Le 20 novembre dernier, la Ligue canadienne de football (LCF) a dévoilé l'horaire de la saison 2021. Habituellement rendue publique durant le mois de décembre après la conclusion de la saison, la programmation a cette fois été incluse dans les activités virtuelles de ce qui aurait été, en temps normal, la semaine de la Coupe Grey. Malheureusement, ce moment, où tout le pays se réunit dans une ambiance festive culminant avec la grande messe de notre football, a laissé place en 2020 à de la nostalgie plus qu'autre chose. Les efforts de la ligue sont louables pour offrir des activités virtuelles alors que les Alouettes ont mis beaucoup d'emphase sur le 10e anniversaire de la dernière Coupe Grey remportée par Montréal. En conséquence, la programmation 2021 semble remplir aujourd'hui un objectif de casse-croute en attendant les événements traditionnels de la saison morte, comme le marché des joueurs autonomes ou le repêchage. Nous ne nous en plaindrons certainement pas.
Le mot d'ordre: les affrontements intradivisions
La première chose qui frappe en regardant l'horaire 2021 de la LCF en général, c'est l'importance des affrontements entre les rivaux de division. Cela peut s'expliquer par la volonté de la ligue de réduire les déplacements. Ça se tient autant d'un point de vue sanitaire qu'économique. Nous constatons ainsi que la ligue semble s'enligner sur des matches disputés dans les stades traditionnels. Un concept de ville bulle, comme développé dans d'autres ligues professionnelles, rendrait caduque la nécessité de multiplier les affrontements intradivisions. Comment cela s'articule dans la réalité? D'habitude, la norme veut que les équipes jouent trois parties contre des rivaux de divisions et deux contre les formations de la division opposée. Il y a toujours des accrocs entre autres en raison du nombre impair des équipes de la ligue, mais cette tendance se tient. Si la saison 2021 se déroule comme prévu, il y aura, au total, huit parties interdivisions de plus qu'à l'habitude. Cela peut créer des déséquilibres : Montréal et Ottawa s'affronteront à six reprises, dont deux matchspré-saison et ce, trois semaines de suite. Même constat entre les Argonauts et les Tiger-cats, qui s'affronteront à cinq reprises dont deux en pré-saison. De plus, même si toutes les équipes s'affronteront au moins une fois, certaines ne traverseront pas le pays avant 2022.
Pour l'amateur de football, cela peut représenter à la fois une bonne et une mauvaise chose. Le mauvais côté évident est que cela peut créer un déséquilibre des forces, où certaines équipes plus fortes pourraient profiter de cette situation pour se booster dans leurs divisions. Cela n'est pas nécessairement quelque chose de nouveau, dans le sens où à chaque année, une ou quelques équipes sont capables de faire la pluie et le beau temps dans la ligue sans être trop inquiétées. Ce fut le cas des Stampeders au cours de la décennie 2011. Cependant, le fait que les équipes s'affrontent plus ou moins à un nombre équivalent de reprises peut aussi avoir comme conséquence que les équipes participant aux séries soient assez représentatives du niveau national. En maximisant les affrontements intradivisions, une équipe considérée comme forte, par exemple les Tiger-Cats, pourrait plus facilement se tailler une place dans les séries grâce à la relative faiblesse de la division Est. Un nombre moins important d'affrontements contre des équipes de l'Ouest, considérées comme plus fortes, pourrait empêcher cet équilibre qu'offrirait une quantité d'affrontements plus uniformes entre les équipes de la LCF.
D'un autre côté, cette situation offre un avantage de taille. La LCF a la réputation où les choses peuvent changer rapidement, où les coups de théâtre sont nombreux. En ajoutant un nombre plus important d'affrontements intradivisions, le fan peut se réjouir de voir le classement être bouleversé après une semaine, de voir son équipe se hisser dans le haut de la division ou, au contraire, y sombrer aussi rapidement qu'un claquement de doigts. La course aux séries devient bien plus intéressante grâce aux revirements de situation plus nombreux. Les activités de la ligue deviennent encore plus excitantes à suivre.
Des détails qui font du bien
La LCF est une ligue de tradition. Outre les activités de la semaine de la Coupe Grey, un élément chéri par les amateurs est les affrontements traditionnels entre les grands rivaux aux dates de fête. Après le tollé suscité par l'absence de match pendant l'Action de Grâce en 2019, l'affrontement entre les Alouettes et le Rouge et Noir lors du lundi sacré permettront aux amateurs de pouvoir renouer avec leurs traditions football (personnellement, je mange du PFK en regardant la partie). Les autres moments de ce genre demeurent. La saison commence une fois de plus avec un affrontement entre les deux finalistes de la Coupe Grey, les Tiger-Cats de Hamilton et les Blue Bombers de Winnipeg. La Fête du Travail, véritable fin de semaine de rivalité et considérée comme le point de départ à la course aux séries, mettra aux prises une fois de plus des affrontements aller-retour entre les Tiger-Cats et les Argonauts, entre les RoughRiders et les Blue Bombers (le Banjo Bowl) et les Stampeders et les Eskimos. La rivalité entre les Alouettes et le Rouge et Noir permettra de se faire aussi reconnaitre dans un affrontement le vendredi. Enfin, autre marque de tradition notable, les séries éliminatoires et la grande finale auront lieu les dimanches de novembre.
En parlant des dimanches, c'est le principal point noir de cette programmation à mes yeux. Outre les séries, il n'y aura qu'un seul match un dimanche en saison régulière, celui de la Fête du Travail. Il s'agit d'un élément controversé puisque la décision d'utiliser le vendredi et le samedi ne semble pas s'expliquer pour des motifs financiers du point de vue de la ligue. La compétition avec la NFL ne peut représenter à lui seul un facteur puisque c'est justement en automne que les cotes d'écoute sont à la hausse. Peu à peu, la LCF a préféré se désengager de cette journée sans nécessairement faire des gains significatifs au point de justifier l'abandon du dimanche. Elle a même essayer le concept du «super samedi», soit trois matchs de football en rafale, mais l'idée n'a pas fait long feu. Un seul super samedi aura lieu en 2021, à la semaine 14, alors que dans la très grande majorité des cas, deux matchs seront présentés à cette journée de la semaine. Les amateurs qui rechignent le changement, dont votre humble serviteur avoue faire partie, pourront se consoler en se disant que les séries restent inchangées malgré les tentatives du commissaire Ambrosie.
Comme on le sait, tout ceci est sujet à changement.Outre les aléas de la crise du Covid-19, la LCF doit s'entendre avec l'association des joueurs et travailler à mettre sur pieds un système visant à éviter de trop grosses pertes financières.Nous savons que la ligue dépend beaucoup des revenus tirés de la billetterie.Il sera difficile pour la LCF de tenir une saison complète et «normale» s'il y a peu ou pas de gens dans les gradins.Quoiqu'il en soit, on semble se diriger vers une saison morte comme nous en avons l'habitude, avec un marché des joueurs autonomes et un repêchage.
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