Transactions : la folie furieuse à Cleveland
NBA vendredi, 9 févr. 2018. 09:28 jeudi, 12 déc. 2024. 09:40En temps normal, le jour de la date limite des échanges dans la NBA est digne de mention, mais rarement spectaculaire. Les équipes de tête aiment bien se doter d’un joueur de soutien additionnel pour le dernier droit de la saison, mais n’arriveront presque jamais à mettre la main sur un joueur d’impact. Les vedettes deviennent généralement disponibles à l’été seulement. Il est alors un peu plus facile de remanier son club selon les joueurs autonomes et la marge de manœuvre variable de chaque club en lien avec le plafond salarial.
Ce qui nous amène à ce 8 février 2018, où un seul club s’est approprié toutes les manchettes sportives de la journée : les Cavaliers de Cleveland. Les champions en titre de l’Association Est se sont ainsi débarrassés de rien de moins que de six joueurs, faisant l’acquisition de quatre nouveaux morceaux en retour. Personnellement, je suis un peu estomaqué. Les rumeurs d’échange à leur sujet étaient nombreuses depuis quelques jours. Mais je ne m‘imaginais jamais qu’ils oseraient mettre la dynamite en la demeure de la façon qu’ils l’ont fait. Récapitulons leur journée folle si vous le voulez bien :
*Ils ont envoyé Isaiah Thomas, Channing Frye et un choix de premier tour aux Lakers de Los Angeles contre Jordan Clarkson et Larry Nance Jr.
*Ils ont échangé Jae Crowder et Derrick Rose au Jazz (Rose sera immédiatement libéré), ainsi qu’Iman Shumpert aux Kings de Sacramento, en retour de Rodney Hood et George Hill.
*Ils ont permis à Dwyane Wade de retourner à Miami pour y terminer sa carrière en retour d’un choix conditionnel de deuxième tour.
Un peu étourdissant, n’est-ce pas? Un des rares joueurs ayant demeuré à Cleveland a envoyé le texto suivant à un journaliste d’ESPN cet après-midi : QUE VIENT-IL DE SE PASSER?!?
Et on peut le comprendre ce joueur, dont l’anonymat a été préservé. Quatre de leurs huit meilleurs marqueurs viennent de s’évaporer. L’entraîneur-chef Tyronn Lue doit essentiellement recommencer à zéro en matière de chimie et de rotation. Il possède moins de 30 matchs pour y arriver avant le début des séries. Il n’aura peut-être même pas 10 joueurs à sa disposition vendredi soir à Atlanta (dans l’attente du sang neuf). Ah oui… et saviez-vous que les Cavs avaient perdus 14 de leurs 22 plus récentes rencontres? Une des pires séquences de la carrière de LeBron James! Ils ont six matchs et demi de retard sur les Raptors de Toronto et 7,5 sur les Celtics de Boston. En fait, ils sont plus près de la 9e place dans l’Est que de la première. Avouez que vous ne l’aviez pas vu venir celle-là?
Comment expliquer la récente dégringolade? Voici la théorie excessivement honnête que leur directeur général Koby Altman a livrée aux journalistes cet après-midi :
LE SENTIMENT AU SEIN DE L’ORGANISATION C’EST QU’ON MARCHAIT LENTEMENT MAIS SUREMENT VERS NOTRE PROPRE MORT. IL FALLAIT À TOUT PRIX CHANGER LA CULTURE NÉGATIVE QUI ÉTAIT EN TRAIN DE S’INSTALLER. JE NE VOULAIS ABSOLUMENT PAS VIVRE ÇA.
Encore une fois, on peut le comprendre. Les Cavs présentaient une des pires défensives du circuit et une chimie déficiente. Isaiah Thomas ne ressemblait en rien à la mégavedette qui a mené les Celtics au sommet de l’Est la saison dernière. Kevin Love était sévèrement et publiquement critiqué par ses propres coéquipiers avant de se blesser tout récemment. Les joueurs de soutien étaient (et sont encore) grassement payés pour une production minime. Et LeBron a beau être à son meilleur, l’incertitude entourant son avenir place un poids majeur sur les épaules d’un collectif déjà fragile.
Altman accepte maintenant de jouer gros en brassant presque toutes les cartes de son jeu et en pariant sur le fait que «différent et nouveau» signifie assurément meilleur. Entre vous et moi, rien n’est moins certain. Regardons la nouvelle rotation que Lue devrait déployer :
5 partants 2e unité
George Hill Jordan Clarkson
J.R. Smith Kyle Korver
Rodney Hood Jeff Green
LeBron Cedi Osman
Tristan Thompson Larry Nance Jr
(Sans oublier Kevin Love qui devrait revenir au jeu juste avant le début des séries)
Sur papier, je préfère légèrement la nouvelle équipe à l’ancienne. Ils ont fait l’acquisition d’un meneur de jeu plus classique et fiable ainsi que trois bonshommes dynamiques, tous âgés de 25 ans. Ils seront plus athlétiques et meilleurs défensivement. L’attaque sera un peu moins prolifique, mais là n’est pas leur problème cette saison. Lue préférerait sans doute remporter des matchs 100 à 98 que 140 à 138, comme ce fut le cas mercredi contre les Timberwolves du Minnesota.
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Alors bien que l’expérience en valait probablement la peine, et qu’ils ont aussi résisté à la tentation d’échanger leur autre choix de première ronde en 2018 (celui qui vient des Nets et qui sera dans le top-10), je ne les vois pas déloger les équipes qu’ils pourchassent au classement. Ils finiront probablement troisièmes et perdront l’avantage du terrain dès le deuxième tour. Incroyable, mais vrai, mon favori pour remporter l’Est en date d’aujourd’hui : les Raptors de Toronto. Ils sont plus stables que les Cavs et plus expérimentés que les Celtics. Leur équipe présente le plus de profondeur du lot. Ils sont d’une régularité impressionnante, n’ayant pas subi plus de deux défaites d’affilée cette saison. Ils sont intraitables à domicile. Et ils sont affamés. Le mouvement « We The North » a repris un momentum puissant et inespéré cette saison. Moi qui croyait que le destin était joué d’avance dans l’Est, surtout suite à la blessure de Gordon Hayward. Clairement, je m’étais trompé.
Conclusion en rafale
*Je comprends pourquoi les Pistons de Detroit ont décidé de rouler les dés en faisant l’acquisition de Blake Griffin la semaine dernière. C’est une star établie qui donne un souffle d’énergie nouvelle à un groupe de partisans longtemps désabusé. Mais son récent contrat de 5 ans/171 millions de dollars risque de revenir les hanter quand on se remémore ses problèmes de santé récurrents. Chapeau aux Clippers de Los Angeles d’avoir (enfin) eu le courage de repartir à zéro avec un noyau qui n’allait nulle part.
*Comme ce fut dommage de voir Kristaps Porzingis tomber au combat cette semaine. Ligament déchiré au genou et saison terminée. Dans le meilleur des mondes, il serait prêt à revenir en début de la saison prochaine. Mais c’est loin d’être certain. Le géant letton de 22 ans avait pourtant fait un pas de géant vers l’avant cette saison, redonnant espoir aux fervents new-yorkais. Ceux-ci doivent maintenant se rappeler qu’ils n’allaient rien gagner cette année de toute façon et que la priorité demeure de trouver du renfort très bientôt pour Porzingis.
*Y’a pas juste à Cleveland où on se questionne. Même les champions en titre s’arrachent quelques cheveux du côté de Golden State. Des défaites plutôt sévères subies à Utah, à Denver et contre OKC depuis dix jours ont porté Steve Kerr à déclarer : « La pause du match d’étoiles nous fera le plus grand bien. Je sens que mes joueurs sont cuits mentalement et auront besoin de cette trêve pour recharger la batterie. »
Kerr est un maître dans la gestion des attentes et je demeure relativement confiant qu’il saura éviter une longue léthargie. Mais Golden State a déjà perdu presque autant de matchs que la saison dernière et leur cas mérite d’être supervisé avec intérêt présentement.