Il y a 40 ans aujourd’hui, les organisateurs du Marathon de Boston disqualifiaient la gagnante de l’épreuve. Huit jours plus tôt, Rosie Ruiz était sortie de la foule à quelques kilomètres de la ligne d’arrivée. D’origine cubaine, cette assistante administrative de New York avait également triché lors du Marathon de New York en utilisant le métro! Cette rocambolesque histoire connaissait son dénouement en ce jour, en 1980.
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Organisé annuellement depuis 1897, le Marathon de Boston est un incontournable dans le domaine de la course à pied. Le Québécois Gérard Côté l’a d’ailleurs remporté à quatre occasions entre 1940 et 1948. Des participants de partout dans le monde convergent vers Boston à tous les troisièmes lundi d’avril pour prendre part à une page de l’histoire de la course de fond. La 84e édition devait être un autre rendez-vous où le fair-play allait faire foi de tout. Pourtant, une histoire hors de l’ordinaire allait s’en dégager.
Le Marathon de New York en métro!
Ruiz s’était assurée une place sur la ligne de départ à Boston suite à sa performance à l’épreuve newyorkaise. Cependant, après les événements de la ville du Massachusetts, les organisateurs du Marathon de New York avaient ouvert une enquête sur la performance de Ruiz. Susan Morrow, une photographe indépendant, avait déclaré au New York Times qu’elle avait parlé avec Ruiz dans le métro alors que la course se déroulait. Selon les propos de Morrow, Ruiz avait abandonné en raison d’une blessure à la cheville. Cependant, Ruiz déclarera avoir terminé le parcours en 2:56:33. Suite au Marathon de Boston, les organisateurs prouveront que Ruiz n’avait jamais franchi la ligne d’arrivée, et que par conséquent elle était disqualifiée de façon rétroactive.
Le Marathon Boston
Ruiz avait terminé l’épreuve en 2:31:56. Il s’agissait d’un temps exceptionnel, si l’on compare avec son chrono enregistré à New York six mois plus tôt; où elle avait eu besoin de 25 minutes de plus pour compléter les 42,2 kilomètres. Les organisateurs avaient remarqué aussi que Ruiz ne semblait nullement incommodé physiquement. Après avoir couronné Ruiz, le scepticisme allait ainsi s’installer en regard de la performance de cette parfaite inconnue. Une inconnue qui laissait derrière les meilleures coureuses au monde. Voici comment le Boston Globe avait présenté l’histoire en 1980 : « On ne peut voir aucune image de Ruiz avant l’arrivée, aucun responsable de course ou représentants du Globe n’a vu Ruiz. Un examen des nombreuses images brutes de la course par trois stagiaires à WGBH-TV n’a démontré aucune image de la coureuse passant près de l’une des caméras avant l’arrivée. Des participantes et participants qui ont terminé quelques minutes avant ou après Ruiz, personne ne se souvient de l’avoir vue à n’importe quel moment de la course. Et plusieurs ont indiqué avoir couru près de la deuxième et gagnante probable, Jacqueline Gareau, et que la foule l’acclamait comme la meneuse. »
Source: Associated PressLégende: Rosie Ruiz
Le triomphe de l’honnêteté
Les raisons du comportement de Ruiz n’ont jamais été vraiment établies. Les années qui allaient suivre seront difficiles pour Ruiz. Elle sera entre autre accusée d’avoir volé un employeur en 1982, puis d’avoir vendu de la drogue à un agent d’infiltration. Dans les deux cas, elle sera condamnée à des peines d’emprisonnement.
Suite à la disqualification de Ruiz, c’est finalement Jacqueline Gareau qui allait être sacrée championne. Gareau voyait ses années d’efforts être récompensées. Elle était devenue la première canadienne, et la seule à ce jour, à gagner le Marathon de Boston.
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