MONTRÉAL – Depuis plusieurs décennies, les meilleurs espoirs de la boxe amateur québécoise attendaient souvent jusqu’à la mi-vingtaine avant de passer chez les professionnels, histoire de remporter quelques championnats canadiens et peut-être prendre part aux Jeux olympiques.

Des athlètes comme Jean-François Bergeron, Benoît Gaudet, Jean Pascal et Simon Kean pour ne nommer que ceux-là ont ainsi pu acquérir un solide bagage d’expérience sur la scène amateur internationale avant de tenter de faire carrière dans l’univers impitoyable de la boxe professionnelle.

Si seulement quelques surdoués comme Arturo Gatti et David Lemieux effectuaient le grand saut presque immédiatement après avoir atteint leur majorité, il pourrait bien être de plus en plus nombreux à les imiter, précisément comme ce sera le cas de Lexson Mathieu samedi soir.

Champion juvénile en 2015 et double champion junior en 2016 et 2017, Mathieu aurait très bien pu ajouter un titre chez les seniors en 2018, n’eût été une vilaine coupure à l’arcade sourcilière de l’œil droit subie à la suite d’un coup de tête en demi-finale du tournoi des poids mi-lourds.

Mais même si énormément d’observateurs croyaient qu’il aurait alors eu une chance légitime de se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo en 2020, l’athlète de Charlesbourg avait déjà déterminé depuis très longtemps qu’il ne tarderait pas avant de passer dans les rangs payants.

« Il y a plusieurs facteurs [qui ont motivé] ma décision, mais c’est beaucoup en raison du côté sombre de la boxe : la corruption, a avoué Mathieu à RDS.ca à la veille de son premier duel qu’il disputera contre le Mexicain Edgar Santoyo (2-1-2, 1 K.-O.) à une limite négociée de 170 livres.

« Ça ne me donnait pas le goût de m’investir là-dedans et de perdre des années de travail, d’entraînement et de concentration pour aller me faire voler en finale des Jeux olympiques parce qu’on sait déjà qui va gagner d’avance. Je voulais passer pro et vivre de beaux moments. »

Considéré comme le plus bel espoir provenant de la région de Québec depuis Pier-Olivier Côté, Mathieu a signé un contrat de deux ans assorti d’un minimum de dix combats avec Eye of the Tiger Management en novembre dernier. Il entend pleinement profiter de ses premières sorties pour effectuer tranquillement, mais sûrement la transition de boxeur amateur à professionnel.

« Je veux vraiment faire de mon mieux et impressionner le plus de gens possible, a précisé le jeune homme âgé de 19 ans entraîné par François Duguay. À plus long terme, je ne veux pas seulement devenir champion du monde, mais faire le plus de grandes choses possibles. Je veux unifier des titres et faire le plus de choses pour laisser une trace de mon passage dans la boxe. »

Mathieu Germain et Steve ClaggettGermain se dénude pour respecter la limite

Le Montréalais Mathieu Germain a dû retirer ses sous-vêtements, mais il a finalement été en mesure de respecter la limite de 140 livres en vue de son combat d’unification des ceintures nord-américaines et internationale des super-légers de l’IBF contre l’Albertain Steve Claggett.

Germain (16-0, 8 K.-O.) a fait osciller le pèse-personne à 140 lb après une première tentative au-dessus de la limite permise, tandis que Claggett (27-5-1, 17 K.-O.) a affiché un poids de 139,8 lb.

Visiblement très inspiré par son entourage qui scandait son surnom de « G-Time », Germain a donné quelques coups sur sa poitrine, ce qui a semblé assez amuser son adversaire, qui avait battu Yves Ulysse fils par décision partagée des juges à la surprise générale en octobre 2017.

Claggett : un bon test pour Germain