Qui est vraiment Bernard Hopkins?

C’est un immortel de la boxe.

C’est une légende vivante.

C’est un phénomène de la nature.

C’est un recordman qui mérite toute l’attention qu’on lui donne aujourd’hui.

Voici un très court résumé de son histoire.

À 13 ans, il a été poignardé trois fois. À 18 ans, membre d’un gang de rue, il était condamné à 18 ans de prison pour neuf crimes majeurs.  Pendant son incarcération, il a vu un autre prisonnier se faire tuer pour un simple paquet de cigarettes qu’il ne voulait pas céder. C’est à partir de ce moment qu’il s’est dit : « Cette vie-là, ce ne n’est pas pour moi! »   

À partir de ce jour, Hopkins est devenu un prisonnier modèle et a commencé à faire de la boxe pour passer le temps.

Quand il a quitté la prison de Graterford, après une incarcération de cinq ans, le garde- portier lui a lancé comme cela : « À la prochaine, quand tu vas revenir… » 

Du tac au tac, Hopkins lui a répondu : « Tu ne me reverras jamais la face ici, crois-moi! »

Et il a tenu parole. Il est devenu un citoyen honorable et jamais plus il n’a été en difficulté avec la loi.

Aujourd’hui, ses prouesses sur le ring sont connues du monde entier. Il est devenu une idole auprès des amateurs du noble art, il a établi toutes sortes de records, y compris celui d’avoir éclipsé l’ancienne marque de George Foreman comme le plus vieux champion mondial.

Sa carrière s’échelonne sur presque 29 ans. Au cours de cette période, il a été quadruple champion des poids moyens et monarque des mi-lourds.

Il présente un record de 24-5-2, 2NC en match de championnat mondial. Il a été choisi le boxeur de l’année par l’Association des chroniqueurs de boxe en 2001. Il a battu la marque de Carlos Monzon, en étant le champion ayant défendu sa couronne des poids moyens le plus souvent. Il a été le plus vieux boxeur à coiffer la couronne des poids moyens (40 ans, 6 mois et 1 jour), surpassant ainsi Sugar Ray Robinson.

Il a été le plus vieux boxeur à gagner un championnat (48 ans, 1 mois et 22 jours). 

Son record

Il a surpassé ce record quand il a battu Jean Pascal pour ainsi s’assurer du titre WBC des mi-lourds, le 11 mai 2011. Et en 2013, il a récidivé à nouveau en battant Tavoris Cloud, pour gagner ainsi le titre IBF des mi-lourds alors qu’il avait 48 ans et 53 jours.

S’il fallait que je vous rappelle tous ses exploits, il me faudrait au moins trois ou quatre fois l’espace que j’ai pour cette chronique. Donc il me faut y aller avec ce qui va se passer ce samedi au Forum d’Inglewood, en Californie, alors que monsieur Hopkins va livrer son dernier combat en carrière contre un certain Joe Smith.

Mais est-ce vraiment la dernière fois que Bernard Hopkins monte sur un ring? Je ne suis pas si sûr que cela. Souvent, celui qu’on appelle maintenant l’Exécuteur a le don de nous faire des surprises.

À quelle sorte de combat devons-nous nous attendre? Il est difficile de prédire quoi que ce soir lorsqu’un pugiliste a 51 ans, presque 52. Une chose dont je suis certain, c’est que Hopkins va arriver en grande forme comme il l’a toujours été. C’est un malade de l’entraînement et il ne manque jamais d’y aller jour après jour.

S’il a accepté de livrer bataille à Smith, c’est qu’il croit réellement qu’il peut mettre un terme à sa longue carrière avec une victoire.

Une défaite en partant

Son premier combat juste après sa sortie de prison en 1988 a été contre un certain Clinton Mitchell. Il avait perdu par décision majoritaire en quatre rounds, et il pesait à ce moment 177 livres.

Pas moins de 26 ans plus tard, à son dernier combat le 8 novembre 2014, il perdait la décision cette fois contre Sergey Kovalev et son poids était de 173,5 livres, une différence de 3,5 livres. Cela vous donne une idée de son comportement. C’est assez pour faire décourager certaines gens qui tentent diète par-dessus diète et ne parviennent pas à maigrir.

Aujourd’hui, Bernard Hopkins est un homme riche. Il est un partenaire minoritaire dans Golden Boy Promotions avec son ami Oscar De La Hoya et mène une vie très rangée.

Face à un rival dont il est assez vieux pour être le père, quelle sorte de combat va nous servir Hopkins?

Je sais qu’il va essayer de gagner. C’est sa marque de commerce. Il va commencer en lion.

Il a même dit publiquement : « Je vais livrer une si bonne performance que les gens vont vouloir me revoir sur le ring. Vous verrez! »

Là, je ne suis pas d’accord. Hopkins est loin d’être un boxeur spectaculaire. Plusieurs de ses combats ont été teintés de prises de lutte ou presque.

À 51 ans, il n’y a pas de chance à prendre. L’énergie peut lâcher à tout moment. Le jubilé n’a pas boxé depuis plus de deux ans. Hopkins en est conscient.

Pas de K.-O.

Je doute que Joe Smith soit en mesure de lui passer le K.-O.. Jamais personne n’y est parvenu dans les 64 combats qu’il a livrés en carrière.

En Joe Smith, Hopkins ne s’attaque pas au plus grand champion du monde entier. Loin de là. C’est vrai que Smith a gagné ses 16 derniers combats, mais à l’exception de sa victoire surprise par K.-O. technique/1 sur Andrzej Fonfara, il n’a pas battu de boxeur de qualité.

« Je veux finir ce que Sergey Kovalev a commencé, a tenu à préciser Smith lors d’une conférence de presse. J’aimerais le vaincre par K.-O. et je vais tout faire pour réussir. »

De belles paroles. Mais de la parole au geste, il y a une limite. En somme, ce que devrait faire Smith, c’est de tenter de fatiguer son rival en l’obligeant à faire des rondes épuisantes. Tenter de le bousculer, de l’amener dans les câbles. Mais Hopkins est un vieux routier. Il connaît tous les trucs du métier et est lui-même un peu salaud sur les bords.

Smith a besoin d’une victoire historique sur Hopkins pour assurer son avenir. Pour le moment, il travaille dans la construction à Long Island et est présentement en congé. Mais il n’a pas donné sa démission. S’il gagne, pas de problème. S’il perd, on ramène le pic et la pelle.

Smith n’en revient pas d’avoir été choisi pour le combat d’adieu de L’extra-terrestre.  Imaginez… Smith n’était même pas né quand Hopkins a commencé à boxer.

Beaucoup de respect

« Je le respecte beaucoup, de poursuivre l’invité du gala. Je ne peux m’imaginer qu’il est encore actif aujourd’hui à 51 ans. Il a l’air si jeune. Je sais qu’il va tout faire pour mettre un terme à mon succès, donc il faut absolument que je sorte victorieux. C’est mon gagne-pain qui en dépend. »

Disons que sur le plan de la boxe, Smith n’a pas d’affaire sur le même ring que Hopkins. La seule raison pour laquelle il est là, c’est pour livrer un bon combat et il est capable de le faire, mais comme boxeur, il n’est pas dans la même classe que l’Extra-terrestre. Mais sait-on jamais? Smith a causé toute une surprise en passant le K.-O. à Fonfara. Pourrait-il en faire autant contre le rusé Hopkins? J’en doute. Si des champions tels Felix Trinidad, Oscar De La Hoya, Antonio Tarver, Jermaine Taylor, Joe Calzaghe, Kelly Pavlik , Roy Jones et Sergey Kovalev n’ont pas réussi, Smith ne devrait pas faire mieux.

MON CHOIX : Hopkins par décision

Ne manquez pas Usyk

Dès 22 h samedi soir, installez-vous confortablement dans votre lazy boy avec votre breuvage préféré, syntonisez RDS2 et laissez-nous vous divertir avec notre gala de boxe qui vous parviendra en direct du Forum d’Inglewood, en Californie.

Soyez là dès le début. Il y a trois combats à  l’affiche. Outre l’affrontement entre Bernard Hopkins et Joe Smith, il y a celui qui met aux prises Oleksandr Usyk contre Thabiso Mchunu.

Celui-là, vous ne voulez pas le manquer pour tout l’or du monde. Ce Usyk est ce même type qui a déjà battu Artur Beterbiev par deux fois chez les amateurs et il en sera à sa première présence aux États-Unis.

Il n’a que 10 combats professionnels à sa fiche, mais plus de 300 chez les amateurs. Il est champion WBO des lourds-légers depuis septembre après avoir battu Krzysztof Glowacki par décision. Pour sa première américaine, il se mesure au Sud-Africain Thabiso « The Rock » Mchunu (17-2-0- 11 K.-O.). C’est un gaucher qui en sera à son quatrième duel aux États-Unis. Ses deux défaites sont le résultat de K.-O. dans son pays natal.

Pas de vedette

À sa fiche, on ne retrouve aucun boxeur de la classe élite, sauf peut-être Eddie Chambers qui, sans être la crème de la crème, jouit d’une certaine réputation.

En août 2013, Mchunu a  battu Chambers par décision unanime au Mohegan Sun Casino, d’Uncasville, au Connecticut.

Par contre, Mchunu semble être en mesure de faire des rounds dans un combat. Cinq fois en carrière, il a dépassé dix rounds et il a atteint la limite aux États-Unis à ses trois sorties.

Ses autres victimes sont pratiquement tous de purs inconnus en sol américain.

Usyk a l’intention de conquérir le marché américain. Une chose est certaine : il a le style pour se faire des admirateurs. Il mesure 6’3", boxe gaucher et a réussi 9 K.-O. en 10 triomphes. Seul Glowacki est parvenu à faire douze rounds contre lui. Les autres victimes ont tous abdiqué avant le neuvième round.

Je doute qu’un jour, on puisse voir à l’œuvre Artur Beterbiev contre Usyk. Ce dernier a l’intention de graduer chez les lourds tandis que Beterbiev est un mi-lourd. Mais sait-on jamais?

Usyk est ce même boxeur qui a remporté la médaille d’or pour l’Ukraine, tout comme Vasyl Lomachenko lors des Jeux olympiques de Londres en 2012. Il a gradué en culture physique.

Il a signé un contrat professionnel avec K2, la compagnie des frères Klitschko. Il avait alors 26 ans.

Son rêve

Le rêve d’Usyk, c’est de devenir une grande vedette au pays de l’Oncle Sam.

« J’aimerais bien réunir quelques titres », se plaît-il à raconter. Parmi ses cibles de choix, on retrouve les champions Tony Bellew (EBC), Denis Lebedev et Beibut Shumenov (WBA) et Lebedev (IBF).

Selon les connaisseurs, Usyk n’aurait aucune difficulté à vaincre tous ces rivaux de marque, surtout à cause de sa force de frappe. Il a aussi un très bon menton et parfois il s’en sert comme appât. C’est le genre de boxeur capable de prendre un coup solide sachant que sa riposte sera encore plus percutante.

Usyk se donne jusqu’en 2018 pour devenir champion mondial des poids lourds. 

« C’est un rêve que je caresse depuis ma plus tendre enfance », ajoute-t-il.

Lorsqu’on lui a demandé s’il avait l’intention de se battre jusqu’à 51 ans, Usyk a répondu : « J’espère juste être encore en vie et en bonne santé à 51 ans. Mais ce n’est pas dans mes plans de boxer à cet âge. »

MON CHOIX : Usyk par K.-O./5

Bonne boxe!