MONTRÉAL – Ils sont toujours inséparables et on dirait qu’ils n’ont pas du tout vieilli. On pourrait même croire que Cliff Floyd et Rondell White n’ont jamais franchi la trentaine et qu’ils seraient capables d’aider les Expos si le club montréalais renaissait de ses cendres sous peu.

Floyd et White sont débarqués à Montréal au début de la vingtaine pour y amorcer leur carrière dans le baseball majeur en 1993. Près de 25 ans plus tard, les deux copains ont toujours autant de plaisir à revenir dans la métropole québécoise et ils ne jouent pas à la « grosse tête » quand ils débarquent en sol montréalais.

Claude Raymond a justement soulevé cette remarque, samedi, dans le cadre du deuxième match préparatoire des Blue Jays à Montréal.

« Quand il y avait un nouveau joueur qui arrivait (avec les Expos), j’allais le voir et je lui souhaitais la bienvenue. Je leur disais aussi : "Quand tu seras célèbre, j’espère que tu resteras aussi simple et humble que tu l’es aujourd’hui".

« Quelques années plus tard, lorsque j’avais la chance des recroiser, ils me donnaient l’accolade et me disaient qu’ils n’avaient pas changé. C’est ce qui me fait plaisir, Rondell et Cliff sont pareils, ce sont des gentilshommes »,  a souligné Raymond en ajoutant aussi Marquis Grissom à cette liste lancée sans avoir besoin de réfléchir.

Sans devenir de grandes vedettes, Floyd et White ont réussi des parcours très intéressants en plus d’encaisser des dizaines de millions pendant leur carrière qui a duré plus de 15 ans. Chacun leur tour, ils ont été touchés quand on leur a confié le compliment de « Frenchie » en marge de l’Expos Fest.

« Ça veut dire beaucoup à mes yeux. On était jeunes quand on est arrivés ici et on a beaucoup appris des vétérans et des anciens. Claude était capable de nous dire des choses importantes et c’est crucial pour le déroulement d’une carrière. J’apprécie ce genre de commentaires et j’essaie de leur faire honneur », a réagi Floyd qui n’a rien perdu de son physique d’athlète.

« C’est vraiment apprécié, je voue un grand respect à Claude, c’est un merveilleux monsieur. On a écouté ce qu’il a dit, on a voulu rester authentique et humble. On a choisi de traiter les gens comme on voudrait l’être par les autres. Il était comme ça et on a essayé de faire la même chose. Ça me fait chaud au cœur de savoir qu’il a dit ça », a ajouté White quelques minutes plus tard.

Les deux Américains faisaient partie de la dizaine d’anciens joueurs des Expos qui sont venus participer à l’Expos Fest, un événement qui permet de recueillir des fonds pour trouver des remèdes contre les cancers pédiatriques du cerveau.

Ils n’ont pas compté leur temps à signer des autographes et prendre des photos pour les amateurs comme l’ont également fait Andre Dawson, Dennis Martinez, Jeff Reardon, Al Oliver, Bob Bailey, Dave Palmer, Bill Atkinson et Éric Gagné (le seul qui n’a pas joué pour le club montréalais).

« Réalisez vos rêves »

« J’adore revenir ici, je n’oublierai jamais le rôle que cette ville a eu pour me forger en tant que personne. C’est tout simplement différent à Montréal, ça ne ressemble pas aux villes américaines et c’est bien ainsi. L’amour du baseball aurait pu se perdre, mais on voit que c’est encore présent. Il y a définitivement des maniaques de ce sport et ils n’ont simplement pas la chance d’exprimer toute leur passion présentement », a indiqué Floyd qui portait une casquette des Raptors de Toronto.

« C’est important pour moi d’être présent afin de supporter la cause et je voulais également que mes enfants puissent voir le Stade olympique, ils n’étaient pas venus auparavant. Ils sont excités et ils pourront dire qu’ils y ont vu au moins un match », a expliqué White au sujet de sa présence pendant que son fils et sa fille se régalaient d’une barbe à papa.Rondell White

Les enfants étaient d’ailleurs nombreux au Stade olympique et plus particulièrement samedi. Lorsque des dénigreurs disent que le public qui tient au baseball est vieux, la réplique tourne souvent autour des nombreux enfants qui accompagnent leurs parents aux matchs. Mais ce n’est pas tout, la moyenne d’âge en général était jeune pour ces deux rencontres. Les groupes de partisans dans la vingtaine et la trentaine se voyaient partout dans l’ancien domicile des Expos.

« Oui, j’ai remarqué ça. Il y avait beaucoup de jeunes et d’enfants. Les parents essaient d’imprégner dans la tête de leurs enfants que le baseball était une grosse affaire ici dans les plus belles années. Ça aide aussi de pouvoir suivre les Jays et les encourager sur place même si ça ne se compare à la chance d’avoir sa propre équipe.

« Il ne faut pas oublier non plus que les dernières années des Expos ont été pénibles. Le public ne vivait plus les foules imposantes et la fièvre qui peut s’emparer d’une ville quand l’excitation grimpe », a soutenu Floyd qui a produit 865 points en carrière avec les Expos, les Marlins, les Red Sox, les Mets, les Cubs, les Rays et les Padres.

Réunis à Montréal comme instructeurs?

Pour le moment, Floyd consacre sa deuxième carrière au rôle d’analyste de baseball dans les médias. Ce chemin lui a ouvert des portes et il travaille présentement pour MLB Network.

La voie qu’il a choisie laisse croire que le métier d’instructeur ne l’attire pas. 

« Ce n’est pas que je n’aimerais pas ça, c’est plus que ça dépend des opportunités qui se présentent à toi. Tu essaies de te démarquer dans ton domaine et c’est ainsi que tu gardes ton emploi », a-t-il expliqué.Rondell White

D’ailleurs, il existe une exception qui l’inciterait à changer de métier. Il ne voulait surtout pas qu’on déduise qu’un poste parmi le personnel d’instructeurs à Montréal – advenant un retour des Expos – ne l’intéresserait pas.

« Oh, ce serait différent dans ce cas puisque je crois que les partisans pourraient s’identifier à moi et d’autres anciens. On peut voir à travers le baseball que plusieurs entraîneurs sont embauchés par l’une de leurs anciennes organisations. C’est une association naturelle et ça aide à rapprocher l’équipe des partisans. Si l’équipe revient, soyez certains que je vais aussi ajouter mon nom sur la liste des candidats intéressés », a-t-il insisté.

Une remarque qui a fait dire à White « que ce serait génial de le faire ensemble ».

Charmés par la vague qui a propulsé Raines

Floyd et White ne sont pas de la même génération que les Reardon, Oliver, Lee, Martinez, Dawson et compagnie qui étaient réunis à l’événement. Par contre, ça ne les empêche pas d’avoir appuyé Tim Raines dans sa route vers le Temple de la renommée.

« Il faut apprécier l’histoire qui s’est déroulée par rapport à son intronisation. C’est merveilleux de constater que les gens ont poussé pour lui afin de s’assurer qu’il reçoive cette récompense qui était méritée. À son époque, la vitesse était déterminante. Il a été capable d’avoir une énorme influence avec sa rapidité et c’est génial de voir que sa contribution a été reconnue à juste titre », a cerné Floyd avec justesse.Bill Lee et Denis Coderre

Même s’ils sont plus jeunes, Floyd et White ont bien rigolé avec les autres anciens. Sans surprise, Bill Lee a animé le spectacle avec des plaisanteries à propos des tendances disons « économes » de Warren Cromartie. On l’a également vu divertir Éric Gagné avec un grand succès.