Au printemps 2019, les Raptors de Toronto ont fait vivre des émotions fortes aux Canadiens lors de leur conquête du championnat de la NBA. À travers le pays, des millions de gens étaient rassemblés dans des places publiques ou encore devant leur télévision, émerveillés par ce que cette équipe menée par Kawhi Leonard a pu accomplir. Rarement a-t-on vu notre nation aussi unie derrière une équipe sportive. Du panier victorieux in extrémis lors du septième match face au 76ers de Philadelphie, au comblement de l’écart 0-2 dans la série face à Giannis Antetokounmpo le joueur par excellence de la ligue, à la victoire qui a mis fin à la dynastie des Warriors de Golden State, ce parcours éliminatoire était plus que spectaculaire. Moins de deux ans plus tard, les Torontois croupissent dans les bas-fonds du classement de la ligue avec une fiche de 2-8 et les beaux jours d’une équipe dominante défensivement et remplie de profondeur semblent terminés.Les Raptors sont la deuxième équipe en ce qui a trait aux apparitions consécutives au tournoi printanier avec sept de suite, mais cette séquence semble désormais en péril. Qu’est-ce qui peut bien expliquer leurs déboires cette saison?
Contexte difficile
D’abord, il est important de noter que l’équipe a été forcée de déménager à Tampa afin de jouer cette année puisqu’ils se sont fait refuser la santé publique canadienne de jouer à la maison. Le risque d’avoir des dizaines de personnes faisant des allers-retours constants aux États-Unis était considéré comme étant trop grand et la quarantaine imposée à ceux qui arrivent aux pays a drôlement compliqué la situation. Contrairement à la LNH qui comporte plusieurs formations au nord de la frontière, les Raptors sont la seule équipe sur le territoire et il était donc évidemment impossible de former une division uniquement locale. Ils ont donc fait le choix de déménager temporairement en Floride. Cette situation est exactement la même que celle dont les Blue Jays de Toronto ont vécu. Les équipes canadiennes de la MLS ont aussi du faire face à des contraintes similaires, mais de façon plus sporadique. Elles passaient quelques semaines chez nos voisins et revenaient par la suite, avant de retourner aux États-Unis. Déménager de cette façon n’est clairement pas idéal. Les joueurs ne vivent pas chez eux et sont éloignés de leurs familles. Les membres de l’organisation des Raptors n’ont donc pas le luxe de rentrer chez eux, manger un bon repas maison et de dormir dans leur lit, contrairement aux 29 autres équipes. Cela est clairement un désavantage puisqu’ils n’ont jamais l’occasion de réellement reposer et de vivre dans le confort auquel ils sont habitués. Vivre loin de chez soi pour une longue période n’est jamais facile. De plus, les joueurs sont constamment ensemble, ce qui peut être énervant à la longue. Après un match difficile, ils sont habitués de ne pas voir la face à l’autre avant le lendemain, mais ils sont désormais pris ensemble 24/7. Bref, il faut avouer que les circonstances de cette saison 2021 désavantagent déjà grandement la franchise.
Le manque d'une vedette
Ensuite, il faut avouer que la perte de Kawhi Leonard fait très mal.Dans la NBA, il est à peu près impossible de maintenir du succès sans avoir un joueur de concession. Année après année, les meilleures équipes sont celles qui ont les meilleurs joueurs. Un joueur étoile comme Kawhi peut gagner un match par lui-même à tout moment et il attire davantage l’attention de l’autre équipe, donnant ainsi plus de place à ses coéquipiers de se démarquer. Les Raptors étaient certains que Pascal Siakam allait devenir ce type de joueur, mais il ne répond pas aux attentes. Lors des séries l’an passé, il n’a marqué que 17 points par match sur .396 d’efficacité lorsque’il tirait et seulement .189 du trois point. Cette saison, en environ 36 minutes par match, il ne compte que 20,4 points par rencontre.Cela n’est tout simplement pas assez pour un joueur ayant paraphé un contrat de quatre ans et presque 137 millions qui est supposé être le meneur de l’équipe. Il devra hausser son niveau de jeu d’un cran sinon l’équipe regrettera certainement de l’avoir payé aussi cher. Il ne sera bien évidemment jamais capable de remplacer ce que Kawhi était, mais Siakam a le talent pour être parmi les 20 meilleurs joueurs de la ligue. Il l’a montré dans le passé.
La perte de Gasol et Ibaka
D’autre part, ils ont aussi perdu lors de la dernière entre-saison les vétérans Marc Gasol et Serge Ibaka. Deux grands bonhommes qui jouaient beaucoup de minutes et qui aidaient énormément en ce qui a trait aux rebonds, au leadership et à la défense. Leur perte fait encore plus mal dû au fait que l’état-major n’a pas été en mesure de les remplacer avec des joueurs dignes de ce nom. Ils ont acquisAron Baynes et Alex les pour les remplacer, mais ces derniers ne sont pas des partants. Ils sont des joueurs de soutiens pouvant aider lorsque les bons « Big men » doivent se reposer. Malheureusement, les Raptors n’ont pas joueurs dignes de ce nom à cette position, quoique l’émergence de Chris Boucher pourrait changer la donne… À l’heure actuelle, les Raptors sont une des pires équipes de la ligue pour les rebonds. Ils en prennent peu et leurs adversaires eux, beaucoup.Pour redevenir une équipe compétitive, ils devront absolument remédier à la situation.
Peu de profondeur
Finalement, le manque de profondeur est un des facteurs les plus importants derrière leurs déboires. Une des raisons pourquoi Toronto a constamment pu rester compétitif dans les dernières années est le fait qu’ils avaient une rotation très profonde. En effet, ils avaient toujours neuf ou dix joueurs pouvant donner au moins une quinzaine de minutes de qualité par soir. Par exemple, des joueurs comme Norman Powell pouvaient être très bons pour quelques minutes par rencontre, mais leur demander de joueur plus de vingt minutes par match et de fournir beaucoup de points tous les soirs est tout simplement irréaliste. L’organisation ontarienne est reconnue comme étant une de celles dans la NBA qui développe mieux les joueurs. Elle a été capable de trouver des gars comme Fred VanVleet que personne n’a osé repêcher, ou encore Kyle Lowry qui décevait énormément et elle a été capable de transformer ses joueurs comme partants indiscutables. Puisque le Canada n’est pas une destination très populaire auprès des athlètes de la ligue, elle se doit de continuer à faire ce qu’elle faisait si bien. L’an passé on aurait pu croire que les jeunes Matt Thomas et Terrence Davis allaient suivre dans ce moule, mais ils ont clairement stagné cette année. Au moins il y a Chris Boucher, notre fierté montréalaise qui continue de s’améliorer et accumule les jeux spectaculaires de match en match. En continuant de développer des jeunes, les Raptorsseront en mesure de bâtir une bonne profondeur à faible cout et ainsi, rester minimalement compétitifs dans le futur proche.
Lueur d'espoir
Il faut cependant être clair que le futur n’est pas entièrement sombre pour l’équipe du « 6ix ». Elle retournera à Toronto l’an prochain, ce qui aidera assurément. De plus, Nick Nurse est un des meilleurs entraineurs de la ligue, peut-être même LE meilleur si on se fie à certains. Il est toujours en mesure de tirer le meilleur de ses joueurs et dans le passé, il a toujours été en mesure de bâtir une bonne équipe défensive. Tant et aussi longtemps qu’il sera à la barre de l’équipe, elle sera compétitive. De plus, la mauvaise saison pourrait se transformer en bénédiction. Le prochain repêchage est supposé être un des meilleurs des dernières années plusieurs joueurs de grand talent partiront dans le top cinq. Être mauvais en 2021 permettrait d’obtenir un excellent choix dans la loterie et peut-être même le premier au total. Cela offrirait l’occasion de mettre la main sur un formidable jeune joueur de concession, aidant ainsi à combler le vide créé par le départ de Kawhi. Acquérir ce genre de jeune vedette aiderait à rejoindre l’élite de la ligue et assurerait l’excellence à long terme de la franchise. Siakam n’est peut-être pas un vrai numéro un, mais il peut certainement être un excellent deux.On a pu voir dans les dernières années que de jeunes joueurs choisis haut comme Luka Doncic, Ja Morant ou encore Jayson Tatum peuvent changer la direction d’une équipe et si les Raptors peuvent en acquérir un, la franchise pourrait être changée à jamais.
Les succès d'un gars de chez nous
Je ne pouvais pas finir ce texte sans aborder l’ascension fulgurante que connaît Chris Bouchercette année. Après avoir connu un rôle plutôt effacé dans les dernières années, il a fait le choix de rester à Toronto même s’il était agent libre et aurait pu obtenir plus d’argent ailleurs. Ce choix porte fruit alors qu’il connait une saison formidable. En 22 minutes par match, il compte 14 points, 6 rebonds et 2,6 blocs par rencontre. De plus, il a une excellente efficacité de 47% du trois point. Il faudrait s’attendre à ce qu’il obtienne de plus en plus de minutes et qu’éventuellement, il devienne même un partant. Il a dû faire face à beaucoup d’adversité dans les dernières années, mais il est enfin récompensé pour tous les efforts qu’il a mis. Il faut absolument se réjouir des succès de ce talent local, tout comme Luguentz Dort qui lui aussi se positionne comme un des meilleurs joueurs de son équipe. Malgré la saison difficile des Raptors, au moins les succès d’un gars de chez nous.
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