Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Les bonzes d’Équipe Canada l’ont prouvé en se tournant rapidement vers Martin St-Louis pour combler la perte de Steven Stamkos.

Cette décision allait de soi.

Non seulement Martin St-Louis aurait facilement pu – je vais me permettre d’ajouter une fois encore qu’il aurait dû – être de la sélection initiale, mais il était clair que son directeur général avec le Lightning de Tampa Bay, Steve Yzerman, ne pouvait se permettre de lui faire un autre pied de nez.

C’était même impossible.

Lorsque Steve Yzerman et ses associés ont complété la sélection initiale d’Équipe Canada, il était clair, non, évident, que la décision finale de mettre de côté St-Louis avait miné le moral d’Yzerman.

Débarqué à Tampa Bay à titre de directeur général du Lightning tout juste après la conquête de la médaille d’or par le Canada aux Jeux olympiques de Vancouver, Steve Yzerman a alors vite réalisé à quel point il avait commis une erreur en écartant Martin St-Louis de son équipe nationale.

Quatre ans plus tard, après avoir appris à connaître, comprendre et apprécier non seulement le joueur de hockey, mais l’homme déterminé qui se cache sous l’équipement, il était acquis dans les milieux du hockey qu’Yzerman corrigerait l’erreur, voire l’affront, de 2010.

Yzerman s’est battu pour défendre la candidature de St-Louis. Pas seulement parce que le Québécois est un rouage important de son équipe dans la LNH, un club qu’il a tenu à bout de bras en l’absence de Steven Stamkos, mais parce qu’il considérait normal et logique que le vétéran soit de l’équipe canadienne.

Mais voilà! Malgré le fait qu’aux yeux d’Yzerman, d’un tas d’observateurs et d’amateurs de hockey du Québec et d’ailleurs sur la planète hockey, St-Louis était un choix qui allait de soi, d’autres membres de l’état-major d’Équipe Canada étaient d’un avis différent.

C’est donc à contrecœur qu’Yzerman s’est rallié à la majorité. Et c’est lui qui a pris le temps, la veille de l’annonce officielle, de communiquer l’information à St-Louis. De partager avec lui le désarroi et sans doute aussi un peu la colère associés à cette décision.

Je ne sais pas si le nom de St-Louis était tout en haut de la liste des remplaçants vers qui on devrait se tourner en cas de blessures. Mais en réagissant comme il l’a fait après son exclusion, en continuant à marquer des buts, plus de buts que les meilleurs francs-tireurs de la Ligue, en contribuant aux victoires du Lightning, St-Louis a servi la gifle la plus efficace qu’il pouvait à ceux qui l’avaient mis de côté.

Résultat : lorsque l’annonce de l’absence de Stamkos est tombée comme une tonne de brique en fin d’après-midi mercredi, un seul nom s’est imposé quand est venu le temps de le remplacer. Celui de Martin St-Louis.

Et cette fois, personne n’allait pouvoir convaincre Yzerman de mettre de côté son intention de l’inviter et de lui confier un rôle important au sein de l’équipe.

Quel rôle au juste?

On ne sait pas encore. Et au fond, ça n’a aucune importante. Car bien qu’il soit peut-être un brin ou deux petit et qu’il n’ait plus la vitesse d’il y a trois, cinq ou sept ans, St-Louis a toujours sa combativité, sa fougue et son désir de vaincre.

Car ça, ça ne se perd pas.

Et comme St-Louis a refoulé pas mal de déception il y a quatre ans et il y a quelques semaines, on peut aussi s’attendre à beaucoup de la part du Québécois.

Et ça, c’est une fichue bonne nouvelle pour le pays tout entier. Car avec St-Louis au sein de l’équipe, avec St-Louis qui pourrait aussi bien compléter un trio piloté par Sidney Crosby ou s’imposer dans un rôle défensif tant il est un joueur complet, l’équipe canadienne n’est pas seulement moins bonne au lendemain de l’annonce de l’absence de Steven Stamkos.

Elle est peut-être meilleure.

On verra.

Martin St-Louis deviendra, à 38 ans, le Canadien le plus âgé à prendre part au tournoi olympique. Il devancera de quelques semaines le défenseur Al Macinnis qui a remporté l’or à Salt Lake City en 2002. Wayne Gretzky et Raymond Bourque (Nagano) et Martin Brodeur (Vancouver) suivent alors qu’ils avaient 37 lors de leur dernière participation aux Jeux.

Trop vieux Martin St-Louis? Pas du tout. Et il n’est pas trop petit non plus. Ou trop lent.

Ses 25 buts (11e dans la LNH), ses 54 points (17e dans la LNH), des points qui seraient plus généreux si Stamkos patinait à ses côtés depuis le 11 novembre au lieu de se remettre de ses fractures du tibia et péroné de la jambe droite et son différentiel de plus-16 le confirment avec éloquence.

La sélection de Martin St-Louis corrige une erreur bête qui avait été commise lors de la sélection initiale des 25 membres d’Équipe Canada. Elle fait aussi mentir le proverbe jamais deux sans trois alors que Steve Yzerman a évité de répéter, une troisième de fois de suite l’affront d’écarter St-Louis et donne tout le poids qu’il mérite à un dernier proverbe : celui selon lequel il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Bons Jeux!