Tennis Canada va de l'avant avec une initiative pour favoriser ses athlètes
Combien d'amateurs de tennis de la région de Montréal étaient au courant de la tenue d'un tournoi au Stade IGA au cours des derniers jours? « Ah oui? », lanceront certains. Eh oui, il y a eu un tournoi de tennis au Stade IGA qui a commencé le lundi 10 mars et qui s'est terminé dimanche.
L'événement n'avait pas l'envergure ni la taille de l'Omnium Banque Nationale. Certains des éléments que les spectateurs sont habitués de voir à l'OBN n'y étaient pas.
Aucun système électronique (Hawk-Eye) pour déterminer si les coups aboutissaient à l'extérieur des limites du terrain. Il y avait l'arbitre en chef et un juge de lignes, c'est tout. Aucun chasseur de balles, non plus, et le tableau indicateur était remplacé par de menues plaquettes placées les unes sur les autres.
Cela ne veut pas dire que l'événement n'était pas important. Appelé M15, pour le volet masculin, et W15, pour le volet féminin, ce tournoi du Circuit mondial de l'ITF fait partie d'une initiative annoncée par Tennis Canada le 27 février.
Surnommée « La route vers l'OBN », cette initiative réunit neuf tournois chez les hommes et huit chez les femmes, tous joués au Canada.
Son objectif est d'accorder à un Canadien et une Canadienne un laissez-passer directement au tableau principal de l'Omnium Banque Nationale sans devoir passer par les qualifications – dès 2025 – grâce à un système de points tenant compte des performances réalisées lors des tournois joués en terre canadienne sur une période d'environ un an.
Bien que le tournoi tenu à Montréal au cours des derniers jours ait accueilli 64 athlètes venant, entre autres, des États-Unis, de l'Europe et même de l'Asie, il s'adressait d'abord et avant tout aux Canadiennes et Canadiens qui évoluent loin des projecteurs, souvent loin de leurs proches, dans des événements dont on n'entend jamais parler.
À Montréal, on comptait huit inscrits du Canada chez les hommes, et autant du côté féminin.
« Ça fait plusieurs années qu'on en parle », a souligné Valérie Tétreault, directrice de l'Omnium Banque Nationale en entrevue avec La Presse Canadienne la semaine dernière.
« Quand on déploie des ressources pour essayer d'amener plus de tournois au Canada, on le fait pour que nos joueurs puissent en bénéficier. On trouvait ça naturel de récompenser les joueurs qui participent aux tournois au Canada », ajoute-t-elle.
Avec un Omnium Banque Nationale bonifié en 2025, alors que le tableau principal réunira 96 joueuses à Montréal et autant chez les hommes à Toronto à compter du 26 juillet, Tennis Canada pourra accorder plus de laissez-passer au tableau principal.
C'est particulièrement vrai chez les dames, où huit laissez-passer seront décernés, comparativement à cinq chez les hommes, note Tétreault.
« Il y avait de la place pour introduire une compétition comme celle-là et s'engager à donner un laissez-passer à la personne qui sera au sommet de ce classement autant chez les hommes que chez les femmes. Et c'est quelque chose qu'on a vu ailleurs », souligne Tétreault, en identifiant la USTA (United States Tennis Association) et la Fédération française de tennis.
« De créer une espèce de petit circuit à travers lequel les joueurs obtiennent des points est très transparent, dans le sens où tous les joueurs sont au courant du nouveau système. Je pense que pour eux, c'est une source de motivation supplémentaire », croit Tétreault.
Ariana Arseneault, une Torontoise de 22 ans qui s'est rendue jusqu'aux demi-finales du volet W15 au cours du week-end à Montréal, est enchantée par l'initiative.
« Il n'y a aucun doute qu'il s'agit d'une belle opportunité pour les joueurs de tennis canadiens », a déclaré Arseneault, rencontrée après le match qu'elle a joué jeudi dernier.
« En incluant tous les tournois canadiens dans le cheminement vers l'OBN, en calculant ces points et en tenant compte des résultats des Canadiens dans les tournois canadiens, ça procure un environnement très compétitif », a ajouté Arseneault, qui a participé aux qualifications de l'OBN de Toronto en 2019 et au tournoi en double du tableau principal en 2024, à Toronto aussi.
Pour la première année de cette initiative, les dirigeants de Tennis Canada ont décidé d'inclure au classement les tournois joués au Canada avant l'annonce.
Ainsi, chez les femmes, le classement remonte à août 2024 et chez les hommes, à octobre 2024. Kayla Cross (120 points) et Liam Draxl (72 points) sont les meneurs, respectivement.
Il reste encore trois tournois chez les hommes, dont un à Laval, du 30 juin au 6 juillet, et un seul chez les dames, soit les Championnats Banque Nationale de Granby – où joueront aussi les hommes – du 13 au 20 juillet.
Et pour rendre la lutte plus intéressante et motivante, tous les points qu'amasseront les joueurs du Canada lors de ces tournois seront doublés.
À Granby, par exemple, gagner le tournoi rapportera 150 points au lieu de 75. Une participation à la finale en donnera 98 au lieu de 49.
Après l'édition 2025 de l'OBN, les compteurs seront remis à zéro.
« On s'est posé la question à savoir si on devait sélectionner seulement certains tournois dans le calendrier, particulièrement ceux qui sont dans la saison estivale, donc plus proches de l'Omnium Banque Nationale », reconnaît Tétreault.
« Mais on trouvait que c'était bien de lancer ce système de points sur l'année entière et d'inclure les tournois qui ont été joués tout de suite après l'Omnium Banque Nationale. Et ça donne une chance équitable à tout le monde. »
Selon Tétreault, l'initiative est perçue de manière positive par l'ensemble des intervenants du tennis canadien.
« Ça rehausse le circuit qu'on a au Canada, et c'est un peu ce qu'on souhaitait faire avec cette initiative. En termes de développement, l'un de nos objectifs pour les prochaines années est de trouver des manières pour ajouter des tournois au calendrier.
« Ça permet de donner plus d'opportunités de jouer dans des tournois professionnels à certains de nos joueurs qui font partie des espoirs au Canada. Financièrement, ça peut aussi donner un petit coup de pouce à nos joueurs canadiens en limitant les déplacements. »