PARIS, France - L'Euro en hiver? La saison de la Ligue féminine de novembre à avril ? La croissance continue de la WNBA bouscule le basketball européen, notamment en France, l'obligeant à envisager une refonte des calendriers des sélections et des championnats.

Aux côtés de Dominique Malonga, qui devrait figurer dans les tout premiers choix du repêchage dans la nuit de lundi à mardi à New York, un record d'au moins sept joueuses françaises internationales devraient participer à la saison 2025 de la ligue américaine qui débutera le 16 mai.

Elle ne se mettra pas sur pause pendant le championnat d'Europe (18-29 juin dans quatre pays), ce qui donne des cheveux blancs au sélectionneur de l'équipe de France Jean-Aimé Toupane, qui ne sait pas quand il pourra compter sur ses « Américaines » avant le début de la compétition. 

Ces conflits de calendriers ne vont pas aller en s'améliorant: de 13 équipes cette saison (une de plus qu'en 2024), la WNBA passera à 15 en 2026 (dont Toronto, première franchise canadienne) et 16 en 2028 au plus tard.

Plus de franchises donc mécaniquement plus de joueuses au sein d'une ligue de plus en plus en riche avec l'entrée en vigueur, à partir de 2026, d'un contrat record de droits télévisés: au moins 2,2 milliards de dollars sur 11 ans.

Réunion le 18 mai

La WNBA, menée par le phénomène Caitlin Clark, est en pleine croissance (+170% d'audiences sur ESPN, +48% de spectateurs dans les amphithéâtres, +100% de revenus billetterie pour le Liberty de New York), et la grille de salaires devrait augmenter en conséquence dans la prochaine convention collective, qui doit entrer en vigueur en 2026.

Dès lors, sur le modèle de la NBA, les franchises disposeront certainement de plus d'arguments pour demander aux joueuses de rogner sur le temps passé en sélections. D'autant plus que, différence majeure par rapport aux hommes, l'Euro se dispute pendant la saison WNBA, et tous les deux ans.

La Fiba, la Fédération internationale, doit-elle dès lors envisager de décaler l'Euro (et/où de l'organiser tous les quatre ans) pour pouvoir continuer à compter sur les meilleures joueuses ? 

« Cela va rentrer immanquablement dans la discussion », a déclaré à l'AFP Alain Contensoux, directeur technique national, qui étend le sujet au Mondial, qui débutait en 2022 pendant les séries de la WNBA.

Il participera le 18 mai à une réunion sur les calendriers en Suisse au siège de la Fiba. Selon lui, alliée à la NBA pour son projet de ligue en Europe, la fédération internationale peut peser auprès de la WNBA pour protéger les équipes et les ligues nationales.

Alternatives à l'Europe

Ces dernières sont les plus menacées, et notamment celles dont, comme la France, la saison s'étend d'octobre à mi-mai.

« On va avoir un vrai enjeu au niveau du calendrier. On sent bien que la saison WNBA va être de plus en plus longue et impacter les joueuses françaises et étrangères. Il va falloir l'intégrer pour rester attractif », reconnaît Carole Force, présidente de la Ligue féminine, déjà touchée par un exode de joueuses françaises et étrangères.

La première division française semble condamnée à devoir réduire le nombre de clubs (12 actuellement) et/ou à compacter sa saison, comme en Turquie, dont la saison se finit mi-avril pour permettre ensuite aux meilleures joueuses de rejoindre les Etats-Unis.

Autrement, ces dernières n'accepteraient pas de venir. Fenerbahçe, équipe la plus riche d'Europe, a déjà dû attendre janvier pour pouvoir compter sur l'Allemande Nyara Sabally, qui se reposait après avoir enchaîné les Jeux olympiques et la saison WNBA.