Une carrière grâce au basket
Montréal Alouettes dimanche, 1 sept. 2013. 08:49 mercredi, 25 déc. 2024. 11:45Byron Parker, le demi de coin des Alouettes de Montréal, a tout tenté pour devenir un joueur professionnel de… basketball. En 2003, il a même surpris tous les connaisseurs de ce sport en remportant le concours de dunks de la NCAA.
Mais au lieu d’attirer les regards de la NBA, ce sont plutôt des équipes de la NFL qui ont cogné à sa porte en voyant ces images.
« C’est drôle parce que j’en discutais justement avec S.J. (Green) et Chip (Cox) aujourd’hui. À ce moment, si vous m’aviez dit que je jouerais au football professionnel pendant une décennie, je ne l’aurais jamais cru et j’ai été choyé », a exprimé Parker au terme de l’entraînement de sa troupe jeudi.
Jusqu’à ce moment tournant de sa vie, Parker avait seulement joué quelques matchs de football à l’école primaire avant d’abandonner ce sport qui était trop violent à ses yeux.
« J’ai vu un joueur Robert Carswell - qui a été repêché quelques années plus tard par les Chargers de San Diego) fendre le casque d’un adversaire sur un plaqué et je me suis dit que je ne jouerais jamais au football et que j’étais un joueur de basket », s’est souvenu Parker en fouillant dans ses souvenirs.
Mais son destin lui réservait une petite surprise. Sollicité par ce sport, il a fini par accepter l’invitation de Chris Scelfo qui dirigeait l’équipe de football de l’Université Tulane qu’il fréquentait.
Au terme de cette année, Parker a frôlé l’atteinte de son rêve qui était de gagner sa vie en jouant au basketball. Étant donné qu’il était sur le point de devenir père pour la première fois, il a refusé un contrat à Porto Rico.
Même à 32 ans, ce moment habite toujours les pensées du sympathique athlète originaire du Kentucky.
« J’en rêve encore même si c’est probablement fini à mon âge », a-t-il confié avec un sourire d’enfant.
Heureusement pour lui, sa progression avait été si fulgurante au football que les Jaguars de Jacksonville lui ont accordé un contrat de la NFL. Tout de même, son parcours ne pouvait être si facile et il a été retranché avant le début de la saison. En attendant le prochain revirement de sa carrière, il a dû travailler en tant que paysagiste pour subvenir aux besoins de sa fille.
« C’est vrai que j’ai fait des sacrifices à cette époque, mais ce n’est jamais difficile pour une belle petite fille », a raconté l’homme de six pieds aux qualités athlétiques indéniables.
Les recruteurs ne manquent jamais d’imagination pour trouver des perles rares, mais cet intérêt soudain avait de quoi surprendre et même Parker était étonné.
« Pour être honnête, je n’ai jamais compris ce que les équipes de la NFL ont vu en moi à ce moment! », a-t-il lancé avec franchise.
« Sauf que j’étais un athlète explosif et je présume qu’ils prévoyaient que je pouvais transposer cela au football. Quand j’y repense, j’aurais souhaité jouer au football dès le secondaire pour mieux gravir les échelons ensuite », a ajouté Parker qui possède le record de la LCF pour le plus de touchés venant d’interceptions (neuf).
Le saut au football canadien
Après quelques mois à patienter, Parker a été embauché par les Argonauts de Toronto pour venir étaler son talent en sol canadien, mais les Cowboys de Dallas lui ont fait signe sans tarder.
Une fois de plus, il a été retranché et il est revenu dans le giron des Argos en 2006. C’est alors qu’une dernière chance s’est présentée pour lui dans la NFL en 2009 avec les Eagles (photo de lui devant Jason Avant). Sauf que l’arrivée d’un certain Michael Vick lui a fait perdre son poste et il s’est établi pour de bon dans la LCF.
Au fil des ans, Parker n’a pas tardé à forger des liens solides avec ses coéquipiers et même certains adversaires. D’ailleurs, il n’a pu s’empêcher de taquiner Marc-Olivier Brouillette en le croisant à la sortie du terrain d’entraînement sans savoir que celui-ci serait questionné sur son caractère.
Cette scène amicale était éloquente sur son caractère apprécié de tous.
« Il est l’un des meilleurs joueurs au niveau de l’influence dans notre vestiaire », a vanté Brouillette. « Dès le premier jour, il était près de moi dans le vestiaire et je pouvais déceler cela. Sur le terrain, certains disaient qu’il avait perdu la fraction de seconde, mais on peut voir que ce n’est pas le cas et il est encore excellent. »
Le porteur de ballon Brandon Whitaker s’est assuré de répliquer aux plaisanteries de Parker.
«Tu dois absolument écrire qu’il est un demi de coin imposant même si ce n’est pas vrai! Il m’agace toujours avec cela », a-t-il répondu avec humour.
« Byron représente tout un leader et j’ai beaucoup appris sur le football grâce à lui. C’est l’un de ces joueurs dont tu vas te souvenir toute ta carrière et après. Je suis content d’avoir pu le connaître après l’avoir affronté et il sera un ami pour longtemps », a enchaîné Whitaker plus sérieusement.
Les Alouettes n’ont pas tardé à le mettre sous contrat quand il a été retranché par les Lions durant la saison morte surtout que les qualités humaines de Parker avaient fait le tour du circuit.
« C’est un excellent gars d’équipe, il est très positif et il réussit aussi beaucoup de jeux importants. On savait qu’il pourrait s’imposer dans notre système et il a accompli avec brio tout ce que nous lui avons demandé », a détaillé Popp.
Autant Brouillette que Whitaker étaient au courant de l’original début de carrière de leur coéquipier.
« Bien sûr qu’on connaît cette histoire reliée au basketball. Il nous en parle tout le temps, j’en connais tous les détails! », a dit Whitaker avec un grand sourire.
Toujours amoureux du basketball
Parker a grandi en admirant Michael Jordan et, encore aujourd’hui, le basketball occupe une place de choix dans sa vie.
« J’adore le football, mais le basket sera toujours numéro un dans mon cœur. Ne vous trompez pas, j’adore jouer au football, mais je vais définitivement regarder le basketball à la télévision si j’ai le choix entre les deux », a avoué l’Américain auteur de 16 plaqués et une interception en 2013.
Son talent au basketball se remarque encore sur le terrain selon Brouillette.
« On peut voir qu’il est excellent pour effectuer les jeux au ballon et c’est évident que ça vient de là. »
En raison des nombreuses blessures et péripéties cette saison chez les Alouettes, Parker n’a pas encore eu la chance de disputer une partie de son sport fétiche contre ses coéquipiers, mais il a pu leur donner un aperçu de ce qui les attend.
« On a lancé des ballons au camp et je les battais facilement si bien que je me sentais quasiment mal. J’aimerais bien jouer un match contre J-Rich (Jamel Richardson) quand il sera rétabli, mais S.J. sera probablement ma prochaine cible », a prévu Parker.
Si son sens de l’humour transparaît, Parker possède une certaine retenue dans sa personnalité et il ne recherche pas l’attention.
« J’aime dire que je suis un meilleur coéquipier que joueur et j’en retire de la fierté. J’aide à intégrer les nouveaux et ceux qui ont des questions. À mon âge, je veux partager mes trucs », a-t-il révélé.
Son exploit au basketball ne lui aura peut-être pas permis de vivre de ce sport, mais plutôt de se forger cette réputation enviable.
« Ce souvenir demeure au sommet parce que ce fut le départ de tout pour moi. Paraître à la télévision (ESPN) m’a donné de la notoriété et je ne serais probablement pas ici aujourd’hui sans cela », a conclu celui qui n’a pas encore soulevé la coupe Grey.