Texte tiré du site Bulletin sportif consacré au sport étudiant
Le RSEQ a annoncé lundi que la Ligue de hockey interscolaire du Québec (LHIQ) se joindra à lui à partir de la saison prochaine. Ainsi, une pierre de plus est posée à l’édifice du hockey scolaire que veut construire le gouvernement. Reste maintenant à voir si la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS) fera de même d’ici le 31 mai prochain, date d’échéance de l’entente entre Hockey Québec et le ministère de l’Éducation (MEQ).
Le sport scolaire au Québec passe par le RSEQ. C’est à dire que le Réseau organise les compétitions, gère les calendriers et administre les ligues au nom de ses membres, les établissements d’enseignement. Ce mandat du Réseau du sport étudiant du Québec est le même pour tous les sports. Cependant, pour toutes sortes de raisons, le hockey scolaire s’est créé des structures indépendantes au fil des ans. Ainsi la LHIQ et la LHPS ont fait leur apparition et le MEQ souhaiterait avoir tout le monde au sein d’un même giron.
C’est donc à la demande du MEQ – duquel découle la gestion des organisations sportives – que le RSEQ a mis sur pied un comité chapeauté par Stéphane Auger, coordonnateur hockey au RSEQ et auquel ont participé des noms connus du hockey québécois tels que Marc Denis, Stéphane Fiset, Dominic Ricard, Stéphane Quintal et Martin Raymond pour proposer des recommandations visant à harmoniser les structures. Un rapport a été rendu à la fin 2020 qui comportait cinq grandes recommandations.
La décision de la LHIQ ne s’est toutefois pas prise directement à cause des recommandations du comité comme le mentionne Stéphane Auger. « Les discussions avaient lieu depuis un bon moment déjà. En mai 2020, une entente d’un an avait été signée et faute de résultat, elle a été reconduite pour une année supplémentaire. On peut dire que le rapport a donné une erre d’aller qui a permis d’accélérer les choses. On a pris un par un chaque point qui était considéré comme litigieux et on s’est rendu compte qu’il y avait moins d’irritants qu’on le pensait. Il y aura bien sûr une période de transition qui pourrait prendre jusqu’à trois ans, mais la LHIQ est maintenant partie intégrante du RSEQ. »
L’analyste des matchs des Canadiens de Montréal au Réseau des sports et ancien gardien de but de la LNH, Marc Denis a qualifié de très bonne nouvelle l’arrivée de la LHIQ au sein du giron du RSEQ. « Je n’ai pas été impliqué dans les négociations, mais cette association démontre qu’on veut avancer dans la bonne direction. »
Participant aux travaux du comité, Marc Denis explique son rôle : « Notre objectif n’était pas de simplement amener tout le monde à faire comme le RSEQ, mais de déterminer quelles étaient les meilleures règles de fonctionnement pour les élèves et le développement du hockey scolaire. Nous amenions chacun notre expérience comme joueur, entraîneur et parent avec les différentes ligues. J’ai deux garçons qui ont évolué dans ces structures. On les a vues ces ligues et de ce fait, on avait beaucoup d’expertise à mettre en commun. Alors si on pensait qu’une façon de faire était meilleure dans une ligue qu’une autre, on ne s’est pas gêné pour la mettre de l’avant. »
Il ajoute toutefois : »Nous ne sommes pas des gars de terrain. Personnellement, je n’ai pas une grande connaissance des différentes règles de gouvernance. Ce qui nous importait était de s’assurer que les élèves soient au centre des priorités et éviter les guerres de clocher. On voulait voir ce qui est bon pour le hockey. Un élève peut-il jouer au meilleur niveau pour lui? Est-ce qu’on peut s’assurer qu’il passe plus de temps à l’école et réussisse ses cours tout en jouant au hockey? On n’aura peut-être pas raison sur tout parce qu’on n’est pas sur le terrain pour mettre en place les différentes pratiques, mais on aura proposé ce qu’on pense être le mieux. Maintenant, si les différentes ligues scolaires choisissent de se rassembler, c’est tant mieux et ça reflète aussi ce qu’on a vu durant les comités, une très grande ouverture d’esprit de la part de tout le monde. »
Cette ouverture d’esprit, je l’ai effectivement constatée chez Louis Simard, directeur général et président du C.A. de la LHPS. Mais la volonté de s’entendre ne fait pas en sorte qu’on soit prêt à plier sur des principes fondateurs. » En 10 ans, nous avons créé des comités de réussite scolaire et de discipline. Notre mandat numéro un, c’est la scolarisation. Dans nos équipes, la réussite se situe entre 92% et 96%. On a des cahiers d’évaluation pour faire le suivi scolaire. Nos matchs se jouent le soir et la fin de semaine pour permettre aux jeunes de passer le maximum de temps dans les salles de classe. Ça fait partie de nos fondements et ça a un coût. Mais est-ce que les membres du RSEQ sont prêts à débourser ce qu’il faudra pour implanter ce genre d’initiative? »
Louis Simard croit fortement au modèle de la LHPS. Et franchement, je me permets d’ajouter qu’il sait comment présenter non seulement son produit, mais la philosophie qui le sous-tend « Quand l’appareil législatif soutient le travail de l’école, la réussite est triplée et même quadruplée. C’est Égide Royer qui le dit (NDLR : psychologue et professeur titulaire en adaptation scolaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval). Le hockey est un moyen pour la réussite des jeunes. Mais ça prend des structures solides pour bien faire les choses. On n’a pas de politique nationale du sport au Québec alors ça se fait avec des bénévoles et le développement est aléatoire. Ça prend du courage politique pour brasser le modèle actuel. »
Simard complète toutefois en insistant sur son désir de s’entendre avec le RSEQ. « On veut enlever les frontières. La pandémie l’a bien montré. Tout le monde voudrait qu’on puisse jouer un contre l’autre. Ce n’est pas normal que mon école ne puisse pas affronter la polyvalente voisine. On l’a fait au football et ce sont les meilleurs événements de l’année à cause des belle rivalités qui se sont créées. On a commencé et on va continuer de se donner à 100% à la table de négociation avec Stéphane Auger pour essayer de s’entendre. Ceci dit, ça fait 11 ans qu’on existe en-dehors du RSEQ, on pourrait très bien amorcer une douzième saison sans être fédéré et ça fonctionnerait malgré tout. On l’a déjà fait dans le passé. »
De son côté, Stéphane Auger demeure optimiste. « On veut arriver à une entente assez vite. Il y avait une méfiance avant, mais je sens beaucoup d’ouverture d’esprit et ça devrait bien se passer. Oui, les enjeux sont différents notamment en ce qui concerne la mise en échec et les horaires de matchs, mais l’objectif pour tout le monde est d’améliorer ce qui se fait pour les élèves-athlètes. On ne fait pas que demander aux ligues de changer leur façon de faire, le RSEQ aussi va s’adapter. »
Si la LHIQ a eu une certaine facilité à rentrer au bercail c’est justement parce que ses structures ne diffèrent pas tant que cela de celles du RSEQ. La LHIQ en faisait partie il y a quelques années avant de quitter suite à une divergence concernant les mises en échec. Par contre, il faut comprendre que ce sera plus complexe dans les négos avec la LHPS. Les standards établis par cette dernière sont élevés et les membres de la ligue ne voudront pas nécessairement embarquer au sein d’une structure administrative comme celle du RSEQ.
Au total, toutes catégories confondues, ce sont 188 équipes qui composent la LHIQ et la LHPS, donc grosso modo 3000 élèves-athlètes qui s’ajouteront(raient) au RSEQ. Il y a donc tout lieu de bien faire les choses. Tout ne sera probablement pas parfait, mais on a le mérite d’avancer. Il faut saluer ça. Un dossier intéressant à suivre.
Je rappelle que dans une conversation précédente avec Stéphane Auger où il était question du nombre trop faible d’équipes universitaires de hockey au Québec, il m’avait mentionné vouloir d’abord travailler sur les fondations du réseau de hockey scolaire. C’est ce qu’il fait.
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