En cette fin d'année, les excellentes nouvelles des derniers jours au sujet des Expos de Montréal nous permettent de rêver. Les efforts d'Omar Minaya (sûrement le meilleur directeur-gérant de l'histoire du club) ont transformé cette équipe secouée par le départ de Vladimir Guerrero en véritable force dans la division Est. Pendant que les Marlins et les Braves perdent des joueurs clés sans vraiment les remplacer, les Expos présenteront sur le terrain en 2004 une formation équilibrée doublée d'un potentiel explosif en attaque.

N'en pouvant plus d'attendre le début de la saison 2004, dans un élan d'enthousiasme je me permets de vous replonger dans l'esprit du baseball majeur et de vous présenter une courte liste des 10 plus grands exploits jamais réalisés dans l'histoire de la Série Mondiale.

10-1972,Oakland (LA)défait Cincinnati (LN) en 7 matchs

En carrière, le receveur Gene Tenace présente une moyenne bien ordinaire de .242. En 1972, Tenace frappa pour un anémique .225, accumulant 5 maigres circuits et 32 points produits. En Séries Mondiales, les yeux sont tournées vers les artilleurs des A's ; les Catfish Hunter, Kenny Holtzman, Vida Blue et Rollie Fingers représentent le cœur et le moteur de cette équipe. Contre toute attente, Tenace frappe comme un déchaîné! Le receveur des vainqueurs frappe pour .348, sort 4 balles du stade et pousse 9 coéquipiers au marbre. Lors du 7ième match, Tenace fait la différence dans la Série, avec un simple, un double et 2 points produits dans un gain décisif de 3-2!

9-1912, Boston (LA) défait New-York (LN) en 7 matchs

La meilleure saison de l'histoire pour un lanceur partant appartient sans doute à « Smokey » Joe Wood . Lors de la saison 1912, ce jeune lanceur de puissance des Red Sox de Boston remporta 34 victoires contre seulement 5 défaites pour une moyenne de victoire de .872! Sa moyenne de points méritées fut aussi basse que 1.91. Il contribua grandement aux succès des Red Sox en Série Mondiale de 1912, signant 3 des 4 victoires des Bostonnais! Wood retira 21 frappeurs sur 3 prises en 22 manches de travail!

Malheureusement, « Smokey » se blessa au pouce au camp d'entraînement de 1913, en essayant de capter une balle à main nue frappée en sa direction. Il dû changer sa motion afin de continuer de lancer et provoqua un mal encore plus douloureux à l'épaule droite. Malgré son handicap, il présenta une moyenne de points mérités de 1.49 en 1915, il va s'en dire la meilleure de la Ligue Américaine cette saison-là.

Wood pris une année sabbatique en 1916 dans l'espoir de voir son malaise à l'épaule disparaître. Devant l'évidence que le mal ne le quitterait jamais, il se reconverti en voltigeur à son retour au jeu en 1917!

8-1967, St-Louis (LN) défait Boston (LA) en 7 matchs

Bob Gibson est sans l'ombre d'un doute l'un des 10 plus grands lanceurs de l'histoire du baseball. Ses statistiques en carrière parlent d'elles-mêmes : 251 victoires pour 171 défaites, moyenne de points mérités de 2,91 et 3117 retraits au bâton! Cependant, Gibson domina outrageusement la Série Mondiale de 1967 avec une fiche de 3-0, une moyenne de 1.00 et 26 retraits au bâton en 27 manches lancées! Seulement 19 coureurs des Red Sox se rendirent sur les buts au cours des 3 matchs de Gibson. Lors des Séries de 1968, Gibson connut une baisse de régime avec 2 victoires, une moyenne de points mérités de 1.67 et 35 retraits au bâton en 27 manches de travail…

7-1956, New-York (LA) défait Brooklyn (LN) en 7 matchs

La formation des Yankees de 1956 est redoutable, ils envoient au bâton les Billy Martin, Hank Bauer, Yogi Berra et Mickey Mantle. Whitey Ford est le partant numéro 1. Le point tournant survient lors du 5ième match avec une égalité 2-2 dans la Série. Après s'être fait sortir par les Dodgers avant la fin de la 2ième manche lors de la seconde partie, Don Larsen rebondit avec un match parfait qui propulse les Yankees en avant. Il s'agit toujours du seul match parfait de l'histoire en Séries Mondiales.

6-1977, New-York (LA) défait Los Angeles (LN) en 6 matchs

Mr. October se déchaîne lors de la décisive 6ième rencontre. Jackson, frappe 3 circuits consécutifs, tous sur le premier tir, contre trois artilleurs différents des Dodgers! Le « 44 » conclut sa Série avec une moyenne de .450, 5 circuits et 8 points produits! Malgré ses grands succès, Jackson n'était que peu apprécié par ses coéquipiers, ceux-ci reprochaient à Reggie de mentir à leurs sujets auprès des journalistes et d'exagérer honteusement ses propres exploits.

5-1960, Pittsburg (LN) défait New-York (LA) en 7 matchs

Lors de cette classique automnale, les Yankees marquèrent 56 fois, les Pirates répliquèrent avec 27 points. Les artilleurs des Yankees présentèrent une moyenne de 3.54, ceux des Pirates un horrible 7.11! En retard en début de 8ième manche lors du match final, les Pirates capitalisent sur un mauvais bond et marquent ensuite 5 points pour prendre les devants 9-7. Les Yankees égalisent la marque en 9ième, mais Bill Mazeroski frappe un circuit en solo en fin de manche pour donner la victoire aux Pirates! Les New-Yorkais avaient préalablement vaincu les Pirates par des marges de 16-3, 10-0 et 12-0…

4-1928, New-York (LA) défait St-Louis (LN) en 4 matchs

En 1928, Babe Ruth et Lou Gehrig dominaient le baseball majeur, ils étaient à leurs meilleurs. Jamais plus un duo semblable ne terrorisera les lanceurs des majeures. Lors de cette classique, Ruth, au troisième rang de l'ordre des frappeurs cogna pour .625, et Gehrig qui suivait au quatrième rang frappa pour .545 avec 4 circuits et 9 points produits en 4 rencontres…Fermer les livres, éteigner les lumières, les Cards sont morts.

3-1919, Cincinnati (LN) défait Chicago (LA) en 8 matchs

Qui n'a pas entendu parler des « Black Sox », dont 8 joueurs furent bannis du baseball majeur par le Commissaire Kennesaw Mountain Landis après la saison 1920, pour avoir triché et donné la Série aux Reds? Les « Black Sox » présentaient une rotation à trois partants cette saison-là. Les deux premiers, Eddie Cicotte et Lefty Williams étaient des conspirateurs et avaient volontairement échappé les 2 premiers matchs. Lors du troisième duel, une recrue du nom de Dickie Kerr monta sur la butte, se doutant fort bien que 4, 5 ou même 6 joueurs en défensive derrière lui avaient l'intention de perdre la rencontre. Seul au monde, Kerr pris sur lui la pression et lança un match héroïque de 3 coups sûrs! Chicago remporta ce duel 3-0. Dickie signa également la victoire lors de la 6ième rencontre et conclu la Série avec une moyenne de points mérités de 1.42!

2-1905, New-York (LN) défait Philadelphia (LA) en 5 matchs

Malgré une moyenne au bâton anémique collective de .209, les Giants se sauvèrent avec les honneurs de cette série. La raison? Ils pouvaient compter sur les services du droitier Christy Mathewson, qui lança trois blanchissages. Membre du temple de la renommée, the « Big Six » remporta le premier match 3-0, le troisième 9-0 et le cinquième 2-0. Il ne permit que 14 coups sûrs en 27 manches de travail pour une moyenne de points mérités de 0.00! En carrière, Christy présente une fiche de 373 victoires et 188 revers pour une moyenne de 2.13.

1-1926, Saint-Louis (LN) défait New-York (LA) en 7 matchs

Enfant pauvre, Grover Cleveland Alexander apprit à lancer en envoyant des roches aux oiseaux dont il espérait se nourrir. À sa saison recrue en 1911, Alexander enregistra 28 victoires pour Philadelphie! Lors de la première guerre mondiale en 1918, Grover Cleveland perd l'ouie de l'oreille droite lorsqu'un obus éclate près de sa tête. Les horreurs de la guerre font de ce Grand Artilleur un alcoolique profond. Alors qu'il maintient une moyenne de points méritée inférieure à 1.91 de 1915 à 1920, Alexander sombre dans les environs de 3.50 de 1921 à 1925. Les Cards de Saint-Louis en désespoir de cause lui font signe lors de la saison 1926. Physiquement diminué, aux prises avec l'épilepsie et sous l'emprise de l'alcool, Alexander lance le deuxième match de la Série Mondiale, qu'il remporte par la marque de 6-2. Grover Cleveland est de retour pour le sixième match, duel sans lendemain. Il lance un match complet de 9 manches et sort vainqueur 10-2, poussant la Série à la limite contre les puissants Yankees. Le gérant des Cards, Roger Hornsby, demande à Alexander de ne pas abuser de l'alcool ce soir-là, « je pourrais avoir besoin de toi demain » lui dit-il…

Septième manche du 7ième match, le partant des Cards, Jesse Haines, est dans le trouble, le gros trouble. Les Cards mènent 3-2, il y a deux retraits et les buts sont remplis de Yankees. Le très dangeureux Tony Lazzerri s'amène au bâton. Grover Cleveland Alexander est vieux, au bout du rouleau. La veille, il a lancé un match complet. Après la rencontre, ignorant la consigne du gérant, il s'est rendu dans un débit de boisson et a fait la fête. Pendant que Haines permet aux New-Yorkais de remplir les buts, Alexander est étendu au sol dans l'enclos des Cards, il dort. Contre toute attente, sans aucun jour de repos, le gérant Roger Hornsby fait appel au vétéran!

Grover Cleveland Alexander joue sa carrière. Titubant, il se rend au monticule et…passe Lazzeri sur 3 prises! Alexander ne donne absolument rien au Yankees en 8ième et 9ième manches et permet aux Cards de remporter la Série Mondiale contre une formation largement supérieure sur papier. Alexander termine la Série avec 2 victoires, aucune défaite et un gros, un TRÈS GROS match sauvegardé pour une moyenne de points mérités de 0.89! Voilà mes amis, tout un exploit!


J'espère que cette lecture vous a plu, et qui sait, peut-être un exploit de Luis Ayala ou de Brad Wilkerson dans l'uniforme des Expos se retrouvera-t-il sur cette glorieuse liste un jour?

Bonne année