Fini le temps des compromis
Boxe mercredi, 23 mai 2018. 16:36 jeudi, 12 déc. 2024. 00:24QUÉBEC – Pour la deuxième fois depuis qu’il est brièvement devenu champion du monde des poids moyens de l’IBF à la suite de sa victoire sur Hassan N’Dam à l’été 2015, David Lemieux entreprend un nouveau cycle afin de retourner au sommet de la pyramide de sa catégorie.
Lemieux (38-4, 33 K.-O.) disputera un premier duel depuis qu’il s’est incliné devant le détenteur de la ceinture de la WBO Billy Joe Saunders en décembre dernier à Laval, alors qu’il se mesurera à Karim Achour en finale d’un gala d’Eye of the Tiger Management tenu samedi soir à Québec.
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Mais après 42 combats et 169 rounds disputés en l’espace de 11 années, il est à se demander pour combien temps encore l’athlète âgé de 29 ans se dédira encore corps et âme au sport.
« Mes meilleures années sont encore à venir, a répondu Lemieux à RDS.ca mercredi avant-midi lorsque questionné à ce sujet. J’en ai encore pour six, sept ou huit ans dans le monde de la boxe professionnelle. Je veux toujours affronter les plus gros noms et j’ai l’intention de les battre. »
« David est un boxeur populaire qui plaît beaucoup aux partisans et aux réseaux de télévision. Il est comme un chat qui possède neuf vies, a ajouté son entraîneur Marc Ramsay. On ne sent pas de pression ou de menace [qui plane au-dessus de sa tête]. Il veut toujours offrir la meilleure performance possible pour forcer les choses et surtout s’assurer de retourner au sommet. »
« Nous évoluons dans le monde du sport professionnel, alors il faut livrer la marchandise, a continué son promoteur Camille Estephan. [Les décideurs] sont de bonnes personnes qui aiment beaucoup David, mais il est évident qu’il ne peut pas échapper son combat de samedi soir. »
Même si le clan québécois a énormément vanté les mérites d’Achour (26-4-3, 4 K.-O.), il ne faut pas être un grand génie pour comprendre que ce choc a pour but de permettre à Lemieux de retrouver le chemin de la victoire et tester une mécanique qui a été mise à mal dans le passé.
Car pour la première fois depuis des lustres, on a assuré que le cogneur sera au sommet de sa forme. Le scénario catastrophe d’une opération à une épaule a été évité et une injection de cortisone a été privilégiée. Si tout se déroule bien, l’automne pourrait s’annoncer très chargé.
« À court terme, mon objectif est de bien paraître, d’être dominant et de demeurer en santé, a expliqué Lemieux. Ensuite, c’est évident que je vise des gars comme Saul ‘’Canelo’’ Alvarez. »
« Avec n’importe quel boxeur, c’est très rare que je passe à travers un camp d’entraînement très exigeant de huit à dix semaines sans le moindre pépin. Avec David, c’est ce que nous venons de vivre pour une rare fois, s’est réjoui Ramsay. Avant, nous étions toujours dans une zone grise. »
« Les dirigeants de HBO sont intéressés à David comme toujours, a assuré Estephan. Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais d’après ce que j’ai compris ils ont un plan très agressif pour l’automne. J’ai une très bonne relation avec eux, mais je suis ouvert à la bonne business avec quiconque. Ma mission est de m’assurer que mes boxeurs ont des carrières avec du succès. »
Mais qui dit cycle, dit également hauts et bas. Et les bas de Lemieux ont été particulièrement douloureux, alors que plusieurs observateurs en sont venus à la conclusion que malgré tout son talent, il n’a malheureusement pas ce qu’il faut pour rivaliser avec la crème lorsqu’il s’y frotte.
Pendant son combat contre Gennady Golovkin en octobre 2015 à New York, Lemieux n’avait pas gagné un round avant d’être vaincu par arrêt de l’arbitre au 8e assaut. Et face à Saunders en décembre dernier à Laval, il a touché la cible moins de 20 pour cent du temps, alors que son taux de réussite avait été légèrement supérieur à 30 pour cent lors de ses 5 sorties précédentes.
« Une défaite, c’est une grosse chose, mais ce n’est pas la fin du monde. Ça fait partie de la boxe. Contre des adversaires comme Golovkin, il faut absolument que tu sois au sommet de ta forme pour les battre, a dit Lemieux. Quand j’ai affronté Golovkin, il était à son peak, alors que moi, je montais. Quand je vais me rebattre contre Golovkin, c’est moi qui serai à mon apogée. »
« En début de carrière, on est souvent obligé de forcer les choses. Le sommet de l’industrie, c’est un train qui passe rapidement et si tu le manques, bien souvent, il ne repasse pas, a précisé Ramsay. On a avancé dans des situations et des environnements qui n’étaient pas faciles, mais David n’aura plus à revivre ça. Son nom est établi, il a un peu plus d’espace par rapport à ça. »
« Les gens n’ont pas été impressionnés à son dernier combat contre Saunders – et je leur accorde, – mais on voit beaucoup d’amélioration dans sa boxe, a juré Estephan. C’est même la première fois [depuis très longtemps] que je ne suis pas du tout inquiet avant un combat. »
Il y aura évidemment toujours de la place pour de puissants cogneurs comme Lemieux, mais à compter de maintenant, il est décidé qu’il ne fera plus jamais de compromis pour la conserver.