MONTRÉAL - La famille Bronfman, qui a été propriétaire des Expos jusqu’en 1991, poursuit son travail en coulisses pour ramener une équipe du baseball majeur à Montréal. Dans une rare entrevue, Stephen Bronfman a confirmé que le projet avançait tranquillement pour ne pas brûler aucune étape.

En raison de l’engouement autour d’un retour des Expos, Stephen et son père Charles Bronfman étaient des invités très attendus au Stade olympique et leur présence était significative. Cette influente famille du milieu financier - qui préfère habituellement demeurer dans l’ombre - se veut un acteur de choix pour permettre la renaissance du club en compagnie du maire Denis Coderre.

« Il faut être patient »

Bien sûr, les partisans souhaiteraient que les choses s’enclenchent rapidement et que la « bonne nouvelle » survienne à court ou moyen terme. Cependant, Stephen Bronfman a rappelé que ça ne fonctionnait pas ainsi et que tout allait tomber en place quand le moment serait propice.

« On sait qu’il s’agit d’un projet à long terme qui exige beaucoup de planification donc on fait notre boulot tranquillement. On ne veut pas pousser parce que ça ne marche pas ainsi. On forme un bon groupe et je joue seulement un petit rôle dans ce groupe », a répondu Stephen Bronfman qui appréciait la journée avec son fils et son père.

À son avis, les investisseurs répondront présents quand le moment sera venu d’investir les fonds nécessaires.

« Ça ne sera pas un problème. Pour l’instant, c’est trop tôt dans le projet. Présentement, on se concentre à établir notre groupe et nos relations avec le baseball majeur », a indiqué Stephen Bronfman qui a démontré clairement son implication en se rendant disponible pour cette célébration du baseball.

Les amateurs se demandent, à juste titre, quelle est la prochaine étape à accomplir dans ce dossier. À ce propos, Stephen Bronfman est demeuré prudent.

« C’est de continuer ce que nous faisons discrètement. On ne peut pas trop pousser les choses. C’est la raison pour laquelle on n’accorde pas beaucoup d’entrevues », a-t-il fait savoir.

Croisé durant la partie entre les Jays et les Red Sox, l’ancien releveur québécois Éric Gagné a réitéré son intention de s’impliquer, lui aussi, dans le projet. Il rencontrera d’ailleurs Projet Baseball Montréal et le clan de Bronfman ainsi que leurs cabinets de comptables cette semaine pour discuter d’une association.

Jusqu’à présent, Gagné opère surtout avec le promoteur immobilier Luc Poirier.

« C’est la prochaine étape, il faut créer un groupe solide, réunir tout le monde », a commenté Gagné qui ne croit pas que les anciens joueurs auront un gros poids financier dans le dossier.

« C’est plus symbolique que pour l’argent », a jugé Gagné qui souhaite tout de même obtenir un rôle, qui sera à déterminer, dans le processus.

Pendant ce temps, il s’est impliqué dans un film - intitulé Spaceman - sur la vie de l’ancien lanceur excentrique, Bill Lee. La première projection aura lieu ce week-end.

Coderre travaillera avec Toronto pour y arriver

Fidèle à sa réputation, le maire Coderre était présent partout samedi. Il multipliait les photos et les « selfies » avec Tim Raines ainsi que Charles et Stephen Bronfman sans oublier son accolade avec nul autre que David Ortiz.

Mais le maire Coderre ne faisait pas que socialiser, il était venu parler du volet « baseball » qui a été intégré à l’entente de coopération et de partenariat signée avec la ville de Toronto. Les détails de cette initiative ont été dévoilés en matinée.

« Je suis un amoureux du baseball »

En ce qui concerne le dossier du baseball, les deux métropoles désirent s’unir pour favoriser le retour des Expos.

« Toronto et Montréal vont travailler main dans la main pour mener au retour des Expos. Ça prend une stratégie commune pour y arriver. Comme la culture, le sport vient unir les gens. On veut aussi promouvoir ensemble le baseball pour les jeunes et les familles », a précisé M. Coderre avec son chandail et son chandail des Expos.

Quant à savoir comment ce partenariat se développera concrètement pour faire avancer le dossier, le maire Coderre a plutôt parlé de l’effet positif de son message.

« C’est d’envoyer le message qu’on travaille ensemble. Vous pouvez parler à toutes les personnes influentes du baseball qui sont présentes ici, tout le monde dit que Montréal est une ville de baseball. Il y a un courant, un élan qui s’est créé. Le message en est un de solidarité. Au lieu de la confrontation habituelle, on a choisi de travailler ensemble », a martelé Coderre en nommant notamment David Dombrowski et Mark Shapiro.

Sur cette question, son homologue torontois, John Tory, est venu l’aider. Il a rappelé les montants obtenus pour le transport et logement à partir des pressions communes exercées par Montréal et Toronto.

M. Tory a également livré un vibrant plaidoyer sur les impacts positifs d’une équipe de baseball au plan économique. Il a fait référence à l’exemple du centre-ville de Toronto qui a été revitalisé par la présence des Jays.

« D’abord, le fait d’avoir une équipe a produit un gros effet bénéfique sur l’économie comme les restaurants et les hôtels. Ensuite, en plaçant le stade au centre-ville, le quartier a été complètement transformé et on a assisté à des investissements de centaines de millions via des projets immobiliers et corporatifs », a témoigné Tory qui rêverait d’une Série mondiale contre les Expos.

Sur cette fameuse question de la construction d’un nouveau stade, Stephen Bronfman a été un joueur très habile.

« Je vais laisser ça au maire », a-t-il répondu, en riant, fier de son coup.

Les petites foules rendaient Charles Bronfman fou!

Rendu à l’âge vénérable de 84 ans, Charles Bronfman peut bien se permettre de dire ce qu’il pense en entrevue. C’est pourquoi il s’est adressé aux médias sans aucun filtre samedi.

Charles Bronfman

Il sera certainement consulté dans les décisions majeures, mais le dossier des Expos reposerait entre les mains de son fils. Cela dit, il a parlé de ses préférences advenant l’approbation attendue du baseball majeur.

« Je ne pense pas que ça devrait se faire par une autre équipe d’expansion. Ce serait préférable que ce soit une équipe qui déménage et ce serait encore mieux si le noyau de ce club était solide », a souhaité Charles Bronfman pour assurer la compétitivité du club.

Il a proposé ce scénario puisqu’il a encore sur le cœur les petites foules qui se présentaient au Stade olympique lors de ses dernières années comme propriétaire à la fin des années 1980. Bronfman s’était résolu à vendre l’organisation qui avait connu un regain de popularité par la suite et particulièrement en 1994.

« Dans nos dernières années, nous avions eu de très bonnes équipes avec des jeunes très prometteurs et on attirait des foules de seulement quelques milliers de personnes, ça me rendait fou! », a admis Charles Bronfman.  

« On ne parvenait pas à comprendre la raison, c’est comme si la ville avait perdu son amour pour le club. »

Très lucide, Charles Bronfman a rappelé de lui-même que le marché de Montréal demeure axé sur le hockey avant tout.  

« Il faut quand même toujours comprendre que Montréal est une ville de hockey. Dans ce sens, les autres sports ne seront jamais au premier rang. Le baseball, le football et le soccer vont se classer après le hockey », a exprimé l’homme d’affaires qui a bâti un empire.

Cela dit, Charles Bronfman ne croit pas que cet attachement inconditionnel au hockey rendra plus difficile le retour des Expos.

Définitivement nostalgique en se promenant sur le terrain du Stade olympique, Charles Bronfman ne pouvait pas s’empêcher de revivre le triste souvenir du Blue Monday surtout que Steve Rogers était également présent samedi.

Dans une perspective plus positive, il était ragaillardi par la foule de plus de 50 000 qui avait rempli l’ancien domicile des Expos.

« C’est merveilleux de voir cet enthousiasme. Si on peut bâtir un nouveau stade dans un endroit approprié, ça peut se faire », a jugé Bronfman.  

« Mon fils croit en ce projet, c’est le plus important », a conclu Charles Bronfman au sujet de Stephen qui s’active avec quelques proches collaborateurs comme l’entrepreneur Mitch Garber.

ContentId(3.1178867):Baseball à Montréal : Les belles histoires de la fin de semaine
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