La leçon de tennis de Louis Borfiga
Tennis jeudi, 10 mars 2011. 21:35 dimanche, 24 nov. 2024. 21:30
Chaque entraîneur possède un leitmotiv bien singulier. Celui de Louis Borfiga se compose de trois petites vertus caractérisant l'homme qu'il est et le joueur de tennis idéal qu'il cherche à former : ambition, rigueur et simplicité.
Vice-président du développement de l'élite à Tennis Canada depuis près de cinq ans, Louis Borfiga s'affaire à ce que ces trois petits mots soient à la base de chacune des structures mises en place pour que l'élite mondiale du tennis ait aussi une représentation canadienne.
Et, à la lumière des résultats compilés depuis 2008 par les Aleksandra Wozniak, Rebecca Marino et tout récemment, Milos Raonic, force est d'admettre que le modèle tennistique de Louis Borfiga rapporte des dividendes.
«À mon arrivée au Canada en 2006, j'avais dit qu'il fallait quand même laisser un certain nombre d'années avant que les structures ne commencent à porter fruit. On n'est pas des magiciens, explique Louis Borfiga lorsque rencontré par le RDS.ca dans son bureau du Centre national du Stade Uniprix. On peut dire qu'Aleksandra, Rebecca et Milos sont les trois bébés du centre.»
Né à Monaco, pays pour lequel il a porté les couleurs en Coupe Davis de 1973 à 1982, Louis Borfiga a l'habitude de voir ses «bébés» grandir pour finalement devenir de grands joueurs de tennis.
Fier d'un prolifique parcours au sein de la Fédération Française de tennis, pas moins de dix joueurs formés sous la tutelle de Borfiga ont atteint le top 100 mondial. Du nombre, on retrouve Jo-Wilfried Tsonga, finaliste aux Internationaux d'Australie en 2008, Gaël Monfils, demi-finaliste à Roland-Garros en 2008 et Sébastien Grosjean, demi-finaliste à Wimbledon et ancien quatrième joueur au monde. Un palmarès à faire l'envie de plusieurs.
Désireux d'imprégner une culture tennistique dans un pays étranger où ce sport ne jouit pas d'une aussi grande tradition et popularité qu'en France, Louis Borfiga s'est laissé tenter par l'aventure canadienne. Lorsqu'interrogé sur la possibilité de réaliser pareil tour de force au nord du 49e parallèle, Borfiga n'émet aucun doute et sa réponse est catégorique.
«On est capable de placer quatre à six joueurs dans le top 100 mondial. Atteindre cet objectif serait parfait et ça voudrait dire qu'on a super bien travaillé», explique Louis Borfiga.
Et Milos Raonic, 37e raquette mondial, jusqu'où son potentiel peut-il le mener? À l'instar de Tsonga, la nouvelle coqueluche du tennis canadien peut-elle réaliser l'impensable en atteignant une finale d'un tournoi du Grand Chelem?
Encore une fois, la réponse de Borfiga est catégorique, et quelque peu élogieuse.
«Milos est certainement dans la lignée de Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Gilles Simon. Il a le même profil et il a autant sinon plus de talent que certains d'entre eux. Pour atteindre une finale d'un tournoi du Grand Chelem, il faudra à Milos encore deux ou trois ans d'expérience. Quand Tsonga l'a atteint, il avait 22 ans», précise Borfiga, en prenant bien soin de rappeler que pour se qualifier pour l'ultime étape d'un tournoi du Grand Chelem, un très grand potentiel est essentiel, certes, mais il faut aussi que les astres s'alignent dans un tableau favorable.
«Ça prend un brin de chance. Une finale en Grand Chelem, il faut la prendre quand elle passe», prend-il le temps de rappeler.
Les leçons de Bjorn Borg
Louis Borfiga se devait de changer les mentalités et d'adapter son discours afin d'améliorer les chances de succès du tennis canadien.
«À mon arrivée au Centre national, je trouvais que ça manquait d'ambition et qu'on se contentait de peu, qu'on s'entraînait plus pour jouer que pour gagner, se rappelle celui qui a mis un terme à sa carrière professionnelle en 1985. Je voulais qu'on ait de meilleurs repères pour se dire qu'on pouvait rivaliser nous aussi à l'échelle internationale», explique Borfiga d'un ton posé.
C'est en agissant à titre de partenaire d'entraînement de l'un des meilleurs joueurs de l'ère Open, Bjorn Borg, maître incontesté de Wimbledon de 1976 à 1980, que Borfiga a réalisé que les grands champions se cassaient souvent moins la tête que leurs rivaux.
Tout comme les entraînements de Borg, explique Louis Borfiga, il fallait simplifier la façon de faire à Tennis Canada en laissant de côté des exercices trop complexes pour mieux se concentrer sur l'objectif principal : la compétition.
Ce constat est un peu à la base des structures mises en place par Louis Borfiga au Centre national. Chez ses entraîneurs, il veut retrouver cette même modestie, cette même passion, ce sens du travail acharné. Chez ses jeunes protégés, il demande patience et combativité, qualités essentielles au développement d'un sens tactique.
C'est cette philosophie d'entraînement qui régnait au Centre national du Stade Uniprix lorsque Milos Raonic y a fait ses premiers pas. Hébergé dans une famille tout près du Parc Jarry, le jeune homme originaire de Thornhill en Ontario a fait ses classes pour finalement gagner en confiance et surprendre le monde du tennis en atteignant le quatrième tour des Internationaux d'Australie en janvier dernier et en gagnant un premier titre sur le circuit de l'ATP à San Jose quelques semaines plus tard.
Louis Borfiga l'admet, cette éclosion est survenue un peu plus rapidement qu'anticipée. «On savait qu'il allait exploser, mais honnêtement, il n'y a personne qui s'attendait à ce qu'il fasse si bien aussi rapidement. On pensait qu'il lui fallait encore un an ou deux pour qu'il atteigne ce niveau», confie-t-il.
Un enthousiasme partagé
Louis Borfiga le reconnaît, cette évolution de Milos, jumelée à celle de Rebecca Marino et du retour en forme d'Aleksandra Wozniak aura un effet d'entraînement très bénéfique sur le développement d'une plus grande culture tennistique au Canada et au Québec. À commencer chez les plus jeunes joueurs.
«Le tennis au Canada avait besoin de cet effet d'entraînement. Tout était mis en place, il ne nous manquait qu'un grand joueur ou une grande joueuse et on commence à les avoir. Je suis étonné de voir qu'aux nouvelles du soir on met régulièrement les résultats des Canadiens. Le Québec est une région de pointe au Canada pour supporter le tennis», indique Louis Borfiga.
Cet enthousiasme généré par les résultats des dernières années semble avoir atteint les différents paliers de gouvernements qui ont investi 13 millions $ l'été dernier pour permettre la construction de quatre nouveaux terrains en terre battue - la meilleure surface pour développer les jeunes espoirs en raison du nombre important d'échanges effectués sur cette surface - au Stade Uniprix. Les terrains devraient être opérationnels au mois de juin.
Nul doute, Tennis Canada semble avoir rassemblé les éléments nécessaires à un avenir prometteur. Et parions que cet avenir atteindra son apogée en toute simplicité.
Vice-président du développement de l'élite à Tennis Canada depuis près de cinq ans, Louis Borfiga s'affaire à ce que ces trois petits mots soient à la base de chacune des structures mises en place pour que l'élite mondiale du tennis ait aussi une représentation canadienne.
Et, à la lumière des résultats compilés depuis 2008 par les Aleksandra Wozniak, Rebecca Marino et tout récemment, Milos Raonic, force est d'admettre que le modèle tennistique de Louis Borfiga rapporte des dividendes.
«À mon arrivée au Canada en 2006, j'avais dit qu'il fallait quand même laisser un certain nombre d'années avant que les structures ne commencent à porter fruit. On n'est pas des magiciens, explique Louis Borfiga lorsque rencontré par le RDS.ca dans son bureau du Centre national du Stade Uniprix. On peut dire qu'Aleksandra, Rebecca et Milos sont les trois bébés du centre.»
Né à Monaco, pays pour lequel il a porté les couleurs en Coupe Davis de 1973 à 1982, Louis Borfiga a l'habitude de voir ses «bébés» grandir pour finalement devenir de grands joueurs de tennis.
Fier d'un prolifique parcours au sein de la Fédération Française de tennis, pas moins de dix joueurs formés sous la tutelle de Borfiga ont atteint le top 100 mondial. Du nombre, on retrouve Jo-Wilfried Tsonga, finaliste aux Internationaux d'Australie en 2008, Gaël Monfils, demi-finaliste à Roland-Garros en 2008 et Sébastien Grosjean, demi-finaliste à Wimbledon et ancien quatrième joueur au monde. Un palmarès à faire l'envie de plusieurs.
Désireux d'imprégner une culture tennistique dans un pays étranger où ce sport ne jouit pas d'une aussi grande tradition et popularité qu'en France, Louis Borfiga s'est laissé tenter par l'aventure canadienne. Lorsqu'interrogé sur la possibilité de réaliser pareil tour de force au nord du 49e parallèle, Borfiga n'émet aucun doute et sa réponse est catégorique.
«On est capable de placer quatre à six joueurs dans le top 100 mondial. Atteindre cet objectif serait parfait et ça voudrait dire qu'on a super bien travaillé», explique Louis Borfiga.
Et Milos Raonic, 37e raquette mondial, jusqu'où son potentiel peut-il le mener? À l'instar de Tsonga, la nouvelle coqueluche du tennis canadien peut-elle réaliser l'impensable en atteignant une finale d'un tournoi du Grand Chelem?
Encore une fois, la réponse de Borfiga est catégorique, et quelque peu élogieuse.
«Milos est certainement dans la lignée de Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Gilles Simon. Il a le même profil et il a autant sinon plus de talent que certains d'entre eux. Pour atteindre une finale d'un tournoi du Grand Chelem, il faudra à Milos encore deux ou trois ans d'expérience. Quand Tsonga l'a atteint, il avait 22 ans», précise Borfiga, en prenant bien soin de rappeler que pour se qualifier pour l'ultime étape d'un tournoi du Grand Chelem, un très grand potentiel est essentiel, certes, mais il faut aussi que les astres s'alignent dans un tableau favorable.
«Ça prend un brin de chance. Une finale en Grand Chelem, il faut la prendre quand elle passe», prend-il le temps de rappeler.
Les leçons de Bjorn Borg
Louis Borfiga se devait de changer les mentalités et d'adapter son discours afin d'améliorer les chances de succès du tennis canadien.
«À mon arrivée au Centre national, je trouvais que ça manquait d'ambition et qu'on se contentait de peu, qu'on s'entraînait plus pour jouer que pour gagner, se rappelle celui qui a mis un terme à sa carrière professionnelle en 1985. Je voulais qu'on ait de meilleurs repères pour se dire qu'on pouvait rivaliser nous aussi à l'échelle internationale», explique Borfiga d'un ton posé.
C'est en agissant à titre de partenaire d'entraînement de l'un des meilleurs joueurs de l'ère Open, Bjorn Borg, maître incontesté de Wimbledon de 1976 à 1980, que Borfiga a réalisé que les grands champions se cassaient souvent moins la tête que leurs rivaux.
Tout comme les entraînements de Borg, explique Louis Borfiga, il fallait simplifier la façon de faire à Tennis Canada en laissant de côté des exercices trop complexes pour mieux se concentrer sur l'objectif principal : la compétition.
Ce constat est un peu à la base des structures mises en place par Louis Borfiga au Centre national. Chez ses entraîneurs, il veut retrouver cette même modestie, cette même passion, ce sens du travail acharné. Chez ses jeunes protégés, il demande patience et combativité, qualités essentielles au développement d'un sens tactique.
C'est cette philosophie d'entraînement qui régnait au Centre national du Stade Uniprix lorsque Milos Raonic y a fait ses premiers pas. Hébergé dans une famille tout près du Parc Jarry, le jeune homme originaire de Thornhill en Ontario a fait ses classes pour finalement gagner en confiance et surprendre le monde du tennis en atteignant le quatrième tour des Internationaux d'Australie en janvier dernier et en gagnant un premier titre sur le circuit de l'ATP à San Jose quelques semaines plus tard.
Louis Borfiga l'admet, cette éclosion est survenue un peu plus rapidement qu'anticipée. «On savait qu'il allait exploser, mais honnêtement, il n'y a personne qui s'attendait à ce qu'il fasse si bien aussi rapidement. On pensait qu'il lui fallait encore un an ou deux pour qu'il atteigne ce niveau», confie-t-il.
Un enthousiasme partagé
Louis Borfiga le reconnaît, cette évolution de Milos, jumelée à celle de Rebecca Marino et du retour en forme d'Aleksandra Wozniak aura un effet d'entraînement très bénéfique sur le développement d'une plus grande culture tennistique au Canada et au Québec. À commencer chez les plus jeunes joueurs.
«Le tennis au Canada avait besoin de cet effet d'entraînement. Tout était mis en place, il ne nous manquait qu'un grand joueur ou une grande joueuse et on commence à les avoir. Je suis étonné de voir qu'aux nouvelles du soir on met régulièrement les résultats des Canadiens. Le Québec est une région de pointe au Canada pour supporter le tennis», indique Louis Borfiga.
Cet enthousiasme généré par les résultats des dernières années semble avoir atteint les différents paliers de gouvernements qui ont investi 13 millions $ l'été dernier pour permettre la construction de quatre nouveaux terrains en terre battue - la meilleure surface pour développer les jeunes espoirs en raison du nombre important d'échanges effectués sur cette surface - au Stade Uniprix. Les terrains devraient être opérationnels au mois de juin.
Nul doute, Tennis Canada semble avoir rassemblé les éléments nécessaires à un avenir prometteur. Et parions que cet avenir atteindra son apogée en toute simplicité.