu sa confiance tout aussi vite. À quelques mètres d'elle, on voyait tous les détails de ses nombreuses grimaces. Elle cherchait très souvent l'appui de son entraîneur et ce, même quand elle était à l'autre bout du terrain après un changement de côté. 

« C'était malchanceux », « n'oublie pas que tu mènes par une manche », « attaque surtout son revers »… Cash a géré le tout avec bienveillance pour ne pas la faire paniquer. 

On sentait tout de même l'impatience grimper chez Day et surtout à propos de son service qui l'abandonnait sur la première balle. Elle a même lancé un regard d'impatience vers les gradins quand un bébé a crié lors du lancer de la balle de son deuxième service à 0-30. 

Cash aurait bien aimé prendre quelques minutes pour lui rappeler des points techniques, mais il aurait enfreint les règles. Il s'est donc limité à lui dire « Baisse un peu la force de ton premier service et prends ton temps ». 

Après tout, Cash comprenait que la deuxième manche (qu'elle a perdue 6-1) était à oublier.

Son support constant via de petits encouragements du style « allez, on y va » et « on garde le plan dont on a discuté » ont relancé Day à temps pour la manche ultime. 

Et pour le point ultime aussi! Après plusieurs égalités, alors que c'était 2-2 en troisième manche, Day a remporté un échange sensationnel pour gagner son service et mener 3-2. La foule du court Rogers a explosé même s'il ne s'agissait que d'un match de qualifications.

Que dis-je... Pour Day et les autres joueuses qui doivent se farcir l'éreintant processus des qualifications, c'était une journée très importante. Autant pour la confiance que pour la bourse qui lui reviendrait. 

En juin, à Roland-Garros, à son premier tableau principal dans un tournoi majeur depuis 2017, elle avait obtenu sa première victoire contre une adversaire (Madison Keys) du top-20. En ayant le dessus contre Vickery, Day a atteint le tableau principal du tournoi canadien et elle évitait de perdre une troisième confrontation d'affilée contre sa compatriote.

Au terme du match, un autre spectateur assis à proximité de Cash s'est approché pour lui dire à quel point ce fut passionnant et instructif de l'entendre aider cette athlète. On n'aurait pas pu dire mieux. 

Outre les prix exorbitants de la nourriture vendue aux concessions, la journée fut savoureuse. Même le trajet aller-retour en REM s'est déroulé sans anicroche. 

La route de Day s'est cependant arrêtée, lundi, au premier tour, avec une défaite de 7-6 et 6-3 contre Marie Bouzkova, la 35e raquette mondiale. On se surprendra sans doute à surveiller ses résultats à ses prochains tournois.  

*Je tiens à souligner que je m'étais présenté, cette fois, au match en tant que spectateur et non à titre de journaliste. Je ne prévoyais pas écrire sur ce sujet, mais Cash a eu une approche très positive avec Day et il n'a jamais enfreint les règles imposées par la WTA. Il faut savoir que les entraîneurs peuvent, à partir des gradins, prodiguer des conseils rapides aux joueuses sans toutefois que ça devienne des conversations.