Quand Johnny devient football
NFL lundi, 5 mai 2014. 09:03 jeudi, 12 déc. 2024. 02:29Le 8 mai, la NFL présentera son repêchage annuel. En attendant cette date charnière, le RDS.ca vous présente un bref survol des espoirs à surveiller. Aujourd’hui, la position de quart-arrière.
Avec trente secondes au cadran à la fin d’un match, tous les yeux sont rivés sur le quart-arrière.
Général de l’offensive, le quart d’une équipe est souvent responsable des succès et des échecs de celle-ci dans l’œil du public. Une responsabilité lourde venant en prime avec un poste clé sur le terrain.
C’est pourquoi jeudi, au Radio City Music Hall de New York, plusieurs quarts seront présents dans l’espoir d’entendre leur nom dans la bouche du commissaire Roger Goodell et ainsi savoir quelle équipe leur remettra le précieux livre de jeux pour les saisons à venir.
Au cours de leur attente, survolons les meilleurs espoirs à la position qui siègeront derrière le centre d’une équipe de la NFL sous peu.
Les premiers de classe
Johnny Manziel est sans aucun doute le joueur le plus polarisant du prochain repêchage, mais sera-t-il le meilleur quart-arrière de la cuvée?
Les opinions divergent par rapport à l’ancien récipiendaire du trophée Heisman. Il est très difficile de prévoir où il sera sélectionné et, surtout, s’il sera le premier quart à entendre son nom sur le podium.
Blake Bortles (photo), de Central Florida, présente un arsenal idéal pour la NFL et plusieurs dépisteurs le considèrent comme la véritable prise de ce repêchage, et ce, même si, de l’aveu de plusieurs, il ne pourrait pas prendre immédiatement les commandes d’une offensive chez les pros.
Contrairement à Manziel qui a électrisé la NCAA au cours de ses deux seules saisons.
C’est un étrange paradoxe, mais on croit que Manziel pourra recréer une partie de la magie qu’il a opérée à Texas A&M dès sa première saison dans la NFL tandis que Bortles devra peaufiner quelques aspects de sa mécanique et de sa vision du jeu. L’éclat immédiat appartient à Manziel, sauf que la récolte à long terme pourrait s’accumuler aux pieds de Bortles.
Celui que l’on appelle Johnny Football n’a plus rien à prouver dans la NCAA, lui qui est devenu le premier joueur de première année (freshman) à remporter le prestigieux trophée Heisman. Même si l’élusif ballon de cristal remis à l’équipe championne n’a jamais croisé sa route, ses prestations sur le terrain ont fait de lui une légende instantanée au Texas et sur le circuit universitaire américain. En contrepartie, des frasques à l’extérieur de celui-ci ont fait de lui une figure médiatique plus imposante que plusieurs vétérans de la NFL. Manziel est indiscutablement un joueur talentueux, sauf qu’il vient avec son lot de distractions.
Manziel est un pur-sang qui a gagné à tous les niveaux, avec un sourire et une attitude qui dérangent certains puristes du sport. Autant avec son bras qu’avec ses pieds, Manziel est un joueur explosif, créatif et spectaculaire qui cumule les statistiques et les succès. Si un précédent existe pour le talent de Manziel, il se trouve du côté d’un jeune Michael Vick qui, à l’époque, avait complètement mystifié les experts aux commandes de l’offensive de Virginia Tech avant d’être sélectionné par les Falcons avec le premier choix global du repêchage de 2001.
En excluant les frasques judiciaires, on connaît l’étendue du succès de Vick dans la NFL.
Une carrière similaire n’est pas impossible pour Manziel qui sera, le 8 mai, le nom le plus murmuré au Radio City Music Hall.
Blake Bortles est peut-être un joueur moins éclatant que Manziel, mais il ne faudrait pas le négliger pour autant.
Du haut de ses 6’5" et de ses 232 livres, Bortles est une présence imposante derrière le centre doublée d’une vitesse surprenante pour sa taille. Habile dans sa pochette, Bortles garde les yeux bien au-dessus de la ligne d’engagement et peut se fier à ses qualités athlétiques pour créer des situations à son avantage. Physiquement parlant, Bortles est le prototype idéal pour la position. Reste à savoir si le développement l’avantagera dans la NFL car il y a plusieurs lacunes de base à combler dans son cas avant d’espérer connaître un véritable succès chez les pros.
Les équipes cherchant désespérément un quart se retrouvent donc devant un dilemme et la solution, pour les plus prudents, se trouvera peut-être après la première journée du repêchage.
Les espoirs à surveiller
Entre en scène Teddy Bridgewater qui était, pas plus tard que cet hiver, l’espoir incontournable à la position aux yeux de plusieurs.
Dans la NCAA, Bridgewater a extrêmement bien performé pour les Cardinals de Louisville, sauf que ses évaluations ont refroidi plusieurs ardeurs depuis. Il possède un talent certain, mais aucune compétence réellement au-dessus de la moyenne et il n’est pas aussi imposant physiquement qu’un Cam Newton, par exemple.
Il se retrouve alors avec l’étiquette d’espoir marginal qui pourrait tout aussi bien devenir un joueur régulier dans la NFL qu’un réserviste de carrière qui s’éclipsera avant ses 30 ans. Le spectre des possibles est très vaste pour Bridgewater, sauf que les espoirs sont de plus en plus modérés.
Une chute en deuxième ronde pour lui n’est pas impossible, même qu’elle semble de plus en plus probable.
Après Bridgewater, un nom familier s’immisce parmi les espoirs : Derek Carr (photo), le frère de David Carr, ancien premier choix des Texans en 2002.
Le cadet des frères Carr a connu une spectaculaire saison à Fresno State et une très solide performance lors du Senior Bowl. Plusieurs évaluateurs considèrent Carr comme étant le deuxième meilleur quart de la cuvée en raison de sa fluidité et de son talent naturel derrière le centre.
Avec un bras comparable à celui de Jay Cutler, Carr présente plusieurs des qualités d’un bon quart dans la NFL. Il devra par contre travailler sur sa gestion de la pression et sur une fâcheuse tendance à regarder trop longuement ses cibles avant de décocher ses passes. Chez les pros, une passe télégraphiée n’échappe pas aux couvreurs comme dans la NCAA. Si une équipe souhaite lancer les dés, Carr pourrait être le meilleur pari de cette cuvée, et ce, malgré l’ombre des déboires de son frère qui n’a jamais joué à la hauteur des attentes.
Parlant d’ombrage, le cas du quart Jimmy Garoppolo est fascinant.
Le récipiendaire du trophée Walter-Payton en 2013 a lancé 53 passes de touché lors de sa dernière saison à Eastern Illinois. Même s’il ne s’agit pas d’un gros programme de football universitaire, Eastern Illinois a envoyé deux quarts de renoms dans la NFL : Tony Romo et Sean Payton. Tout comme Garoppolo, Romo avait remporté le trophée Walter-Payton avant de faire le saut chez les pros. Contrairement à Romo, Garoppolo sera définitivement repêché, et ce, plus tôt que tard.
Pas particulièrement patient ni habile quand le jeu se développe très rapidement, Garoppolo possède tout de même un bon instinct avec le ballon dans les mains et un très bon bras. L’opposition faible qu’il a majoritairement affrontée dans la NCAA ne l’aura peut-être pas suffisamment préparé pour les rigueurs de la NFL, mais les bases sont là en plus d’une motion rapide et impeccable. Reste le polissage et l’apprentissage des nuances chez les pros.
Les surprises de la cuvée
Difficile de trouver des surprises quand la position du quart est sous un microscope en permanence, et ce, à tous les niveaux. Tous les espoirs possibles et imaginables ont passé une batterie de tests et la plupart ont subi la grogne de l’ancien entraîneur Jon Gruden qui reçoit la plupart des espoirs dans les studios d’ESPN en prévision du repêchage.
Bref, les surprises, elles n’existent pas.
Il y a, par contre, des choix plus énigmatiques que d’autres. C’est le cas de Tom Savage de Pittsburgh et de Zach Mettenberger (photo) de Louisiana State (LSU).
Savage, plus particulièrement, a fait un bond considérable sur le classement de la plupart des experts et il pourrait poursuivre sa progression jusqu’au premier jour du repêchage. Doté d’un bras puissant et d’une taille optimale pour la position (6’4"), Savage ressemble à un quart de la NFL et a profité d’un système de jeu à Pittsburgh s’apparentant beaucoup à celui des pros en évoluant près du centre et à l’occasion avec un petit recul.
Sur papier, Savage connaît la NFL. Reste à transférer la théorie sur la pelouse. Le hic, c’est que Savage a joué pour trois écoles dans la NCAA, ce qui fait en sorte qu’il n’a jamais été un joueur partant avant sa dernière année, soit sa seule à Pittsburgh. L’échantillon est donc minime dans son cas, contrairement aux autres espoirs qui ont eu l’occasion de s’exhiber plus souvent et sur des plateformes nationales.
Le potentiel est palpable, mais l’expérience n’y est pas. Tom Savage est la carte frimée de cette cuvée et quelqu’un osera la jouer.
De son côté, Mettenberger se remet encore d’une déchirure ligamentaire et il devra être évalué en fonction du souvenir que nous avons de lui et non à la suite des tests d’évaluation des différents recruteurs de la NFL. Ce qui est embêtant dans le cas du quart format géant de LSU, c’est qu’il s’agit de bons souvenirs, voire d’excellents même, et l’ombre à son dossier est une blessure de moins en moins dévastatrice dans la vie d’un jeune athlète.
Cam Cameron, le coordonnateur offensif des Tigers en 2013, a grandement amélioré le jeu de Mettenberger qui ressemble drôlement à un certain Philip Rivers au même âge. Très habile avec le ballon et capable d’effectuer toutes les passes, Mettenberger anticipe très bien le jeu et n’hésite pas à décocher des passes même quand il sent qu’un couvreur viendra le frapper immédiatement après. C’est d’ailleurs une qualité essentielle dans son cas vu qu’il est pratiquement immobile dans sa pochette.
On parle ici d’un bon meneur derrière le centre, mais d’un athlète inférieur à la plupart des autres espoirs de la cuvée. Un quart à l’ancienne, avec une motion lourde et un jeu de pied à la limite déficient.
Chez les autres espoirs, il y a aussi AJ McCarron qui a tout raflé avec Alabama, mais qui a été affligé de la vilaine étiquette de « gestionnaire de match », la même qui colle à la peau d’Alex Smith dans la NFL.
McCarron était spectaculairement bien entouré durant toutes ses saisons à Alabama, ce qui fait en sorte qu’on lui attribue difficilement ses succès sur le terrain. Produit d’un système performant ou véritable quart de la NFL?
Seul l’avenir nous le dira. Une chose est sûre, plusieurs équipes espèrent voir McCarron glisser en deuxième ou troisième ronde afin de le récolter à bas prix.
Top-10 des espoirs, quart-arrière
1. Johnny Manziel | Texas A&M
2. Blake Bortles | Central Florida
3. Derek Carr | Fresno State
4. Teddy Bridgewater | Louisville
5. Jimmy Garoppolo | Eastern Illinois
6. Tom Savage | Pittsburgh
7. Zach Mettenberger | LSU
8. AJ McCarron | Alabama
9. Aaron Murray | Georgia
10. Logan Thomas | Virginia Tech