Au repêchage de 2018, les Bills de Buffalo ont pris un énorme risque en choisissant Josh Allen au septième rang. Après une carrière universitaire lors de laquelle il n’a pas particulièrement dominé face à un niveau de compétition plutôt faible, où il ne complétait qu’environ 56% de ses passes, le quart-arrière était un des espoirs les plus polarisants de son année. Certains le voyaient être sélectionné au tout premier rang alors que d’autres ne pensaient même pas qu’il méritait d’être choisi en première ronde. Sa taille, son bras canon et son athlétisme ont piqué la curiosité de nombreux acteurs du milieu et ses attributs physiques ont convaincu les Bills d’améliorer leur rang de sélection afin de le sélectionner. Ils ont pris un énorme risque en choisissant le grand gaillard de 6’5 et 235 livres. Le directeur général Brandon Beane et l’entraineur-chef Sean McDermott savaient qu’ils misaient leur emploi en choisissant Josh Allen. S’il ne se développait pas comme prévu, les deux hommes perdraient assurément leur poste. Par contre, son potentiel était tellement grand que les dirigeants de Buffalo étaient prêts à prendre le risque. Ils étaient prêts à tenter le coup de circuit.
Allen était un talent extrêmement brut et propice aux erreurs à son arrivée dans la NFL. À son année recrue, il n’a complété que 52% de ses passes et a seulement lancé 10 passes de touchés en plus de 12 interceptions. Il s’est toutefois amélioré d’année en année. Afin d’aider son jeune quart-arrière, Beane a signé les receveurs vétérans John Brown et Cole Beasley. La saison suivante, il a rejoint un receveur sur presque 59% de ses passes et a lancé 20 touchés pour 9 interceptions. Aidés par une des meilleures défenses de la ligue, les Bills ont même accédé aux séries éliminatoires, perdant aux mains des Texans de Houston en première ronde. Travailleur acharné, Josh Allen a mis énormément d’efforts pendant les saisons mortes afin d’améliorer entre autres sa précision, ce qui était considéré comme sa plus grande faille.
Cette saison, le fruit des efforts a rapporté et le pari de Buffalo semble réussi. Josh Allen fait désormais partie de l’élite des quarts de la ligue et son équipe a remporté la division pour la première fois depuis 1995. Forts d’une fiche de 13 victoires et 3 défaites, les Bills sont menés par une des attaques les plus explosives du circuit Goodell et ont terminé l’année au deuxième rang de la ligue pour les verges totales en attaque avec environ 396 par match, ainsi que pour les points marqués avec 31,4 par rencontre. Lors de leurs trois dernières parties de la saison, ils ont affronté les Broncos, les Patriots et les Dolphins, trois formations dirigées par possiblement les trois meilleurs entraineurs défensifs de la NFL. Lors de cette séquence, ils ont marqué pas moins de 47 points par matchs en moyenne! Leur quart-arrière, produit de l’Université du Wyoming, a connu une véritable éclosion en 2020. Il a fini au cinquième rang de la ligue pour les passes de touchés avec 37, en plus d’en rajouter huit au sol. Son taux de complétion s’est encore une fois amélioré alors qu’il fut d’environ 69%. L’acquisition de Stefon Diggs y est certainement pour quelque chose. L’ancien des Vikings du Minnesota a été acquis à fort prix et est immédiatement devenu le receveur étoile dont les Bills avaient besoin. Diggs a fini au premier rang dans la ligue au niveau des verges par la passe avec 1535 et des réceptions avec 127. Contrairement à leur rival de division les Jets de New York, qui ont eu aussi choisi leur quart-arrière Sam Darnold avec un très haut choix en 2018, Buffalo a été capable d’entourer leur jeune passeur avec un très bon groupe de receveurs, ce qui a accéléré son développement. Les voilà désormais avec une des attaques les plus menaçantes de toute la NFL.
Du côté défensif, les Bills ne comptent plus sur une des meilleures défenses comme dans les années passées. Elle reste tout de même solide et elle comporte d’excellents joueurs, tels que le demi de coin Tre'Davious White et le secondeur Tremaine Edmunds. Ces deux joueurs ont même été choisis au Pro Bowl pour leur excellent boulot cette saison. De plus, Sean McDermott est un des meilleurs « playcaller » défensifs du circuit. Il sera fascinant de voir à quel point cette unité saura résister à d’autres dangereuses attaques, comme celle des Chiefs de Kansas City. Buffalo a gagné 9 de ses 10 derniers matchs, la seule défaite résultant évidemment du spectaculaire « Hail Mary » des Cardinals de l’Arizona sur le dernier jeu du match. C’est donc une équipe en feu qui arrive en séries éliminatoires avec la deuxième place dans leur conférence, probablement le plus de momentum dans l’Américaine et peut-être même dans toute la ligue. Selon les preneurs aux livres, ils sont les troisièmes favoris pour remporter le Super Bowl, derrière les Chiefs et les Packers de Green Bay.
La franchise qui est à la recherche d’une place en grande finale pour la première fois depuis 1993 bénéficiera de l’avantage du terrain dans les deux rondes précédant la finale de conférence, alors qu’un choc de titans est attendu entre Buffalo et Kansas City, quoique les séries de la NFL réservent toujours des surprises. Commencer les séries à la maison au New Era Field aidera certainement Buffalo, bien que les avantages de jouer à la maison ne soient pas aussi grands que dans le passé. Le fait de ne pas avoir à voyager, jouer devant une petite foule de partisans et dans une météo rarement clémente en hiver est un avantage net pour toutes les équipes en séries éliminatoires. En première ronde, les Bills affronteront les Colts d’Indianapolis dans un duel où ils sont largement favoris (Bills -6,5). Les Colts comptent toutefois sur une redoutable défense qui devrait rendre la vie difficile à leur adversaire et leur excellent jeu au sol devrait leur permettre d’enlever le ballon des mains de Josh Allen. Il est toutefois difficile d'imaginer Philip Rivers mener son équipe à la victoire dans le froid de Buffalo face à une équipe si dominante. Ayant vaincu de très bonnes équipes comme les Packers de Green Bay et les Titans du Tennessee, les Colts ne sont pas à prendre à la légère. C’est un duel excitant qui s’annonce donc samedi après-midi.
Brandon Beane et Sean McDermott sont fort probablement exaltés de leur judicieux choix au repêchage de 2018. Reste maintenant à Josh Allen de prouver en séries éliminatoires, là où les hommes se séparent des enfants dans la NFL, qu’il est véritablement un quart qui peut mener son équipe à la terre promise. C’est bien beau de dominer en saison régulière, mais c’est en séries qu’on se forge un nom parmi les grands du sport. Avec de solides performances, il devrait se voir récompenser cet entre-saison par une prolongation de contrat monstrueuse, mais entre-temps, c’est à lui de se justifier.
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