Charles-Félix Paquin - Collaboration spéciale avec Sportlogiq

Depuis de nombreuses années, le Canadien de Montréal est vivement critiqué pour son manque de punch à l’attaque, mais en faisant l’acquisition de Jonathan Drouin, le Tricolore vient de mettre la main sur l’un des plus beaux talents offensifs de la LNH.

Il fut souvent dit à la blague que Marc Bergevin collectionnait les joueurs de quatrième trio, excellant sans la rondelle. La vérité est qu’acquérir du talent brut se veut un exercice extrêmement périlleux dans le circuit Bettman, surtout à l’ère du plafond salarial. En amenant Drouin dans la métropole montréalaise, Bergevin a réalisé un vol au grand jour. L’ancien numéro 27 du Lightning de Tampa est doté de mains en or et c’est un surdoué.

Lorsque vous regardiez les parties du Lightning cette saison, inévitablement, Jonathan Drouin captait votre attention à l’aide de ses prouesses offensives. L’attaquant québécois est ni plus ni moins qu’un génie en possession du disque.

Drouin fait partie du groupe sélect de joueurs pouvant changer à eux seuls l’allure d’une rencontre en raison de leur immense talent. À cet effet, pour chaque tranche de 20 minutes de jeu passées à forces égales, Jonathan Drouin fut en possession du disque en territoire adverse pour 46 secondes. L’an passé, seuls Patrick Kane, Artemi Panarin, Jack Eichel, Joe Thornton, Blake Wheeler, Taylor Hall et Johnnu Gaudreau ont fait mieux que lui à ce chapitre. Ce n’est pas peu dire! En raison ses habiletés innées, Jonathan Drouin appartient réellement à une classe à part.

En effet, le natif de Ste-Agathe est une véritable bête au moment de générer des chances de marquer. Pour accomplir pareil fait d’armes, Drouin adore conserver longtemps possession du disque, action que seuls les meilleurs hockeyeurs savent exécuter, attirant ainsi la couverture défensive sur lui. Cela finit par créer des ouvertures pour ses coéquipiers, eux qui ont par le fait même plus de temps pour se libérer de leurs couvreurs. C’est à l’aide de ce procédé que Drouin complète un nombre impressionnant de passes en territoire adverse.

Un autre indice voulant que Drouin soit l’un des meilleurs passeurs du circuit est qu’il alimente avec brio ses coéquipiers dans l’enclave, ce qui leur permet de décocher un tir depuis un angle optimal, alors que le temps de réaction du cerbère est minimal. Non seulement, il rejoint régulièrement ses partenaires dans l’enclave, mais il le fait avec une précision chirurgicale, complétant 46,8% de ces tentatives de passes, la moyenne chez les attaquants de Tampa étant de 38.4% pour l’an passé.

De même, Drouin a profité de la dernière campagne pour passer à un autre niveau, lui qui a alors inscrit 21 filets. Ce nombre était pourtant de huit au total pour les deux saisons précédentes. En tirant davantage au but, cela l’a rendu moins prévisible et plus efficace, prouvant aussi qu’il était capable d’enfiler l’aiguille avec constance dans le meilleur circuit au monde.

Ce qui permet au Québécois d’être si polyvalent en zone adverse, c’est qu’il est capable de véritable magie avec ses mains, lui qui a d’ailleurs fait la pluie et le beau temps à Halifax lors de son stage junior avec ses manœuvres spectaculaires. Nous l’avons souvent vu faire les faits saillants, alors qu’il déculottait deux ou trois adversaires lors d’une même séquence de jeu. Dans la LNH, ces manœuvres sont plus rares, mais Drouin est tout de même l’un des joueurs réalisant le plus grand nombre de feintes. En effet, seuls Artemi Panarin, Jack Eichel, Connor McDavid, Brad Marchand et John Tavares ont sorti plus d’adversaires de leurs patins que lui cette saison.

Autrement dit, Drouin est capable de tout en zone offensive. Il sait marquer, rejoindre avec brio ses coéquipiers et électriser les foules avec ses feintes. Les statistiques avancées sont sans équivoque : Jonathan Drouin est l’un des plus beaux talents de la LNH.

Les amateurs de la Sainte-Flanelle tomberont ainsi rapidement sous le charme de l’attaquant, lui qui est un joueur extrêmement spectaculaire. Il n’a d’ailleurs pas peur d’y aller de montées à l’emporte-pièce, transportant plusieurs fois par partie le disque de son propre territoire jusqu’en zone offensive, ce qui n’est pas sans rappeler un certain P.K. Subban.

Lorsque Drouin prendra possession de la rondelle dans l’uniforme tricolore, c’est tout le Centre Bell qui bondira de son siège et retiendra son souffle, attendant le prochain coup d’éclat du Québécois. C’est justement la cerise sur le gâteau. Jonathan Drouin est un petit gars de Ste-Agathe, un petit gars de chez nous. Il est souvent reproché au Canadien de ne pas aligner suffisamment de Québécois. En acquérant Drouin, non seulement le CH alignera un joueur au talent incommensurable, mais il alignera un Québécois auquel les amateurs s’identifieront, dont ils feront leur fierté. Obtenir un Québécois brillant offensivement, c’est une double victoire.

Si Jonathan Drouin est si bon, comment se fait-il que Tampa se soit défait de ses droits? Steve Yzerman est menotté avec le plafond salarial, Drouin n’a jamais été l’homme de l’entraîneur-chef John Cooper et le Lightning met tout de même le grappin sur un joyau à la ligne bleue en Sergachev.

Peu importe, à court terme, le Canadien sort gagnant de cette transaction, ayant drastiquement amélioré sa formation dans l’immédiat. Rien ne garantissait que Sergachev fasse l’équipe dès l’an prochain, alors que Drouin sera assurément un rouage important. Il risque même d’exploser dans la métropole, lui qui n’a jamais profité de la pleine confiance de son entraîneur sous le chaud soleil de la Floride, ce qui a même donné lieu à plusieurs épisodes à l’extérieur de la patinoire dignes d’une télé-réalité.

En effectuant une telle transaction, cela laisse présager que les dirigeants du Canadien feront tout pour bien faire paraître leur nouvelle acquisition, lui qui devrait bénéficier d’un temps d’utilisation de qualité et évoluer avec les meilleurs attaquants du club, ce qui ne fut pas toujours le cas à Tampa Bay. Toutes les conditions semblent réunies pour que Drouin réalise son plein potentiel ici, à Montréal.

Encore plus important, avec les contrats de Carey Price et de Max Pacioretty qui arrivent à échéance, Bergevin envoie un signal fort : le Canadien fait tout pour être au plus fort de la lutte dès la prochaine saison.