Finale NBA : la consécration du King?
NBA mercredi, 30 sept. 2020. 10:00 mercredi, 30 sept. 2020. 21:03La série ultime de la NBA débutera cette semaine en Floride et tous les matchs vous seront offerts en direct sur l’une ou l’autre de nos deux antennes. Toute notre équipe est donc fébrile à l’idée de vous retrouver mercredi soir dès 20 h 30 à RDS pour le début des hostilités. La campagne 2019-2020 atteindra son dénouement 11 mois et demi après son lancement en octobre dernier. Une saison unique vous dîtes? Oui, et pas à peu près. Le décès de Kobe, la pandémie, les tensions raciales, la bulle, les protestations. Ouf... On peut facilement prétendre que cette campagne fut la plus rocambolesque de l’histoire et que le simple fait d’atteindre une conclusion (avec une remise de trophée) représentera un exploit en soi.
De retrouver les Lakers en grande finale ne constitue pas une énorme surprise quand on pense qu’ils avaient fait l’été dernier l’acquisition d’un deuxième joueur parmi les 6 ou 7 meilleurs du circuit pour appuyer LeBron. J’aurai longtemps douté du système de soutien autour de messieurs James et Davis. Désormais, je ne doute plus. On doit s’avouer impressionnés par leur constance et leur brio collectif jusqu’à ce point.
Quant au Heat, il s’agit de la première fois qu’un club classé aussi bas en saison régulière atteint le stade final des séries depuis les Knicks de New York (no 8 Est) en 1999. D’ailleurs, le parallèle entre 1999 et 2020 est incontournable. Il y a 21 ans, il s’agissait d’une étrange saison écourtée à 50 matchs en raison d’un lock-out. Alors que 2020 aura été tout simplement étrange de A à Z pour toutes les raisons énumérées ci-haut. Sans même parler de l’absence de partisans et d'avantage du terrain pour les dix dernières semaines.
Mais peu importe l’angle que vous choisissez pour observer cette finale d’un œil critique, je crois dur comme fer qu’on doit arriver à la même conclusion : cette série sera fascinante et potentiellement très serrée. Les deux clubs auront été dominants, atteignant la finale en seulement 15 rencontres. Et les deux protagonistes débutent la finale avec une croyance sincère qu’ils peuvent terminer le travail.
Je vous propose donc huit trames narratives à surveiller tout au long de ce duel au sommet :
Des retrouvailles inconfortables
Quand LeBron a débarqué à South Beach en juillet 2010, Pat Riley était convaincu qu’il avait réussi à mettre en place la prochaine dynastie de la NBA. L’ancien maestro des Lakers, devenu grand guru du Heat, ne pouvait imaginer un scénario dans lequel le trio James/Wade/Bosh n’accumulerait pas les trophées pendant la décennie à venir. Quatre saisons plus tard, avec quatre finales et deux trophées en banque, Riley était convaincu que son trio infernal accepterait les modalités d’un autre contrat à long terme. Il fut donc déçu, et surtout furieux, d’apprendre que LeBron avait choisi de retourner en Ohio afin de remplir ses promesses précédentes. Tout ce qu’on lit depuis nous indique que la relation s’est mal terminée entre James et Riley. Six ans plus tard, qu’il veuille l’admettre ouvertement ou non, le patron de Miami ne souhaiterait rien de mieux que de se venger face à son ancien acolyte.
Comme du bon vin
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Parlant de LeBron, il ne cesse de nous épater à sa 17e saison dans la ligue. Encore plus lors des deux derniers mois. Maintenant âgé de 35 ans, avec près de 60 000 minutes de jeu dans les jambes, il est aussi dominant que jamais. Un phénomène de la nature unique en son genre. Jamais n’a-t-on été témoin d’un joueur de ce calibre en mesure de maintenir un tel niveau d’excellence aussi longtemps. Ses moyennes par match face aux Nuggets en finale de l’Ouest : 27 points, 10 rebonds et 9 aides. Ses chiffres lors du match décisif seulement : 38-16-10. Il participera à une 10e finale en carrière (!), se joignant à un club sélect précédemment occupé par seulement Bill Russell, Sam Jones et Kareem Abdul-Jabbar. Tous des joueurs qui rodaient les parquets de la NBA quand il y avait beaucoup moins de clubs qu’en 2020. Remporter un titre avec un troisième club différent, en tant que tête d’affiche, serait un fait d’armes plutôt exceptionnel. Il va laisser sa peau sur le terrain afin d’y arriver. J’en suis certain. Il comprend que son palmarès de carrière en serait considérablement rehaussé. Comme nous, il a passé les derniers mois à entendre parler du brio de Michael Jordan en raison du documentaire The Last Dance. Voici une de ses dernières chances de rappeler à tout le monde que le débat du meilleur joueur de tous les temps n’est pas encore cloué.
Imposer son style à tout prix
J’adore quand un duel se dessine entre deux clubs aux fondations et philosophies opposées. Les Lakers veulent vous punir défensivement et vous rendre la vie dure près de l’anneau. Ils souhaitent ensuite partir à pleine vitesse en transition dans le but de marquer quatre ou cinq tirs faciles par match. Et attaquer votre panier sans relâche. Ils ne tireront pas à profusion à trois points et pourront gagner une ou deux rencontres en faisant principalement appel à leur défensive. En contrepartie, le Heat a terminé la saison en tant qu’équipe la plus efficace sur les tirs de trois points. Leur approche est simple : utilisons un centre athlétique, habile et bon passeur pour initier beaucoup d’attaques. Et entourons-le de quatre joueurs capables de tirer de loin en tout temps. Une formule drôlement efficace en cette fin de saison. L’équipe qui arrivera donc à imposer son approche et sa volonté plus que l’autre sortira gagnante au final.
Bam vs Brow
Vous cherchez le duel individuel par excellence de cette série? Le voici! Bam Adebayo vs Anthony Davis. Mes yeux seront rivés sur eux dès le premier match. Comme peut en témoigner Jayson Tatum, Bam possède la mobilité, le courage et le gabarit pour donner quelques mots de tête à AD. Et le forcera peut-être aussi à travailler plus fort en défensive qu’il ne le souhaiterait. Pas certain qu’on les verra s’affronter trop souvent en première demie des matchs. Cet honneur pourrait revenir à Dwight Howard pour L.A. Mais ils croiseront assurément le fer « mano a mano » en fin de rencontre quand Davis passera de la position 4 à la position 5 pour Frank Vogel. Si Bam tient son bout, le Heat a des chances selon moi. Si Bam est débordé ou en problème de fautes, Davis fera ce qu’il voudra et Miami sera cuit. Car leur profondeur à cette position est nulle et leur marge de manœuvre inexistante.
Il aura enfin trouvé chaussure à son pied
Quand Jimmy Butler a quitté Philadelphie à l’été 2019, sa réputation aux quatre coins de la ligue en avait pris un coup. Il venait d’évoluer pour trois clubs en trois ans et s’en magasinait un quatrième. À chaque destination, malgré son talent indéniable, on ne semblait pas trop pleurer son départ. Sans être qualifié de cas problème par ses entraîneurs précédents, disons qu’il ne semblait pas toujours trouver sa place au sein de ses coéquipiers. Plusieurs observateurs étaient donc perplexes quand le Heat a obtenu ses services, accompagné d’un contrat de 4 ans et 140 millions de dollars. Mais Pat Riley voyait en lui un guerrier et sentait qu’il allait pouvoir tirer ses jeunes coéquipiers floridiens vers le haut avec son approche intransigeante. Pour l’instant, il s’agit d’un pari très fructueux. Peut-être que ses acolytes des dernières années (Towns, Wiggins, Simmons, Embiid) n’avaient tout simplement pas la mentalité requise aux yeux de Jimmy. Ce dernier semble avoir trouvé chaussure à son pied à South Beach. Et son plus grand atout à mes yeux? Sa faculté de créer, tenter et (souvent) réussir les tirs importants en fin de match. C’est le genre de joueur qu’il manquait aux Raptors, et à bien d’autres clubs, lors des séries actuelles. Un cas qui me fait un peu penser à...
Playoff Rondo : un phénomène réel
Quand Rajon Rondo a débarqué à Hollywood en 2018, j’étais dubitatif. Il rejoignait sa sixième équipe en six ans et ses meilleures années semblaient loin dans le rétroviseur. John Calipari, son entraîneur universitaire à Kentucky, avait déjà dit de Rajon qu’il avait été le joueur le plus difficile et frustrant à diriger en carrière. Pendant neuf saisons à Boston pour débuter sa carrière toutefois, il avait fait la pluie et le beau temps, remportant un titre et 11 rondes en séries. Mais quand le train a déraillé autour de 2015, la chute fut assez grisante. Tout le monde le critiquait et l’accueil qui lui était réservé était éphémère. Un peu comme Butler, Rondo semble avoir enfin trouvé des soldats dignes de ses services en James et Davis. Et l’homme des grandes occasions à Boston est de retour en force. Son QI de basket dépasse la moyenne, son impact comme réserviste est immédiat, sa confiance et son calme sont contagieux, son tir de l’extérieur est amélioré. Ne soyez pas surpris s’il termine plusieurs matchs sur le terrain durant la série. Et si sa présence fait basculer l’affrontement en faveur des hommes dorés.
Il n’a peur de rien
Si le Heat a la chance de se démarquer des Lakers d’une façon quelconque, c’est avec le punch offensif qui se trouve sur son banc. Et je ne fais pas référence ici aux vétérans Andre Iguodala ou Kelly Olynyk. Mais plutôt à une recrue qui a le visage d’un écolier et la mentalité d’un assassin. Tyler Herro. Ce dernier est considéré comme le vol du plus récent repêchage et une des révélations des deux derniers mois dans la bulle. Quand le Heat l’a cueilli au 13e rang en juin 2019, on croyait tous qu’il deviendrait un réserviste de qualité dans la ligue en tant que franc-tireur. On a depuis réalisé qu’il serait bien plus que ça. Il peut aussi créer son tir, attaquer le panier, finir dans le trafic. Et surtout, il n’a peur de rien ni de personne. Le meilleur exemple : sa performance de 37 points lors du quatrième duel contre les Celtics en finale de l’Est. Probablement la rencontre qui aura fait la différence dans la série. Il a toujours dit de lui-même : « I’m a bucket X. Bon, il s’agit d’une expression qui se traduirait mal mot pour mot (« Je suis un panier »). Résumons simplement en disant que Herro a la confiance/arrogance d’inscrire deux ou trois points à chaque fois qu’il touche au ballon. C’est d’ailleurs un talent qu’il devra mettre très souvent à profit du Heat si Miami veut causer la surprise.
Une prédiction à saveur de Mamba
Et c’est justement sur cette note que cet avant-goût de la finale tire à sa fin. Le Heat peut-il vraiment causer la surprise? Ou les Lakers sont-ils trop forts cette année?
Je n’adore pas faire des prédictions du genre, mais je vais me lancer. Je crois que le trophée retournera à Los Angeles après une absence de dix ans. En six matchs. James et Davis jouent trop bien, leur défensive est à point, et le personnel de soutien accepte son rôle à 100%. De plus, les joueurs parlent ouvertement de l’inspiration qu’ils soutirent à l’idée de remporter ce titre en hommage au défunt Kobe Bryant, huit mois seulement après son décès. Les similarités avec 2009 sont d’ailleurs difficiles à ignorer. Les Lakers avaient alors fini premiers dans l’Ouest. Avaient battus Houston au deuxième tour et Denver au troisième. Puis avaient remporté le titre à Orlando. Vous voyez la symétrie?
Loin de moi de penser que le sort du Heat est cloué d’avance ou influencé par des notions un peu floues comme le karma. Mais disons que tout ça est dur à nier.
Sur ce, je vous souhaite une superbe finale en notre compagnie. Et je vous remercie d’avance pour votre présence et votre confiance tout au long de cette longue saison.