MONTRÉAL – Le décor n’était pas aussi enchanteur que rêvé, mais rien ne pouvait empêcher Kim Clavel de vivre son moment.

Sous un ciel gris qui cachait les étoiles et un temps rappelant l’automne, elle a franchi le dernier obstacle qui la sépare d’un combat de championnat du monde en battant Maria Soledad Vargas par décision unanime, samedi soir au Stade IGA, en finale d’un gala de Groupe Yvon Michel.

Les trois juges ont remis des cartes de 99-91, 99-91 et 98-92 en faveur de Clavel (14-0), qui s’empare ainsi de la ceinture d’argent des poids mi-mouches du WBC et qui consolide sa place en tant que première aspirante au titre présentement détenu par la Mexicaine Yesenia Gomez.

Autant les premiers rounds ont donné droit à de furieux échanges, autant la Québécoise a trouvé ses repères à partir du troisième round pour ne plus jamais regarder derrière par la suite.

« Après le premier round, je me suis dit : "ouf! On est dans un vrai combat. Ça va être dur. Je vais devoir m’ajuster, je vais devoir utiliser mes jambes et je vais devoir utiliser ma force de frappe", a lancé Clavel en conférence de presse après sa victoire, sa 14e en autant de combats.

« Ma force de frappe a été vraiment efficace parce qu’on a réussi à la ralentir un peu, beaucoup à la fin. Et ce qui m’a beaucoup surpris, c’est que je n’ai pas été fatiguée du combat. J’avais de l’énergie. Entre les rounds, je ne respirais même pas. J’avais juste hâte que la cloche sonne!

« On n’a pas tourné de coin rond à l’entraînement et on a vu tout le fruit de nos efforts ce soir! »

« Kim avait un gros défi devant elle, son adversaire était dans le top du top », a continué son entraîneuse Danielle Bouchard. « Après trois rounds, je pensais que j’étais dans la m**** », a immédiatement lâché le promoteur Yvon Michel! » « Mais encore une fois, de round en round, Kim était meilleure, toujours plus à l’aise, plus efficace, et ça, c’était vraiment exceptionnel.

« Tout ce que Kim a travaillé ce soir, on l’a vu avec nos yeux d’entraîneurs et c’est ce qui fait le succès de Kim aujourd’hui. Je suis extrêmement fière. Je suis [généralement] sévère, mais je lui donne un A+. J’attendais un championnat du monde pour le faire, mais elle le mérite ce soir. »

Les coups de Clavel ont alors commencé à faire reculer Vargas (15-4-1), qui s’est également mise à rater la cible de plus en plus régulièrement. La favorite de la foule s’est assurée de ne lui laisser aucune marge de manœuvre en mettant une prestation constante sans s’offrir de repos.

« Après le troisième round, Stéphan [Larouche] m’a dit qu’il avait senti une baisse de régime [de la part de Vargas], mais on se garde toujours une marge de manœuvre, car les Mexicaines n’abandonnent jamais, a rappelé Bouchard. Il fallait se méfier, car les Mexicaines arrivent au neuvième round, au dixième, et peuvent nous sortir une droite. La sienne était très pesante.

« Il n’y avait pas de chances à prendre. En boxe féminine, c’est difficile d’épuiser les adversaires. Elles sont prêtes, elles ont la même préparation. Elles peuvent gagner et on ne sait jamais ce qui peut arriver dans les derniers rounds. C’était très important qu’on se concentre sur la défense. »

« Je pense que Kim l’a cassé mentalement, a conclu le promoteur Yvon Michel. Après le cinquième round, Vargas n’avait plus le même enthousiasme. On sentait qu’elle y croyait de moins en moins. Chose certaine, une étoile est née dans l’industrie de la boxe québécoise! »

Une guerre pour Zewski

 

Passé chez les super-mi-moyens, gageons que Mikael Zewski aurait préféré s’offrir des débuts un peu plus pénards dans sa nouvelle catégorie, d’autant plus qu’il revenait d’une dure défaite.

 

Le boxeur de Trois-Rivières a livré une véritable guerre de tranchées à Dilan Loza avant de l’emporter par décision unanime (78-73, 78-74 et 77-74), dans un combat qui n’est pas sans rappeler celui très sanglant qu’il avait disputé contre Jose de Jesus Macias en février 2018.

 

Zewski remporte par décision unanime face à Loza

Zewski (35-2) a notamment été ébranlé au huitième et dernier round après avoir été atteint par une main arrière de Loza (15-5-1), mais il jure qu’il n’a jamais senti qu’il pouvait être en danger.

 

« Je n’ai pas eu tant de difficulté à récupérer, a déclaré Zewski. Je me concentrais vraiment sur le moment présent et comme j’avais beaucoup travaillé sur ma défense à l’entraînement, j’étais en confiance. Je voyais très bien ses coups venir. Ils n’étaient pas particulièrement puissants. »

 

À vrai dire, Zewski juge qu’il a connu une bonne entrée en matière chez les 154 livres, lui qui évoluait précédemment chez les 147. Il prévoit toujours disputer son prochain duel en octobre.

 

« Je ne m’attendais pas à livrer une guerre, mais avec la foule, je n’ai pas pu résister, a ajouté le pugiliste âgé de 32 ans. Contre des adversaires qui ne sont pas nécessairement de mon calibre, j’ai la fâcheuse tendance de m’abaisser à leur niveau. Cela dit, je suis content. Mes coups sortaient bien et j’aurais simplement dû en lancer plus. Je veux trop le coup qui est parfait. »