Le Serbe Novak Djokovic se nourrit des huées de la foule
Novak Djokovic est un autre exemple d'un athlète unique qui parvient à exploiter n'importe quelle source de motivation. Serena Williams, Michael Jordan et Tom Brady proviennent du même moule.
Avec Djokovic, ce constat provient essentiellement du fait — ou du moins de la perception — que la foule l'abhorre. À Wimbledon, le détenteur de 24 titres du Grand Chelem en carrière est certain que les spectateurs prononçaient volontairement son nom de manière à ce que ça ressemble à des huées... et le Serbe, un peu comme la célèbre scène tirée du documentaire « The Last Dance » mettant en vedette Michael Jordan, l'a pris personnel.
Il a dénoncé le « manque de respect » dont il faisait l'objet lors de son match présenté sur le court central lundi soir, alors qu'il s'approchait un peu plus de son huitième titre en carrière au All England Club.
« J'ai déjà joué à des endroits beaucoup plus intimidants, croyez-moi, a dit Djokovic en s'adressant à la foule. Vous ne pouvez pas m'atteindre. »
Ça n'est pas la première fois que Djokovic est la cible des huées des spectateurs — il a déjà prétendu que la foule qui scandait « Roger! Roger! » (en référence à Federer) criait plutôt « Novak! Novak! » — et ça ne sera de toute évidence pas la dernière non plus.
Djokovic, qui affrontera Alex de Minaur sur le court central mercredi, transforme cette énergie négative en source de motivation.
« Certains des plus grands athlètes de tous les temps se sont sentis persécutés. Ils utilisent ce genre de situation pour se motiver: 'Je vais te battre', a déclaré mardi James Blake, un ex-tennisman professionnel qui a déjà atteint le quatrième rang mondial. En réalité, ce qui s'est passé hier (lundi) n'était pas très grave. Mais il l'a utilisé pour se motiver, et c'est tant mieux pour lui. Je suis sûr que ce n'est pas facile tous les jours. Vous êtes déjà le meilleur de tous les temps et vous voulez vous dépasser pour battre votre prochain adversaire. Alors vous exploitez tout ce que vous pouvez utiliser. »
Le finaliste à Wimbledon en 2003, Mark Philippoussis, a ajouté que Djokovic « veut entendre des huées, parce qu'elles l'encouragent à relever son niveau de jeu. Si je devais l'affronter, je me contenterais de le féliciter lors des changements de côté ».
Un autre joueur qui a été affecté par le comportement des spectateurs en bordure du court central lundi fut Alexander Zverev, double finaliste en tournois du Grand Chelem qui a laissé filer une avance de deux manches avant de s'incliner en cinq devant l'Américaine Taylor Fritz.
Après la conclusion de leur duel, Zverev s'est plaint à Fritz des choses qu'il a entendues en provenance de la loge de l'Américain — pas de ses entraîneurs, mais des personnes «qui ne gravitent pas dans l'univers du tennis, qui ne sont pas familiers avec le déroulement d'un match de simple; ils étaient un peu trop bruyants».
Contrairement à Djokovic, l'Allemand n'a toutefois pas pu avoir le dernier mot contre son adversaire.