PITTSBURGH - Les statistiques disent qu'il n'a pas récolté un traitre point en 41 matchs dans la Ligue élite suédoise la saison dernière, mais Trevor Timmins et Marc Bergevin n'y accordent pas trop d'importance. Ceux qui, comme eux, ont eu la chance de le voir à l'œuvre vous diront que le Canadien a réalisé un bon coup en mettant le grappin sur Sebastian Collberg.

Collberg, qui pointait au troisième rang de la liste des espoirs européens compilée par la Centrale de recrutement de la Ligue nationale, est entré dans la grande famille du Tricolore au tout début de la deuxième ronde du repêchage, samedi. Le Canadien a utilisé son 33e rang de sélection pour ajouter à sa banque d'espoirs un jeune ailier qu'on compare à Daniel Alfredsson.

« Quand je me suis rendu à Frolunda pour rencontrer Sebastian, j'ai assisté à un entraînement d'une durée d'une heure au cours duquel on ne l'a vraiment pas ménagé, a raconté Timmins lors d'un bilan qui concluait une journée expéditive. Lorsqu'il est sorti de la patinoire, il s'est fait dire qu'il était rappelé pour un match qui débutait deux heures plus tard. Il devait être le 13e attaquant en uniforme, mais en deuxième période il était rendu sur le deuxième trio. Nous avons vraiment aimé ce que nous avons vu ce soir-là. »

« Je l'ai vu jouer en février en Finlande et je l'ai tout de suite aimé, a corroboré Bergevin. À l'époque, je travaillais pour le compte des Blackhawks et je me souviens d'être revenu à Chicago et d'avoir dit à un de nos recruteurs qu'on devrait penser le prendre en fin de première ronde, où on croyait qu'on allait repêcher à l'époque. Aujourd'hui, en 33e position, je suis très content de l'avoir. »

Collberg a été le deuxième meilleur marqueur de son équipe lors de la conquête suédoise de l'or au championnat mondial des moins de 20 ans l'hiver dernier. Il a aussi récolté neuf points en six matchs au tournoi regroupant les meilleurs joueurs de moins de 18 ans.

« Il a été utilisé en fusillade, notamment dans le match de la médaille d'or, avant Filip Forsberg. Il possède de grandes qualités autour du filet, joue avec beaucoup d'énergie. Il est un patineur extraordinaire qui n'est jamais bien loin de la rondelle », a décrit Timmins, qui revoit le capitaine des Sénateurs d'Ottawa dans le gabarit et le maniement de rondelle de sa récente prise.

« Sa ténacité, sa combativité et sa touche autour du filet », a répondu Bergevin lorsque sommé d'énumérer les qualités les plus impressionnantes de son premier choix de deuxième ronde.

Les voyages de Timmins en Scandinavie auront aussi permis au Canadien de dégoter Erik Nystrom, un ailier gauche suédois repêché avec le dernier droit de parole du club en sixième ronde.

« J'allais à Modo pour observer Henrik Samuelsson sans savoir qu'il jouerait plus tard à Edmonton. Nystrom était en action dans ce match et je l'ai finalement vu jouer deux fois. Son coup de patin est très fluide, il distribue admirablement la rondelle et possède un excellent sens du jeu.

Touche francophone en deux accents

Le Canadien a utilisé une seule de ses sept sélections pour piger dans sa propre cour. Charles Hudon, des Saguenéens de Chicoutimi, a enfilé la Sainte-Flanelle en cinquième ronde, mais avant lui, un cousin s'est retrouvé associé de la plus belle des façons à la culture québécoise.

En troisième ronde, le Canadien a repêché Tim Bozon, un Français qui a quitté le système de développement suisse il y a un an pour venir s'adapter au style de jeu nord-américain.

Fils de Philippe Bozon, qui avait joué 144 matchs avec les Blues de St. Louis au début des années 1990, l'attaquant des Blazers de Kamloops a été le meilleur franc-tireur recrue de la Ligue junior de l'Ouest (WHL) avec 36 buts et n'a été devancé que par un autre joueur de première année avec ses 71 points.

« La Ligue junior de l'Ouest est un environnement hostile pour un joueur qui arrive d'Europe, mais son esprit compétitif lui a permis de tirer son épingle du jeu », a remarqué Timmins.

« Le hockey junior dans l'Ouest n'est pas seulement exigeant en raison du style de jeu physique qu'on y préconise, mais aussi pour les exigeants horaires de voyage. Ça démontre beaucoup de caractère. Les décisions qu'il a prises depuis un an nous prouvent qu'il veut vraiment devenir un joueur de hockey », apprécie Bergevin.

Hudon, lui, a payé le prix pour une saison au cours de laquelle il n'a pas répondu aux attentes. Le Canadien croit avoir réalisé un bon coup en lui faisant signe aussi tard dans son processus de recrutement.

« Il n'a pas produit à la hauteur des attentes et sa cote en a souffert, mais il demeure un membre du programme nationale, a fait remarquer Timmins. Nous avons mis la main sur un joueur d'Équipe Canada qui affrontera les Russes dans une série de quatre matchs plus tard cet été. En fait, nous aimons surtout ce que vous avons vu de lui il y a un an, alors nous espérons que c'est sur ce joueur que nous avons mis la main et que la dernière saison relevait plutôt de l'anomalie. »

Selon Timmins, le Canadien a abordé le repêchage en favorisant ronde après ronde le joueur le mieux classé sur son tableau d'évaluation, indépendamment de la position à laquelle il évoluait. « Nous aurions aimé trouver un gardien, mais nous n'avons pu mettre la main sur celui que nous visions », a-t-il toutefois précisé.

« Honnêtement, Trevor m'impressionne de plus en plus, a vanté Bergevin. Je le connaissais très peu avant d'arriver ici, mais plus on passe de temps ensemble, plus il m'épate. Ce n'est jamais gris avec lui. C'est noir ou blanc et ça, j'aime ça.