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RÉSULTATS

La meilleure équipe de hockey à Montréal

Jessymaude Drapeau Jessymaude Drapeau - Stingers de Concordia
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Mise à jour

MONTRÉAL – La pratique achève au Ed Meagher Arena. À la demande de l'entraîneuse-chef Julie Chu, qui vient de vider le contenu de son bac de plastique gris en trois points distincts à l'entrée du territoire dans lequel elles sont réunies, les joueuses des Stingers de Concordia s'agglutinent autour du filet. Puis, une à une, elles s'engagent dans l'une des trois voies leur étant offertes.

L'objectif du dernier exercice de cette séance d'entraînement matinale de deux heures est fort simple. Trouver la ligne de tir, mettre un genou sur la patinoire en pivotant légèrement, et faire de son mieux pour bloquer les rondelles de mousse que Chu et deux de ses adjoints envoient en leur direction.

« Quatre en quatre aujourd'hui! », s'exclamera l'une des cibles de Chu, pas peu fière de son exploit.

« C'est l'fun parce qu'on adore leur enseigner, veiller à leur développement, et nos joueuses aiment être coachées, louangeait Chu à sa sortie de la patinoire du campus montréalais, mercredi. Elles l'acceptent si elles sont moins bonnes dans certaines choses. Personne n'aime en arracher, mais elles ont cette ouverture d'esprit à se laisser coacher, sachant qu'elles vont s'améliorer avec le temps. ».

« Ces petits détails, les batailles dans les coins, les tirs bloqués... Tout ça, ça fait une grosse différence à la fin du match, approuvait la vétérane défenseuse Léonie Philbert.  Si on est capables d'exceller dans tous ces aspects du jeu, ça aide l'équipe à aller plus loin. »

Et à signer des victoires. Que des victoires.

À une semaine exactement de la conclusion de leur calendrier régulier, les Stingers n'ont pas encore encaissé la moindre défaite et sont la seule équipe encore invaincue au pays. Leur fiche immaculée de 22-0 n'est que l'une des preuves statistiques de leur domination à l'échelle nationale cette année. Vous en voulez d'autres?

  • Moyenne de buts marqués par match : 4,36 (no 1);
  • Moyenne de buts alloués par match : 1,31 (no 4);
  • Taux de réussite du jeu de puissance : 31 % (no 1);
  • Efficacité en désavantage numérique : 95,5 % (no 2);
  • Taux d'efficacité des gardiens : ,936 (no 4);
  • Moyenne de tirs obtenus par match : 36,7 (no 2);

 

Ajoutons à ces chiffres que les Stingers n'ont tiré de l'arrière que pendant 59 minutes et 9 secondes cette saison, soit l'équivalent d'un seul match.

« Avec la manière que ça s'est terminé pour nous l'année passée, la défaite qu'on a eue, ça nous a juste motivées encore plus à arriver prêtes cette année », tentait d'expliquer la capitaine Emmy Fecteau lorsque mise au fait de cette statistique évocatrice.

Championnes canadiennes en 2022, les Stingers ont atteint la finale de l'édition 2023 du tournoi national et n'étaient qu'à 1,8 seconde de défendre leur titre quand les Cougars de l'Université Mount-Royal ont nivelé la marque, pour ensuite l'emporter 4-3 en prolongation.

« On ne veut pas perdre, on veut gagner, ajoute la finissante. On va tout faire ce qu'il y a à faire pour gagner, c'est ça notre mentalité cette année. »

« Ça nous rappelle que chaque seconde est importante, jusqu'à la toute fin, renchérit Philbert. Peu importe c'est quoi le score, il faut que tu continues. »

Émilie Lussier (centre) et Emmy Fecteau (droite)

Une saison parfaite?

Avec à peine trois matchs à jouer avant le début des séries éliminatoires, les joueuses des Stingers salivent déjà à l'idée de rétablir l'ordre des choses. C'est le but ultime, mais elles ne cachent pas non plus que la probabilité d'une saison régulière parfaite est en ce moment un sujet de conversation dans l'entourage de l'équipe.

« On en parle beaucoup dans le vestiaire, on veut la saison parfaite, révélait l'attaquante recrue Émilie Lussier, meilleure pointeuse au sein d'une équipe qui compte cinq marqueuses d'au moins 20 points. On pense une game à la fois, mais on veut vraiment notre saison parfaite. »

Il ne s'agirait pas d'une première dans le circuit canadien si cela survenait. Au Québec, les Martlets de l'Université McGill ont accompli cet exploit à cinq reprises entre 2008 et 2013, entre autres grâce à une impressionnante série de 116 victoires de suite en raison régulière.

« Oui nous sommes no 1, et non nous n'avons pas encore perdu de match, mais nous n'avons pas besoin de perdre un match pour s'améliorer, relativise Chu. On peut le faire en jouant. En parler et être ouvertes sur le sujet [de la saison parfaite] c'est correct, parce ce qu'on sait pourquoi on connaît ce succès. C'est parce qu'on a travaillé fort pour ça.

« Mais on a aussi échoué souvent. Notre jeu de puissance échoue trois fois sur quatre. À l'entraînement, on peut travailler sur une habileté et échouer. Si tu ne réussis pas une passe en relance, et que tu en arraches, c'est échouer. C'est n'est pas comme perdre un match, mais on sait quand même ce que c'est d'échouer, tourner la page, et tenter sa chance à nouveau. »

Julie Chu et Caroline Ouellette

À trois reprises cette saison, les Stingers sont passées près de s'incliner, ayant recours à une prolongation pour s'imposer. Contre les Gee Gees de l'Université d'Ottawa le 12 novembre, elles ont entre autres dû combler deux déficits avant d'avoir le dernier mot 5-4 en bris d'égalité.

« Je ne dis pas que c'est une utopie, que nous n'avons pas eu de mauvais jours, que nous n'avons pas été grincheuses l'une envers l'autre, que nous n'avons pas eu de moments où nous n'étions pas de bonnes coéquipières, confie Chu.

« Je le dis souvent, nos joueuses, ce sont elles les conductrices de l'équipe. On (les entraîneurs) peut envoyer n'importe quelle ligne sur la glace, si elles ne travaillent et n'exécutent pas, les stratégies que nous avons dessinées n'ont aucune importance. [...] C'est pourquoi c'est super amusant pour moi de diriger cette équipe. Nos joueuses prennent les choses en main, elles se parlent dans le vestiaire et elles le reconnaissent quand elles travaillent mal. Au lieu de se diviser, elles s'unissent et elles trouvent un moyen de corriger ce qui ne fonctionne pas. C'est pourquoi elles ont su faire face aux défis. »

Le prochain se dressant devant elles, ce sont les Gaiters de l'Université de Bishop's, les visiteuses ce soir à l'occasion du dernier match à domicile des Stingers.

« Toutes les équipes veulent battre celle qui est invaincue en 22 matchs. Ça nous prépare pour les séries », note Lussier

« Si c'est une victoire de plus, ben ce sera la 23e, modère quant à elle Philbert. Actuellement, on ne se dit pas qu'on veut avoir les 25. Non. Le prochain but, c'est d'en avoir 23. »

Un match à la fois, insistent-elles donc en choeur. Un cliché certes, mais une philosophie éprouvée.