La grande résilience de Phillippe Aumont
MLB mercredi, 4 déc. 2019. 08:45 mercredi, 11 déc. 2024. 23:58Nouvellement papa, Phillippe Aumont veut être un modèle pour sa petite Gabrielle.
Le poupon de cinq mois connaîtra un jour l'histoire de résilience dont son père a fait preuve ces dernières années pour s'accrocher à son rêve de jouer au baseball professionnel.
« Il faut que tu échoues pour apprendre. L'apprentissage n'est pas toujours positif dans la vie, mais il faut être capable d'apprendre de ces situations. »
Son parcours professionnel est digne du jeu « Serpents et échelles », marqué à la fois par l'allégresse d'atteindre le baseball majeur jusqu'aux descentes au fond de lui-même pour émerger vers une nouvelle destination qui pourrait bien être Toronto.
Lundi, les Blue Jays ont annoncé avoir consenti un contrat des ligues mineures à l'artilleur de 30 ans, qui poursuit une route dont il ignore encore le point de chute. Parviendra-t-il à mériter une place avec l'équipe du baseball majeur ou devra-t-il faire un crochet vers les ligues mineures, la réponse ne lui appartient pas pour le moment et ne le tracasse pas.
« Sky is the limit. On m'a dit que j'avais autant de chances que le gars qui est assis à côté de moi. Les Blue Jays peuvent décider de me garder ou ils peuvent décider que je dois encore aller faire mes preuves dans les rangs mineurs. »
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Son dernier séjour dans le baseball majeur remonte à la saison 2015 alors qu'il défendait les couleurs des Phillies de Philadelphie et qu'il faisait des aller-retour avec Lehigh Valley, la filiale AAA. Il montre une victoire et six défaites à sa fiche.
Il se pointera au camp des Jays serein avec une attitude positive pour montrer à la direction ce qu'il a dans le ventre. « Je veux me présenter au camp avec un grand sourire et continuer à faire le travail que je fais. Le reste va se placer par lui-même. »
« J'ai bien performé cette saison. Je pense que j'ai encore les atouts pour réussir au niveau professionnel. »
Et cette saison, c'est dans la capitale fédérale qu'il a laissé sa marque en dominant les frappeurs de la défunte Ligue Can-Am sous les couleurs des Champions. Il a su garder les frappeurs hors d'équilibre avec 145 retraits sur des prises en 118,2 manches, comme quoi il n'a pas perdu la main.
Sa confiance est au top. Une performance de 18 retraits sur des prises la saison dernière lui permet de croire qu'il peut réussir à percer la formation des Jays. « Les chances que tu le fasses dans une ligue professionnelle sont minces, il faut vraiment que tu sois au-dessus de tes moyens cette soirée-là. »
Malgré tout, Aumont ne s'est pas bercé d'illusions. Il savait qu'il avait des compétences à reconquérir. «J'ai été honnête avec moi-même. Je suis resté dans la Ligue Can-Am parce que j'avais des choses à travailler. Je ne voulais pas partir parce que les choses allaient bien. Je sais ce que ça prend pour se rendre au baseball majeur. Je prenais une journée à la fois et je travaillais ce que j'avais à travailler. Je me disais que si l'opportunité se présentait, je la prendrais. Sinon, j'aurais été bien avec moi-même. »
L'artilleur droitier de 6'7" a décidé d'écouter son coeur et de quitter le baseball en 2016 pour mieux revenir en 2017. « J'avais perdu le goût et l'intérêt pour le baseball. Ç’a été un moment difficile. Je ne savais pas trop où je me lançais. C'était une bataille avec mon identité. Ce recul m'a fait du bien et m'a fait penser à autre chose. »
Le gaillard est fier de lui. Loin du losange, il a su remettre ses idées en ordres et se refaire. « J'avais besoin de prendre du recul pour revenir en force. J'ai fait de la visualisation sur ce que j'avais à travailler. »
Sur le radar des Blue Jays
Depuis l'été dernier que les Blue Jays s'intéressent à lui. Leur intérêt s'est intensifié lors du Tournoi Premier 12 cet automne et le tout s'est conclu par un contrat ainsi qu'une invitation au camp. Et si la porte ne s'ouvre pas à Toronto, ce ne seront pas les options qui vont manquer.
« J'ai encore l'idée d'aller jouer en Asie si l'opportunité se présente. En signant avec Toronto, je me suis assuré que si un club au Japon ou en Corée démontrait de l'intérêt, que les Jays allaient me permettre d'y aller si je n'étais pas dans leurs plans pour l'équipe des ligues majeures. »
Mais ça pourrait aussi être Québec, où les Capitales détiennent ses droits depuis le repêchage de dispersion des joueurs des Champions à la suite de la fusion entre la Ligue Can-Am et la Frontier League. Aumont s'est dit très heureux d'appartenir aux Capitales et il compte bien éventuellement se pointer dans la Vieille Capitale. « Je sais que ça va devoir attendre, mais j'aimerais avant la fin de ma carrière, jouer au moins un match dans l'uniforme de Québec. »
Au Stade olympique en mars
Si Aumont est toujours dans l'entourage des Blue Jays quand l'équipe déposera ses pénates au Stade olympique pour deux matchs préparatoires contre les Yankees en mars, ça voudra dire qu'il aura connu un très bon camp d'entraînement.
Sans en faire un objectif en soi, le Gatinois avoue qu'il éprouverait une fierté particulière de jouer une partie du baseball majeur dans sa province. « Ce serait un bon signe si j'avais l'honneur de porter l'uniforme au Stade olympique. »
« Ce serait super le fun. Je suis déjà allé sur le terrain quand ils ont présenté les joueurs québécois ces dernières années, mais jamais comme joueur pour y disputer une partie. Ce serait un moment spécial d'être de l'alignement dans un stade plein. Pour la ligue, c'est un match préparatoire simplement, mais pour un Québécois, c'est beaucoup plus. Ce serait une fierté de jouer devant les miens. Ce serait extrêmement spécial. »
Plus solide, plus mature, Aumont ne sait pas ce que lui réserve demain, mais il tient sincèrement à ce que Gabrielle comprenne un jour que papa n'a pas toujours pris le chemin le plus facile pour atteindre son but, mais qu'il a su s'accrocher.
« Je veux rendre ma fille fière. Lui démontrer que papa a joué dans les grandes ligues et qu'on a voyagé à travers le monde. Que rien n'est impossible! Ce sont des leçons de vie et des expériences que je veux transmettre pour faciliter son développement. »
Le reste de l'histoire lui appartient.