MONTRÉAL – Tous les chemins mènent à Rome… ou dans ce cas-ci, à la 50e Coupe Vanier.

C’est par la voie des airs que l’attaque des Carabins a transporté son équipe jusqu’à la finale universitaire canadienne avec les solides prestations du quart-arrière Gabriel Cousineau et de ses receveurs.

L’unité offensive des Marauders a permis à la formation ontarienne d’accéder à la Coupe Vanier pour la troisième fois en quatre ans grâce à son jeu au sol. L’attaque terrestre de McMaster a maintenu une moyenne de 235 verges par rencontre en trois matchs éliminatoires.

Peu importe la manière utilisée, les succès offensifs ont été au rendez-vous pour les deux finalistes. Même si chaque unité défensive est confrontée à des défis différents pour cette partie, l’objectif est le même : forcer des deuxièmes essais et long.

« Plus de 50% de ce qu’ils font en attaque est basé sur le jeu au sol. Ils utilisent beaucoup de variations que ce soit avec le centre-arrière ou leur porteur. Il faut essayer d’être productif en situation de premier et 10. Il faut les limiter et les mettre en deuxième et long », expliquait l’entraîneur-chef et coordonnateur défensif des Bleus, Danny Maciocia.

« Sur vidéo, ils ont l’air d’une ligne offensive qui joue bien ensemble. Ça ne me surprend pas parce qu’ils sont bien dirigés. S’ils sont là pour une troisième fois en quatre ans, il y a une raison », a fait valoir le plaqueur défensif de l’UdeM, Mathieu Girard.

Les Marauders ont parcouru beaucoup de chemin pour se rendre à la Coupe Vanier. Avec 11 équipes dans l’Association de l’Ontario, McMaster a pu affronter des formations qui préconisaient le jeu aérien comme le font les Carabins.

« Ottawa avait une bonne attaque aérienne. Will Finch et les Mustangs de Western peuvent attaquer le terrain verticalement. L’Association ontarienne a tellement d’équipes et une grande variété qu’elle nous a bien préparés à jouer n’importe quelle sorte de football », a relaté l’entraîneur-chef des Marauders, Stefan Ptaszek.

L’attaque terrestre des Bleus ne connaît pas ses meilleurs moments et Ptaszek semble bien croire qu’elle ne fera pas partie intégrante de la stratégie des Carabins. La défense ontarienne se donnera tout de même le mandat de laisser de longs deuxièmes essais à l’unité offensive adverse pour la rendre plus unidimensionnelle.

« Si on peut gagner la bataille des premiers essais et provoquer des deuxièmes et long toute la journée, nous aurons une chance de contenir leur groupe de receveurs. Si on laisse des deuxièmes et court, ce sera un peu plus compliqué puisqu’il faudra également défendre la course », a spécifié Ptaszek tout en ajoutant que les revirements seront aussi primordiaux.

Il y a à peine un an, les Carabins étaient reconnus comme une équipe qui faisait avancer le ballon par la course. Est-ce maintenant une carte cachée en raison du peu de gains récoltés au sol dans les derniers matchs?

« Une carte cachée? C’est possible. Mais il faut essayer d’établir le jeu au sol. On a travaillé très fort là-dessus cette semaine. Pour augmenter nos chances d’aller chercher la victoire, il faut qu’on trouve une façon de courir avec le ballon », a indiqué Maciocia.

Mais si l’UdeM soulève la première coupe Vanier de son histoire, vous pouvez parier que ce sera en raison de la tenue de Gabriel Cousineau et de ses receveurs qui ont toujours trouvé une façon d’amasser les verges cette saison.

Une identité assumée

Les deux formations comptent sur des athlètes doués en attaque. Il n’est donc pas question de changer d’identité, surtout après tous les succès connus.

Les vidéos ne montrent toutefois pas tout et les coordonnateurs défensifs devront être constamment sur leurs gardes pour éviter de se faire jouer des tours.

Les Carabins affronteront un quart-arrière beaucoup moins mobile que Jordan Yantz des Bisons du Manitoba qui avait causé des maux de tête à la défense montréalaise. Si le jeu au sol des Marauders est freiné, la pression reposera sur le bras de Marshall Ferguson.

« C’est très important de se rendre au quart-arrière le plus souvent possible et tôt dans la rencontre. Mais il faut faire attention comment on le fait. Si on peut déguiser nos couvertures et que le quart n’est pas tout à fait sûr de ce qu’il voit, ça va le forcer à garder le ballon. Et en faisant ça, on peut se rendre à lui », a informé Maciocia en rappelant que les Marauders voudront établir le jeu au sol à tout prix.

« Nous devons faire ce que nous faisons de mieux, a lancé Ptaszek. Nous n’allons pas changer notre identité à ce point-ci. Nous sommes l’une des meilleures attaques au pays pour contrôler le ballon et le temps de possession. La meilleure défense est l’attaque surtout si on garde celle des Carabins sur les lignes de côté. Mais, il ne faut pas être prédictible parce que contre leur défense, nous allons en arracher si c’est le cas. »

Les Marauders comptaient sur un trio de porteurs de ballon en saison régulière. Chris Pezzetta, un membre de l’édition championne de la Coupe Vanier en 2011, ne sera pas en uniforme pour la rencontre en raison d’une blessure. Le sort de l’attaque au sol de McMaster reposera en grande partie sur Wayne Moore.

Un botteur d’expérience

Même sans Pezzetta, les Marauders compteront sur 11 joueurs qui ont remporté la Coupe Vanier.

Cette expérience était surtout importante pour gérer les distractions qu’une semaine aussi chargée peut présenter aux étudiants-athlètes.

L'année des Carabins?

« Je crois que ça l’aide particulièrement dans les premières minutes d’un championnat national. Ils sont très conscients que c’est un match de football. Ce qui se passe avant le match ne change rien au fait que c’est un adversaire bestial et que ce sera une grosse bataille. Ils ont déjà vécu cela et ils savent ce qui s’en vient », a expliqué Ptaszek.

« Du leadership de la part des vétérans va toujours aider en fin de match. Cette équipe a dû lutter cette saison. Elle ne l’a pas eu facile. Rarement un match a été sécurisé jusqu’aux dernières secondes. De revenir de l’arrière et de décider l’issue d’un match dans les dernières minutes sont des situations familières pour nous », a-t-il ajouté.

Sur ce point, les deux équipes sont à égalité puisque les Carabins ont remporté leurs deux derniers matchs en exécutant des jeux clés en défense pour sceller le résultat de la rencontre.

Louis-Philippe Simoneau est le botteur des Bleus depuis la quatrième semaine d’activités. La recrue a réalisé le botté donnant les devants pour de bon à son équipe lors de la Coupe Dunsmore contre le Rouge et Or, l’un de ses quatre placements de la rencontre.

Son vis-à-vis du côté des Marauders en a toutefois vu d’autres. Tyler Crapigna est le meneur de tous les temps au Canada avec 84 placements en carrière.

Le vétéran de cinquième année a été nommé sur la première équipe d’étoiles au pays pour son travail sur les bottés de précision.

En 2011, il a réussi le placement victorieux en deuxième prolongation pour procurer à McMaster la première Coupe Vanier de son histoire grâce à une victoire de 41-38 face au Rouge et Or.

« C’était le plus gros jeu de ma carrière. J’espère que nous prendrons une grande avance samedi, mais si ce n’est pas le cas, je serai prêt à botter le ballon entre les deux poteaux pour donner à nouveau la victoire à mon équipe », a-t-il affirmé sans l’ombre d’un doute dans sa tête, lui qui a déjà réussi un placement victorieux dans un match préparatoire avec les Stampeders de Calgary.