Dopage en Russie : L'art de balayer sous le tapis
Sports divers jeudi, 12 nov. 2015. 14:51 vendredi, 22 nov. 2024. 13:58
On était prévenu. Le rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA) sera dévastateur, bien pire que celui qui a secoué la FIFA. Le gouvernement russe a instauré un véritable système de dopage : complicité, aveuglement volontaire, corruption, fraude, extorsion, tout et tout le monde y passent. Au coeur de ce scandale, les dirigeants russes, ceux de la Fédération russe d'athlétisme, les entraîneurs et les athlètes. Et même la Fédération internationale d'athlétisme.
La plupart des athlètes étaient volontaires, mais certains ne voulaient pas participer « au programme », dit-on. Ceux-là étaient menacés de perdre leur place sur l'équipe nationale, de ne plus travailler avec les meilleurs entraîneurs ou de ne plus avoir accès aux meilleurs sites d'entraînement.
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Tout le monde était mis à contribution, y compris les agents des services secrets qui prétendaient être des scientifiques pour mieux infiltrer les laboratoires. On intimidait les contrôleurs chargés des tests antidopage, on échangeait les échantillons quand on ne les faisait pas disparaÎtre tout simplement. Les athlètes reconnus coupables de dopage était carrément rançonnés pour qu'on efface leur dossier. Tout le monde est indigné.
L'AMA suggère de bannir la Russie des compétitions internationales, incluant les Jeux olympiques de Rio l'été prochain. Wow! Mais on ajoute, « à moins que la Russie fasse le ménage. Il reste du temps pour éviter une telle sanction à condition qu'elle s'y mette immédiatement ». Déjà au lendemain de la publication du rapport, le ton avait baissé. La balloune commençait déjà à se dégonfler. Le président Vladimir Poutine promet de punir les coupables, la Fédération russe d'athlétisme reconnaît ses torts, Thomas Bach est content et on passe à autre chose. Pout! Pout! Pout!
Si on est prêt à passer l'éponge sur les agissements des dirigeants russes, va-t-on aussi le faire avec les athlètes qui se sont dopés?
Particulièrement ceux qui l'ont fait contre leur gré? Comme on dit, celui qui tient le sac est aussi coupable que celui qui commet le vol. Ce qu'on a appris est bien pire qu'un athlète qui se « shoot » dans une chambre d'hôtel sous le regard complice de son entraÎneur. Même si l'un n'excuse pas l'autre.
Mais avez-vous cru un seul instant qu'on allait interdire la Russie aux Olympiques? La Russie est un joueur majeur sur la planète sportive. Le CIO n'a pas les moyens de se passer de son argent, de son prestige. Avez-vous imaginé des JO sans la Russie? On va donc lui donner toutes les chances de faire amende honorable. Le problème avec les Russes est qu'ils sont des multi-récidivistes. En 2013, il y a eu plus de cas de dopage au pays de Poutine que partout ailleurs dans le monde, 225 ou 12 % de tous les cas recensés, et 20 % de ces cas impliquaient l'athlétisme. Et il semble que ce qui était bon pour l'athlétisme le serait aussi pour la natation, l'aviron et le ski de fond. Et ce qui était bon pour la Russie, le serait aussi pour d'autres pays comme la Chine et le Kenya. Pensez-vous qu'on va bannir tous ces pays?
Crise existentielle
La LHJMQ vit-elle une crise existentielle? Après que Stéphane Leroux et La Presse nous aient appris la semaine dernière que 13 des 18 équipes attiraient moins de monde qu'à pareille date l'an dernier, Philippe Boucher des Remparts de Québec y est allé en fin de semaine d'une spectaculaire sortie dans les médias.
« On veut de beaux petits étudiants, bien habillés, polis, gentils, qui ont de bonnes notes. Mon gars est poli, gentil et il a de bonnes notes, mais j'aime ça en sacrament quand il se beurre le nez, qu'il se bat et qu'il fait le bum sur la glace. Un gouverneur que je connais m'a dit "Les petits étudiants parfaits, ça vide nos arénas" ». Ses propos ont fait le tour de la ligue et ont fait réagir.
D'abord, il ne faut pas prendre ses propos au premier degré. Il a exprimé avec des mots crus ce que plusieurs pensent. Benoît Groulx, des Olympiques de Gatineau, croit que la majorité des entraîneurs vont être d'accord avec Boucher. À Chicoutimi, Yanick Jean reconnaît que le hockey junior manque d'émotions. Dans La Presse, un gouverneur a fait un lien direct entre la disparition des bagarres et la baisse des assistances.
L'ex-entraîneur Richard Martel parle d'une quête d'identité. « Ce n'est pas une absence de robustesse, c'est une absence de gros noms au niveau des joueurs et le fait qu'on ait perdu quelques entraîneurs », a-t-il déclaré à la radio du 98,5 FM. Martel faisait allusion à son congédiement et au départ de Patrick Roy pour le Colorado, qui ont tué la rivalité entre les Remparts et les Saguenéens de Chicoutimi. Tout ça est plein de sens, mais à mon avis il y a plus.
Certains ont avancé le nombre d'équipes qui diluait le produit, le calendrier trop exigeant, les voyages, etc. Mais si ça fonctionne en Ontario et dans l'Ouest, pourquoi pas ici?
Ensuite, il n'y a pas cette saison une super-vedette pour attirer les foules.
Aussi, la concurrence n'a jamais été aussi forte. Le football, le basketball, le soccer, nommez-les, les jeunes ont le choix. Et je ne vous parle même pas de l'industrie des jeux vidéo, qui prend de plus en plus de place.
Puis, il y a les restaurants, le cinéma et les spectacles et du hockey tous les soirs à la télévision.
Aujourd'hui, les gens veulent vivre une expérience quand ils assistent à un évènement sportif. On doit leur offrir plus que « la game ». Les amphithéâtres modernes ont des restos, des bars, des « lounges » où les amateurs peuvent se réunir. Il y a de l'animation et de la musique. On va au football pour le match, mais aussi pour le « tailgate party ».
Évidemment, la LHJMQ n'est pas la LNH ou la NFL. Elle n'a pas les mêmes moyens et beaucoup de ses amphithéâtres sont désuets. Mais elle devra trouver un moyen de se réinventer, de faire que chaque match devienne un « happening ». Le modèle qu'elle offre date des années 70, comme les bagarres d'ailleurs.